Tous les aspects de la vie de la nation et même des sujets à caractère purement local ont été abordés au cours de l’exercice qui est une disposition constitutionnelle
Trois jours après sa présentation à l’Assemblée nationale, le texte de la Déclaration de politique générale du Premier ministre Modibo Keita a été examiné hier par les députés. Cet exercice qui s’impose à tout chef de gouvernement se passe cette fois dans un contexte de sortie de crise multidimensionnelle où les attentes sont toujours fortes, et où le temps n’est pas le meilleur allié. La hiérarchisation des priorités s’impose donc.
La Déclaration de politique générale du gouvernement est bâtie sur de grands axes comme la sécurité des personnes et la protection de leurs biens dans un environnement de paix, l’amélioration les conditions de vie des populations et la promotion de la justice et l’équité.
Devant les députés, le Premier ministre a indiqué que le socle sur lequel se fonde la DPG demeure le projet de société édicté par le président de la République, en ce qui concerne le développement économique, social et culturel de notre pays ainsi que le Programme d’actions du gouvernement 2013-2018.
Prévue pour débuter à midi, les contraintes du direct à la télévision nationale ont retardé l’ouverture des débats qui ont finalement démarré à 13 heures. Dès l’entame, la longueur des interventions était rigoureusement chronométrée par le président de l’Assemblée nationale qui assurait la police des questions/réponses.
Issiaka Sidibé planta le décor par le rappel des dispositions réglementaires en la matière avant de préciser le temps de parole des différents groupes parlementaires.
Devant le Premier ministre et de la quasi-totalité de son gouvernement, les députés de la majorité ont d’entrée de jeu loué les efforts du gouvernement de Modibo Keïta, avant de le rassurer de leur soutien total.
Ils ont cependant invité le gouvernement à accorder une attention particulière à la sécurité des personnes et de leurs biens. En effet, des élus ont relevé que la recrudescence de la violence malgré l’Accord de paix, impose un redéploiement des forces de sécurité dans des endroits stratégiques encore oubliés dans le dispositif actuel. Aussi, ont-ils insisté sur la préservation de l’environnement et de la qualité des intrants vendus à nos paysans (en référence à la polémique actuellement en cours sur la qualité des engrais) qui ont par ailleurs besoin de plus de périmètres aménagés.
L’école, éternel sujet sensible, n’a évidemment pas été oubliée. Certains parlementaires ont parlé de l’absence de l’école dans la Région de Kidal depuis plusieurs années ou de la mendicité des enfants, ou encore du système de santé où il y a beaucoup de choses à revoir.
Des plaidoyers nourris ont été faits pour l’emploi des jeunes, l’entreprenariat et surtout en faveur de la moralisation du système judiciaire. L’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation nationale est revenu fréquemment dans les débats. Dans l’ensemble, les députés de la mouvance présidentielle ont fait part de leur adhésion au texte de la déclaration de politique gouvernementale.
AVEC UNE FORTE CONVICTION. L’appréciation est toute autre pour les députés de l’opposition qui ont mis en cause la qualité du document et la pertinence des actions à entreprendre. Ainsi, l’honorable Soumaïla Cissé, le patron de URD nommé mercredi par le président de la République comme chef de file de l’opposition, a trouvé que le document manque de « précision ». Il pense que le Premier ministre ne s’engage pas véritablement et qu’il s’agit plutôt d’une « flambée de fond qui donne une impression d’impression « .
Après une première série d’interventions des députés, le Premier ministre a défendu sa politique générale avec forte conviction. Modibo Keïta a indiqué que toutes les questions et inquiétudes soulevées concourent à la recherche des voies et moyens pour mieux faire. Avant de répondre aux questions, le chef du gouvernement a présenté aux députés, l’attestation de réussite décernée la semaine dernière par la FAO à notre pays pour avoir accepté d’accorder 15% du budget d’Etat au financement de l’agriculture. Il convient de préciser que cette distinction récompense notre pays pour avoir atteint les Objectifs du millénaire pour le développement, notamment l’objectif 1C qui recommande de « réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim et de l’extrême pauvreté d’ici à 2015 ».
Ensuite, sujet par sujet Modibo Keita n’a rien occulté. Qu’il s’agisse de l’assurance maladie obligatoire, de la mendicité des enfants ou encore de la situation socio-économique du pays et surtout du Septentrion, le chef du gouvernement a assuré aux députés que des actions vigoureuses sont en cours pour soulager les populations.
S’agissant de la sécurité, il a promis de tout mettre en oeuvre pour assurer la quiétude de nos compatriotes. La santé compte aussi beaucoup pour lui. Déjà 12% du budget d’Etat est consacré à ce secteur qui connaît aujourd’hui un réaménagement important aboutissant au changement de statut de plusieurs structures de santé.
Répondant à une question sur le niveau des salaires des fonctionnaires au Mali, le Premier ministre a indiqué que le gouvernement est en train d’étudier la question pour un meilleur être des travailleurs de l’Etat. La transition était toute trouvée pour évoquer la question du plan de carrière des fonctionnaires. A ce sujet, il assure que justice sera faite.
Pour le cas spécifique des contractuels de l’Etat, le chef du gouvernement promet un examen rapide du dossier, mais précise que la réflexion sera faite à la lumière des dispositions réglementaires.
Parlant de l’éducation, Modibo Keïta dit vouloir promouvoir un système éducatif en phase avec le marché du travail. Le secteur privé se soumettra à certaines règles, avertit le chef du gouvernement. A Kidal où les conditions de sécurité ne permettent pas certaines actions, la règle d’or reste l’engagement de tous et à tous les niveaux.
Objet de beaucoup de critique, la justice doit être à équidistance de tous les citoyens, a-t-il indiqué. Le gouvernement en est conscient et travaille à traiter le mal à la racine, en améliorant notamment la qualité des ressources humaines. Idem en ce qui concerne la corruption et la délinquance financière qui sera combattu avec détermination.
Au sujet des infrastructures, le Premier ministre a annoncé que des actions énergiques sont en cours en la matière. Il n’a pas occulté le drame de la émigration clandestine avec ce qui se passe aujourd’hui en mer Méditerranée. La cause de cette situation est la pauvreté, expliqué Modibo Keita qui reconnaît qu’il appartient au gouvernement de créer les conditions de pour inciter les jeunes à rester travailler au pays.
La gestion des questions domaniales avec la spéculation foncière, la situation des femmes avec son corollaire de difficultés connaîtront un meilleur sort. Les marchés céréaliers, en cette veille du Ramadan sont bien approvisionnés.
Autant de sources d’espoir que le Premier ministre entendait partager avec les parlementaires. Après cette première série de questions-réponses, les débats se sont poursuivis jusque tard dans la soirée. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.
A. M. CISSE
source : L ‘ Essor