Lundi dernier, Cristiano Ronaldo a été détrôné en tant que Ballon d’Or. Après deux années de règne absolu, le Portugais a vu son ancien coéquipier au Real Madrid, Luka Modric, lui passer devant et s’accaparer la prestigieuse couronne. De nombreuses explications peuvent être avancées au fait que l’ancien Merengue n’est officiellement plus le numéro 1. Mais, ce qui est certain, c’est que ce n’est pas à cause de ses premiers mois à la Juventus, le club qu’il a rejoint l’été dernier. Car ceux-ci ont été parfaitement conformes aux attentes. Dans le Piémont, CR7 a prouvé que le changement de pays et de championnat n’ont en rien altéré sa faim légendaire, et encore moins sa rentabilité.
Il y a bien eu une période d’adaptation au début, une série de matches où le Lusitanien a eu besoin de trouver ses marques et surtout de régler sa mire. Mais, elle n’a duré qu’une poignée de matches et la nouvelle star bianconera a retrouvé la lumière très vite, rassurant par la même occasion les tifosi turinois concernant ses aptitudes physiques et aussi sa capacité à sortir du lot dans le Calcio, de la même façon qu’il l’avait fait en Liga ou en Premier League auparavant.
Il est redevenu la machine à buts qu’on connait
Les chiffres sont là pour témoigner de l’intégration réussie de Ronaldo à sa nouvelle équipe. Entre les matches de championnat et de la Ligue des Champions, il a disputé 18 parties et durant ces matches, il s’est montré décisif à 17 reprises (11 buts et 6 passes décisives). De plus, sur les matches qu’il a joués dans leur intégralité, il n’y en a que trois où il n’a réalisé aucun geste décisif. Cela ne dit bien sûr pas tout de son rendement, mais cela situe déjà le poids qu’il a au sein de la formation turinoise. En Italie, aucun joueur n’a d’ailleurs été impliqué dans autant de buts que lui depuis son arrivée. Et ça vaut pour les statistiques qui concernent uniquement les compétitions domestiques (14), ou celles qui impliquent la Ligue des Champions (18).
Qualifier les premiers pas de Ronaldo de l’autre côté des Alpes de parfaits ne serait pas vraiment exagéré. Car au-delà de l’efficacité qu’il continue d’afficher aux avant-postes, il a réussi à se faire accepter très vite par le vestiaire et y faire ensuite l’unanimité. On peut supposer que c’est facile, mais ce n’est jamais le cas pour un joueur de cette stature. A Turin, tout le monde est d’accord sur le fait que Ronaldo a eu le comportement idoine dès qu’il a débarqué au Juventus Center. En octobre dernier, Allegri soulignait : “Il est très calme et travaille. Il a été très humble et a apporté encore plus de concentration et de sens des responsabilités à l’équipe”.
Son attitude et son humilité ont séduit le vestiaire
En faisant les efforts nécessaires pour être avant tout accepté et estimé par ses coéquipiers, Ronaldo a eu tout bon. Et son choix de rester à Turin pendant les différentes trêves internationales afin de poursuivre le travail et parfaire sa connaissance des caractéristiques locales a aussi contribué à ce qu’il retrouve l’éclat qu’on lui connait. Mais, est-ce si étonnant de la part d’un élément dont le professionnalisme et la rigueur ont toujours été les principales qualités. Durant toute sa carrière, le Portugais n’a jamais rien laissé au hasard. Et ce n’est pas à 33 ans, à une période où chaque détail de préparation individuelle compte, qu’il allait délaisser les bonnes habitudes.
La mi-saison n’est pas encore arrivée, mais il ne fait désormais aucun doute que Ronaldo est un joueur très important de la Juventus. La question est de savoir s’il est déjà LE plus important. En d’autres termes, est-ce que sa présence est indispensable au bon rendement de sa formation ? Théoriquement, il n’existe d’autres façons de répondre que de constater le visage affiché par l’équipe en son absence. Et, jusqu’ici, le seul match que le quintuple Ballon d’Or a manqué, à savoir le duel face à Young Boys, la Vieille Dame l’a emporté avec conviction. Il serait donc tentant de répondre par la négative à cette interrogation.
Sans lui, la Juve est limitée offensivement
Mais, le football n’est pas aussi simple et d’autres paramètres entrent en ligne de compte lorsqu’on juge de l’impact d’un joueur sur une équipe. Il y a les buts, sur lesquels il est presque inutile de revenir alors que Ronaldo pèse sur la moitié d’entre eux (impliqué dans 18 des 39 réalisations des siens), mais il y a aussi ce qu’il dégage et la manière dont il inspire l’équipe. Et à ce titre, l’unanimité est aussi de mise. “C’est un joueur clé et un grand plus pour nous”, avait confié Miralem Pjanic, tandis que Giorgio Chiellini a insisté sur le fait que Ronaldo “pousse chacun de ses partenaires à s’améliorer”.
Il y a aussi l’aspect tactique à prendre en compte, et là il ne serait pas ridicule de se demander si la Juve possède aujourd’hui un attaquant aussi efficace et capable à la fois de finir les actions et aussi de participer à la construction du jeu. Dans le système en 4-4-2 qu’Allegri a le plus souvent utilisé cette saison, c’est l’Argentin Paulo Dybala qui est souvent associé au Portugais. “La Joya” est un élément de talent, capable de jolis faits d’armes, mais il n’est pas certain qu’il puisse supporter la pression d’être l’attaquant numéro 1 de l’équipe. Du moins, pas encore. Et sur le banc, il n’y a aucune option de rechange qui saute aux yeux. D’aucuns mentionneraient Mario Mandzukic, sauf que le Croate n’a presque plus occupé l’axe depuis deux ans. Il est surtout utilisé sur les côtés, et son rôle dans la récupération est devenu trop important pour le remettre en position plus avancée et axiale.
Logiquement, c’est à l’aune des trophées conquis et du bilan chiffré en fin de saison qu’il convient de porter un jugement concret et définitif sur la force d’une équipe et la comparer avec ce qu’elle faisait avant. L’effectif de la Juventus n’ayant quasiment pas bougé lors de la précédente intersaison, ça serait une bonne astuce pour évaluer l’apport de Ronaldo sur cette équipe. L’échéance n’étant pas pour tout de suite, il faudra donc s’armer de patience pour les observateurs. D’ici là, il n’est pas interdit de considérer que Ronaldo fait beaucoup de bien à la Vieille Dame. Ou simplement de se délecter devant ses accomplissements sans chercher à faire la moindre déduction.
Source: Goal