Après deux semaines d’échanges et de discussions avec les autorités du Mali, la mission du FMI était face à la presse le mercredi 19 mars 2014, à l’Hôtel des Finances pour faire le bilan de sa visite dans notre pays.
La rencontre était animée conjointement par Christian Josz, chef de mission et notre ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, qui avait à ses côtes son collègue chargé du Budget, Madani Touré.
Dans sa déclaration liminaire, Christian Josz a expliqué que les discussions avec Bamako avaient porté sur plusieurs points, notamment la première revue du Programme économique du gouvernement, appuyé par la Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI, la Loi des finances rectificative et les arriérés que l’Etat doit à certaines entreprises et vice versa.
De tous ces points, seul celui relatif au secteur de l’électricité n’a pas pu faire l’objet d’accord, aux dires du chef de mission. Pour faire face à la crise de trésorerie dans laquelle la société EDM-SA est plongée depuis des années, le FMI a en effet demandé des ajustements tarifaires pour résorber en partie le déficit de trésorerie que la société connait, avec un coût de production, faut-il le rappeler, plus élevé que le prix de vente du kilowatt.
«Si on analyse l’évolution des pertes dans le secteur, et surtout l’augmentation enregistrée au cours des dernières années, nous pouvons identifier tout ce qui pourrait être fait pour réduire les coûts au niveau des réformes au sein de la société. Il faut d’abord des projets de réalisation de nouveau barrages, pour la réduction du coût de production, et des ajustements tarifaires. Le coût de l’électricité est trop bas au Mali par rapport au coût de production et, pour réduire ce déficit, le gouvernement doit procéder à des ajustements tarifaires.
Le secteur de l’électricité est un secteur déficitaire depuis des années. Parce que les gouvernements précédents ont eu comme politique de maintenir le coût de l’électricité stable alors que les coûts de production augmentaient. Ce n’est pas la meilleure utilisation des ressources. Nous avons encouragé le gouvernement à faire face à cette situation. Il est important d’habituer le citoyen malien à des ajustements tarifaires. Nous n’exigeons pas que cela soit fait tout de suite, mais nous voulons des gestes forts de sa part. A ces ajustements est subordonné un appui budgétaire de 30 milliards de FCFA de la Banque Mondiale» a déclaré Christian Josz.
Si la situation du secteur énergie constitue le point sur lequel les autorités du Mali et le Fonds vont poursuivre les discussions, eu égard à la sensibilité du problème, des notes positives sont cependant à signaler, selon Christian Josz. A titre d’exemple, on peut noter le rebondissement de plusieurs secteurs, dont l’industrie manufacturière, et des services, qui ont atteint 6 et 9 % respectivement, grâce à l’amélioration de la situation de la sécurité, au succès de l’élection présidentielle et des législatives et la reprise du soutien des donateurs au Mali. Toutes choses qui démontrent, une fois de plus, que notre pays est sorti des lignes rouges en 2013.
Concernant la situation des arriérés, Mr Josz a noté avec satisfaction que l’Etat malien avait mis des moyens dans la Loi des finances rectificative 2014 pour payer ses arriérés, qui s’élèvent à 60 milliards de FCFA. Toutefois, a-t-il précisé, il est important que l’Etat élargisse la base taxable à des entreprises autres que les 400 grandes qui payent actuellement l’essentiel des impôts et taxes.
S’agissant de la lutte contre la corruption, il a salué les progrès enregistrés dans ce domaine, avant d’inviter les autorités à plus de communication pour faire connaître ses acquis. Tout en se félicitant de l’évaluation des partenaires, qui constitue, selon elle, des conseils pour le Mali, Mme Bouaré Fily Sissoko a déclaré que le gouvernement restait concentré sur ses objectifs de développement.
Yaya Samaké