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Nara : LA VIE (PENIBLE) SANS ELECTRICITE

La fourniture du courant a été arrêtée à cause d’une crise de trésorerie provoquée par les impayés des factures accumulés par les services publics

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Depuis lundi, la société nationale d’électricité, Energie du Mali (EDM.SA), applique un programme de coupures de courant pour ses abonnés. Des coupures imposées, explique-t-elle, par des travaux majeurs d’urgence effectués sur un des groupes de la centrale du barrage de Manantali. Ces délestages angoissent évidemment les usagers du réseau électrique interconnecté en cette période de grande canicule. Mais ceux-ci peuvent s’estimer « heureux » en comparaison avec les habitants de la ville de Nara qui broient du noir (sans faux jeu de mot).
Cette ville est, en effet, actuellement sevrée de l’électricité que doit lui fournir l’Amader (Agence malienne de développement de l’énergie domestique et de l’électrification rurale) à partir de groupes électrogènes. Mais depuis une dizaine de jours, ces groupes sont en arrêt total. La cause ? L’Etat n’arrive plus à payer les factures des services publics. Par contre, assure un responsable de l’Amader, les 330 abonnés de la ville sont, eux, à jour.
Selon notre interlocuteur, c’est le gouvernorat de la Région de Koulikoro dont relève le cercle de Nara qui prend en charge les factures des services publics. Mais l’administration régionale n’arriverait plus à régler ces factures depuis plusieurs mois. Et le manque à gagner est énorme à l’échelle de l’Amader à Nara : plus de 10 millions de Fcfa de déficit.
Auparavant, le gouvernorat de la Région de Koulikoro payait les factures des services publics tous les trois mois. Cette fois, le paiement accuse un plus grand retard, plongeant la petite exploitation d’électricité dans une crise de trésorerie et la privant de ressources financières pour alimenter les groupes en carburant.
L’Amader dépenserait un minimum de 162 000 Fcfa par jour pour servir de l’électricité aux habitants de Nara de 18 heures à 1 heure du matin, soit 7 heures de service par jour. «  Du reste, nous produisons en pure perte », confie un technicien au chômage technique depuis l’arrêt de la production d’électricité.
Quelles que soient les raisons de la rupture de la fourniture du courant, les abonnés domestiques sont aujourd’hui en colère. « Il n’est pas normal que la fourniture du courant s’arrête parce que certains clients n’ont pas payé leurs factures. Fussent-ils des services publics ! », s’insurge un chef de famille, préconisant purement et simplement de débrancher les mauvais payeurs du réseau.
Les habitants de la ville relèvent que l’interruption de la fourniture d’électricité est surtout très malvenue en cette période d’insécurité dans les régions sahéliennes. Ils font remarquer que, située à quelques 50 km de la frontière avec la Mauritanie, la localité est le dernier grand verrou sécuritaire avant d’arriver à Kati.
« Sans lumière, Nara meurt la nuit. Personne n’ose mettre le nez dehors une fois la nuit tombée», constate un agent de sécurité rencontré à un poste de contrôle à l’entrée de la ville.
En plus du manque d’électricité, Nara est très difficile d’accès. « Vous avez vous-mêmes vu l’état désastreux de la route », interpelle un commerçant. Pourtant, le visiteur qui arrive pour la première fois à Nara est surpris par les jolies maisons construites récemment dans la ville. De nouveaux bâtiments généralement édifiés par les ressortissants de la zone qui sont nombreux à l’étranger. C’est d’ailleurs dans ces bâtiments que les délégations officielles en mission prennent leurs quartiers, car il faut le préciser, il n’y a pas d’hôtel à Nara. Mais cela est une autre histoire…
A. M. CISSE

source : L ‘ Essor

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