Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Déficit d’eau dans la retenue de Selingué: les nouvelles consignes de gestion

Au regard de la situation hydrologique critique, voire exceptionnelle, découlant de la faible pluviométrie, les membres de la Commission de gestion des eaux de la retenue de Selingué et du barrage de Markala (CGSEM) ont tenu, jeudi dernier, à Sélingué leur réunion ordinaire. Objectif : trouver les voies et moyens nécessaires afin de gérer le peu d’eau disponible dans la retenue d’eau de Selingué jusqu’à l’hivernage prochain.

La mise en œuvre des recommandations de la dernière réunion, le suivi de la gestion des eaux des barrages de Selingué et Markala, à travers la validation des courbes de gestion, étaient les principaux points de l’ordre du jour.
Placée sous l’égide du directeur national de l’hydraulique (DNH), Yaya Boubacar, non moins président de la Commission, la rencontre a enregistré la présence de plusieurs responsables et représentants de services et structures concernés par la gestion des eaux des deux ouvrages (EDM, Office du Niger, Office riz Ségou, et Mopti, etc.).

Situation hydrologique critique
Il ressort de la présentation faite par Ibrahima SIDIBE, hydrologue à la DNH, que l’année 2017-2018 a été marquée par une situation hydrologique critique, voire exceptionnelle. Cela, a-t-il noté, va engendrer un étiage précoce et sévère des cours d’eau qui s’explique par des facteurs naturels et anthropique. Les répercussions sont énormes, multiples et complexes d’ordre : sociale, économique, écologique, etc., a-t-il soutenu.
Pour M SIDIBE, il convient d’expliquer aux populations les causes, afin de trouver des mesures d’atténuation aux conséquences de ces phénomènes et mettre en œuvre un système de gestion rationnelle et coordonnée des crises d’eau actuelle et future.
Selon M SIDIBE, la situation hydrologique du 22 Janvier 2018 du Bassin du Niger se caractérise par la poursuite de la baisse de niveau sur l’ensemble des cours d’eau.
À la date indiquée, les hauteurs moyennes journalières sont inférieures à celles des 3 dernières années à la même période sur tous les cours d’eau ; et aussi inférieures à celles d’une année moyenne (1981-2010).
En effet, a-t-il révélé, à la date du 22 janvier, le niveau d’eau observé à la station de Koulikoro était de 25 cm, soit un débit de 84 m3/s ou un volume journalier de 7 257 600 m3, contre 194 m3/s ou un volume journalier de 16 761 600 m3 en 2017.
À confluence du Bani sur le Niger à Mopti, la côte observée le 22 janvier 2018, était de 110 cm pour un débit de 103 m3/s pour un volume journalier de 8 889 200 m3, contre 270 m3/s ; soit un volume journalier 23 328 000 m3 en 2017 à la même date. L’écart est de moins 75 cm par rapport à 2017.
À son avis, cette situation pourrait provoquer des désagréments plus critiques sur le fleuve Niger et ses affluents suite au déficit important constaté sur les apports dans le haut bassin.
Quant au directeur national de l’hydraulique, il a fait savoir que dans le cadre de la gestion efficace des eaux de surface, il a été mis en place la Commission de la gestion des eaux de la retenue de Sélingué et du barrage de Markala, chargée de l’arbitrage entre les différents usagers.
Selon Yaya Boubacar, la Commission se réunit de façon mensuelle. Mais cette année a été caractérisée par une pluviométrie inégalement répartie dans le temps et dans l’espace. Les pluies sont à la base des écoulements de la crue des fleuves. Certes, le Mali a amorcé une pluviométrie précoce, aux mois de fin mai juin 2017, mais déjà dans la 2e décade du mois d’août 2017, il a été constaté que les pluies ont beaucoup diminué. Et depuis septembre déjà, il a été constaté une décrue précoce au niveau du fleuve Niger. Ce qui, a-t-il déploré, n’a pas permis réellement de faire de bonnes récoltes en l’occurrence au niveau des paysans présents dans l’office du Niger.
Voilà pourquoi, les membres de la Commission se retrouvent de façon périodique, notamment chaque 15 jours pour trouver les voies et moyens nécessaires afin de gérer le peu d’eau disponible dans la retenue de Selingué jusqu’à l’hivernage prochain.

Les mesures alternatives
La délocalisation de la réunion sur le site du barrage à Selingué vise à ce que les uns et les autres puissent constater le faible niveau d’eau de la retenue et de permettre d’apporter ces informations auprès des usagers pour leur savoir que cette année, il n’a pas beaucoup plu et le fleuve n’a pas été bien rempli. Par conséquent, un certain nombre de pratiques, telles que les cultures de contre-saison, notamment celle du riz, ne sont pas faisables.
Par ailleurs, a noté le DNH, un autre phénomène, non le moindre constaté dans le lit du fleuve même, est la pratique de l’orpaillage, à travers le dragage qui dégage des sédiments très importants qui comblent le lit du fleuve. Pis, souvent le peu d’eau qui existe a des difficultés pour s’effrayer un chemin pour continuer en aval.
Des recommandations ont été formulées à l’adresse de tous les acteurs concernés : la société EDM en ce qui concerne le respect des cotes ; les offices qui doivent faire comprendre aux différents usagers, notamment les paysans que cette année, il n’y a pas assez d’eau dans le fleuve, par contre s’ils procèdent à la pratique de la culture de contre saison du riz, ils ont très peu de chance de faire des récoltes satisfaisantes.
À travers une simulation dans son plan de gestion de la retenue de Selingué au titre de l’année 2018, présentée par le chef de centrale EDM de Selingué, la Commission a validé les courbes de gestion (quantité d’eau à faire passer) et des consignes fermes ont été données à l’EDM SA en charge de la gestion de la retenue de Selingué.
Pour lui, le respect de ces courbes convenues permettra de gérer le peu d’eau d’ici le prochain hivernage afin de satisfaire les besoins de l’ensemble des usages, à savoir : la production d’électricité, l’aménagement hydraulique, l’alimentation en eau potable.
Situé à environ 140 km de Bamako, le barrage de Sélingué (nom du village qui l’abrite) est l’un des plus importants barrages hydroélectriques du Mali, bâti sur le Sankarani, un des affluents du fleuve Niger. Le barrage hydroélectrique de Sélingué est composé de 4 turbines, d’une capacité de 44 MW, à raison de 11 MW chacune.
Il a pour vocation première la fourniture de l’électricité sur le réseau interconnecté en liaison avec Manantali et joue un rôle important dans l’agriculture et la pêche dans la douzaine de localités qu’il dessert au Mali.
En effet, la retenue d’eau en amont du barrage forme un lac d’environ 25 km². Cette réserve d’eau, qui permet le fonctionnement de l’ouvrage en toute saison, peut être menacée de débordement pendant l’hivernage lorsque les eaux de pluie viennent s’accumuler dans la retenue. Du coup, la pression peut devenir si forte qu’elle peut entraîner la destruction de l’installation. C’est pourquoi la Société Énergie du Mali, afin de désengorger le cumul d’eau, procède durant la saison des pluies, d’août à octobre, à des lâchers d’eau par l’ouverture des vannes du barrage.
Le lâcher d’eau est décidé en fonction des apports pluviométriques, sous la direction de la Commission de gestion de la retenue de Selingué et du barrage de Markala.
La visite du barrage permet de couper court aux fausses allégations faisant croire que l’eau est refusée aux braves paysans de l’Office du Niger pour satisfaire les besoins en électricité des Bamakois.

Par Sékou CAMARA

 

Source: info-matin

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance