Les visites officielles se résument souvent à des balais protocolaires où les grands de ce monde échangent de courtoises paroles. Tel n’était pas le cas, de fait, de la rencontre organisée, ce mardi 7 juillet 2015, entre les deux Présidents Denis Sassou Nguesso et François Hollande. Signe de la qualité de l’échange et de la densité des discussions engagées, les photos diffusées par l’Elysée trahissent une véritable réunion de travail.
Alors même que le calendrier européen était particulièrement chargé, référendum grec oblige, et que les concertations franco-allemandes battaient leur plein, François Hollande et Denis Sassou Nguesso devaient nécessairement se rencontrer pour coordonner leur action sur les deux chantiers prioritaires du moment : la résolution de la crise en Centrafrique et la préparation de la conférence mondiale sur le réchauffement climatique qui aura lieu à Paris, à la fin de l’année.
Paix en Centrafrique et Mobilisation pour le Climat
Le communiqué de l’Elysée est particulièrement disert sur ces deux points :”Ils ont évoqué le processus de sortie de crise en République centrafricaine, pour se féliciter des progrès importants réalisés dans la sécurisation du pays et la réconciliation nationale. Les deux Présidents sont convenus qu’il convenait désormais d’assurer la pleine mobilisation de la communauté internationale pour apporter un soutien renforcé au processus électoral et permettre la tenue du scrutin présidentiel aux dates prévues.
François Hollande a salué la mobilisation de la République du Congo en faveur du succès de la Conférence de Paris sur le climat. Il a confirmé au Président congolais que l’Afrique, continent le plus exposé aux changements climatiques, devait bénéficier d’une attention particulière dans le cadre des négociations en cours pour parvenir à un accord global à Paris.”
La recherche du consensus
Les observateurs attentifs noteront également que la Présidence française évoque, en termes nouveaux, la perspective d’une possible évolution constitutionnelle congolaise. Loin de proscrire, comme François Hollande avait pu le laisser entendre par le passé, toute évolution institutionnelle en Afrique, l’Elysée se contente de rappeler qu’une modification constitutionnelle, quelle qu’elle soit, doit se faire dans le consensus, affirmant : “son attachement aux principes de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de l’Union Africaine, qui supposent que les réformes constitutionnelles soient fondées sur un consensus.”
De nombreux observateurs y verront probablement une victoire pour la diplomatie congolaise, à supposer que le sujet eût été conflictuel auparavant. C’est probablement plutôt une victoire du bon sens. Chaque peuple est maître de son destin et les très larges consultations qui ont précédé le dialogue national qui s’ouvrira dans quelques jours ont montré que la réflexion sur l’adaptation des institutions congolaises n’était pas hors de propos. Denis Sassou Nguesso, à sa sortie de l’Elysée, a également affiché sa volonté d’un dialogue national ouvert débouchant sur des solutions consensuelles…
Oubliées les tensions qui avaient accompagné l’élection de l’Haïtienne Michaelle Jean au Secrétariat général de la Francophonie. L’axe Paris-Brazzaville est aujourd’hui plus que jamais solide, assis sur des fondements intangibles : l’avenir de l’Afrique et l’avenir des relations entre Europe et Afrique passent d’abord et avant tout par la préservation de la paix sur le continent.