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Décès d’Aboubacar Kissa dit Cubain du Super Biton : La fin d’une légende

Des 17 membres du Super Biton de Ségou, il ne reste plus que Mama Cissoko, guitariste, chef d’orchestre et Modibo Diarra dit Bébel, pianiste. Aboubacar Kissa dit Cubain, leader vocal, l’auteur compositeur et l’arrangeur du groupe, a tiré sa révérence le lundi dernier suite à une maladie à l’hôpital du point G.

Aboubacar Kissa a été porté en terre lundi dernier, dans sa ville natale de Sinzani, non loin de Ségou. Cinquante ans après sa création, le Super Biton a su préserver l’image d’un orchestre prestigieux, synonyme de fête réussie. Cependant, l’histoire qui se cache derrière ce succès est assez longue.

Dans un entretien accordé à un confrère étranger, le chef d’orchestre Mama Cissoko et guitariste dans le groupe, explique que le Super Biton est né de la fusion de plusieurs orchestres régionaux au milieu des années 60. « Le Super Biton de Ségou s’est fait connaître du grand public malien lors des Semaines de la Jeunesse, où il a raflé plusieurs prix de 1964 à 1968 », explique-t-il.

Sa reconnaissance nationale arrive en 1970, pendant la première biennale culturelle instaurée par Moussa Traoré. L’orchestre régional Biton – qui n’est pas encore “Super”, épate toute la jeunesse malienne avec ses cuivres soyeux, la finesse de ses guitares, sa basse rugissante, les envolées lyriques de ses chanteurs et sa couleur résolument moderne.

Plus de 20 ans après la fin des biennales artistiques et culturelles au Mali, le Super Biton de Ségou, a toujours été reconnu comme l’un des meilleurs orchestres du Mali depuis les années 1970. Cela, grâce à son talent tant au niveau vocal qu’au niveau technique. Aujourd’hui, l’orchestre continue de faire la fierté de la ville et procure aux Ségoviens une fierté.

A l’époque, la mission du groupe, l’orchestre régional de Ségou, était de mettre en valeur le patrimoine culturel de la région. Ce, en faisant en sorte que chaque ethnie, chaque génération puisse trouver ses goûts dans leur répertoire. C’est d’ailleurs ce qui a fait leur succès au Mali.

On retrouvait facilement dans les chansons des proverbes, morales qui incitent la jeunesse malienne à travailler, à faire preuve de courage et de bravoure. Les thèmes des chansons du Super Biton sont issus du terroir de Ségou.

La plupart des succès de l’orchestre sont directement issus du terroir de Ségou. Les musiciens se rendaient en brousse et enregistraient avec des magnétocassettes les voix des vieilles femmes, les chants de cérémonies de mariage, de circoncision. De cette collecte, l’orchestre a tiré certains de ses plus grands succès, comme Siséni.

Après avoir été vainqueur de la biennale culturelle 4 ans successivement, au moment où il se croyait arriver au sommet au point de mériter la même place que le Bademba national, en allant animer les réceptions officielles au Palais de Koulouba, le cauchemar de l’orchestre commença avec une succession d’évènements malheureux. D’abord un arrêt des tournées occasionné par le changement de régime en 1991.

A l’époque, le président Alpha Oumar Konaré a dit aux musiciens de se prendre en charge, ainsi les Biennales ont cessé. Ensuite le décret qui faisait des musiciens des fonctionnaires de l’Etat à vie dans les années 1976, restait introuvable. S’en est suivi le décès de plusieurs membres du groupe. Le groupe se mit en pause et ses membres débutaient ainsi leur carrière solo.

En 2001, le groupe se reconstitue avec de nouveaux recrus pour exploser au festival sur le fleuve Niger, où il était désormais incontournable car il assurait l’animation de la soirée d’ouverture afin de conserver son titre de meilleur orchestre du Mali.

Avec la disparition de Cubain, c’est vraiment un des trois derniers pans qui disparaît, après, Percé, Toussaint, et bien d’autres.

 

Aminata Agaly Yattara

Source: Mali Tribune

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