Avec comme thème : « Crise au centre du Mali, analyse et position », Housseini Amion Guindo était, ce mardi 22 décembre, l’invité d’Aliber conseil, un cabinet conseil présent en France ; au Mali ; Sénégal ; aux Comores. Tenu à Azalai hôtel Salam Bamako à la faveur d’une conférence de presse, l’évènement a été saisi par le président du parti CODEM et de la Plateforme Espérance nouvelle-JIGIYA Kura pour proposer des pistes de solution.
« Il faut compter sur soi-même, qu’on sache ce qu’on veut et là où l’on va. L’Etat malien doit avoir une doctrine et une position claire lui permettant de connaitre ses ennemis. On ne sait même pas ce qu’on veut parfois », telle est l’analyse du conférencier sur la situation du pays. Tantôt nous prônons le dialogue, tantôt nous sommes contre, nous nous retrouvons parfois sur une voie, tantôt sur une autre pour la gestion de cette crise, a-t-il déploré. Il fallait juste attendre un moment pour ainsi s’exprimer sur la crise au centre du Mali (région de Mopti). « Et je me le permets aujourd’hui, car tôt ou tard, il fallait le faire. Nous (CODEM) avons toujours fait de notre mieux dans cette crise », explique le président de la Convergence pour le Développement du Mali (CODEM). La situation du pays est grave, puisque l’insécurité a atteint son paroxysme. Mais en tout état cause, dit-il, « je pense que le Mali doit renaitre, et ce Mali va renaitre. Mais nous pensons que le vivre ensemble doit être une priorité ».
Pour l’occasion, les pistes de solutions émanant du politicard se résument à cinq (5) points que sont : l’adoption d’un plan « Marshall » pour relever l’économie rurale ; l’intégration des différentes milices dans l’armée malienne ; décentraliser et créer les polices de proximité ; harmoniser la lutte contre le terrorisme avec les voisins et les partenaires du Mali ; définir une doctrine claire et précise en matière de défense et de sécurité par rapport aux partenaires bilatéraux et multilatéraux du pays. D’après lui, il est illusoire de penser que c’est par les armes qu’on va résoudre la crise. Il est, selon lui, aussi illusoire de penser que l’armée malienne, les préfets ou les sous-préfets seront les précurseurs pour ramener la paix ou la stabilité dans ces zones. « Nous pensons que la racine du problème est économique, il faut un plan audacieux pour aider à révéler l’économie dans ces zones », a-t-il dit, parlant du plan Marshall. Il trouve que c’est par un tel soutien que l’Etat va récupérer les jeunes chômeurs en se montrant « meilleur » aux terroristes. « Il faut, ajoutera-t-il, un grand plan d’investissement pour le développement des zones ».Si les DDR ne marchent pas, a-t-il énoncé, c’est parce qu’il y a manque de confiance. « Il faut travailler à intégrer et renforcer ces milices dans l’armée malienne, elles maitrisent mieux ces zones. Il faut créer des polices de proximité en utilisant les habitants desdites zones ».Pour la paix, l’ex-ministre estime qu’il faut l’harmonisation de la position malienne à celle des autres pays, et un plan sous régional de lutte contre le terrorisme avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux.
Selon l’invité du jour, la crise sécuritaire émane à la fois des causes lointaines et immédiates. Lointaine parce qu’elle résulte du manque de solutions données par l’Etat aux différends agraires nés entre agriculteurs et éleveurs dans certaines zones, voire des problèmes de ressources naturelles. Et immédiate parce le problème sécuritaire est dû à l’intrusion du terrorisme en 2012, a-t-il noté. À ces causes, dit-il, s’ajoutent la mauvaise gouvernance ; l’injustice sociale ; la défaillance et l’abandon des lieux par l’Etat…Autant de situations qui, selon lui, ont favorisé l’enlisement et la généralisation d’une insécurité qui s’est transportée du Nord au Centre avant d’atteindre tout le pays. « Puisqu’il n’y avait plus d’Etat et de militaires pour sécuriser, les milices conçues ont été alors accompagnées pour pallier les problèmes. Et souvent, ajoute le conférencier, sur la base des ethnies ».Pour l’invité, le terrorisme « n’a pas d’ethnie ».Il y a, selon lui, eu une instrumentalisation dans la situation au centre du Mali. « Il n’y a pas que des peulhs ou dogons au centre, réduire ce conflit à un conflit ethnique est une mauvaise compréhension de la chose, voire une stigmatisation qui n’est pas dans l’intérêt du Mali », a-t-il souligné.
Aussi appelé ‘’Poulo’’, M. Guindo trouve comme autre source d’insécurité : la défaillance de l’Etat à travers sa politique de décentralisation et de déconcentration. Et de préciser que les changements climatiques (insuffisance de pluie) et le chômage ont permis l’enrôlement des jeunes par des terroristes pour leurs dessins. « L’économie criminelle marche beaucoup dans le centre, elle se développe aujourd’hui dans le sud. Ces jeunes qui vivent en chômage sont faciles à enrôler dans le grand banditisme et le terrorisme », argue l’ex-député de Sikasso.
Mamadou Diarra
Source : LE PAYS