Au lendemain de la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta, le constat est que tout ne tournait pas encore à la normale. La ville était paralysée comme si les Bamakois avaient du mal à sortir de la longue journée du mardi et de la tout aussi longue attente du dénouement au cours de la nuit.
Aussi, beaucoup avaient peur de mettre le nez dehors. Le traumatisme des événements de 2012, émaillés de violences et pillages, est encore vivace dans les esprits. Certains travailleurs ont fait le choix de rester à la maison. C’est le cas de Elhadj Touré qui dit être dans le scepticisme. Il décidé de rester chez lui. « Je ne savais pas trop ce qui se passait en ville. C’est pour cela que j’ai préféré rester à la maison », a-t-il confié. Fifi Tembely est également resté à la maison parce que les responsables de son service en ont décidé ainsi. « Nous avons été libérés depuis mardi matin jusqu’à nouvel ordre », a-t-elle affirmé. Mariam Sylla travaille dans une banque à l’ACI. Elle n’est pas sortie hier matin pour aller travailler. Elle dit être à l’écoute pour la suite de la situation.
Ils étaient nombreux aussi ceux qui ont tout de même bravé la peur pour se présenter au travail. Alima Kane et son amie Adjaratou Doumbia, toutes deux agents du Pari mutuel urbain (PMU-Mali), sont venues travailler.
Au niveau de la circulation routière, les mesures en vigueur sous l’ancien gouvernement ne semblaient plus respectées. Il était 8 heures sur la grande artère qui mène à Koulikoro. Cette route fait partie des axes à sens unique depuis juillet 2019, durant la matinée et l’après-midi, pour assurer la fluidité de la circulation aux heures de pointe. C’est une mesure qui consiste à faciliter et favoriser le déplacement à l’intérieur de la ville pendant des heures de pointe (7h à 9h et de 16h à 19h).
Hier, nombre des usagers de cette route ont eu la surprise de constater que la mesure n’était plus respectée. Le propriétaire d’une petite Toyota qui quittait une route adjacente pour prendre l’axe en question, a dû s’arrêter net. Visiblement, il était étonné par le fait que la circulation n’était pas comme à son habitude. Il n’y avait pas de sens unique. C’était plutôt un aller et retour. Même s’il n’y avait pas beaucoup de monde sur la route, des bouchons se formaient quelques fois.
Pourtant, des policiers étaient présents à certains carrefours mais ils ne semblaient pas vouloir imposer la mesure en vigueur. Il est vrai que les agents en faction n’étaient pas nombreux.
Autre constat de taille : les banques étaient fermées. Seuls les vigiles étaient postés devant les rideaux de fer soigneusement cadenassés. Certaines banques ont même envoyé des messages à leurs clients pour leur dire que les guichets seront fermés mais qu’ils peuvent cependant faire des opérations à travers les distributaires (GAB).
Thierno Coulibaly qui est le gérant d’une des banques, a expliqué que la consigne leur a été donnée de ne pas ouvrir leurs guichets jusqu’à nouvel ordre. Par contre, les GAB sont suffisamment alimentés pour permettre aux clients de faire des retraits.
Quant aux stations de carburant, seules les sociétés nationales étaient ouvertes. Beaucoup de points de vente des multinationales comme Shell et Total étaient fermés. Les petites stations ont donc profité de la situation. De longues files étaient visiblement devant certains petits points de vente.
Fatoumata NAPHO
Source : L’ESSOR