Quatre ans après sa mise en place, les premiers « résultats » de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation(CVJR) se font toujours attendre. Si elle prépare ses premières auditions, censées leur permettre d’exprimer leurs attentes en matière de justice et de réparations, le processus semble long pour les victimes, dont certaines s’impatientent.
« Ce que nous déplorons, c’est qu’aucune victime n’ait encore obtenu réparation jusqu’à présent », regrette le Président de la Coordination nationale des associations de victimes (CNAV), Mody Samba Touré, dont l’organisation « réclame les droits des victimes de 2012 ».
Malgré un « accord de partenariat » et des cadres de concertation qui permettent aux victimes de s’exprimer, M. Touré estime que leur absence dans l’organigramme de la CVJR est une insuffisance qui empêche d’obtenir plus de résultats.
Démarrées en janvier 2017, les dépositions des victimes et des témoins se poursuivent et s’élevaient à 10 223 à la date du 19 novembre 2018, selon M. Issa Kéïta, membre de la sous-commission Recherche de la vérité à la CVJR. Il explique la longueur du processus par le « mandat, large, de la CVJR, chargée d’enquêter sur les violations de droit commises de 1960 à 2013 ».
Cette phase de prise de dépositions doit être complétée par une distinction entre le statut des déposants ainsi qu’un point sur leurs attentes en matière de réparations. La commission doit aussi mener des enquêtes sur les « cas emblématiques ayant un caractère représentatif », selon M. Kéïta. Mais avant l’ultime étape de la réparation, il y aura aussi des audiences publiques, pour « corroborer les informations recueillies », mais surtout la préparation d’une politique de réparations, « actuellement en cours », et pour laquelle la CVJR rédigera un projet de loi.
Si les premières audiences, initialement prévues fin décembre 2018, se tiendront probablement en début d’année prochaine, la CVJR affirme prendre en compte les attentes des victimes, avec lesquelles elle « travaille étroitement ». Une centaine bénéficie d’une prise en charge sanitaire après référencement par l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (ANAM).
Malgré certains acquis, comme l’étude sur les causes profondes de la crise depuis 1960, la CVJR doit encore relever des défis. Parmi lesquels l’insécurité grandissante dans les régions, Mopti notamment, qui ralentit le déplacement des victimes vers ses antennes. D’où l’existence d’équipes mobiles pour les rencontrer et l’existence de partenariats pour faciliter les déplacements.
La CVJR espère aussi pouvoir se rendre auprès des victimes qui, en raison de la crise, se sont installées hors du pays et ont également besoin d’être entendues.