Amadou Toumani Touré dit ATT est rentré au Mali, ce dimanche 24 décembre, par les soins du président IBK qui lui en a fait cette demande de façon officielle. La population ivoirienne, dans sa grande composante, espère que le président Alassane Ouattara adopte cette attitude de décrispation en oeuvrant au retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.
Retour au pays, Laurent Gbagbo comme Amadou Toumani Touré (ATT) ?
Le président Ibrahim Boubacar Kéita a offert un grand cadeau de Noël à l’ex-président malien Amadou Toumani Touré en lui permettant de revenir au pays « avec tous les honneurs qui lui sont dus ». Renversé en 2012, à deux mois de la fin de son mandat par Amadou Haya Sanogo, ATT vivait jusque-là en exil à Dakar au Sénégal.
Aussi, dans le souci d’apaiser les tensions politiques dans un pays quasiment pris en otage par des terroristes, le président IBK a-t-il pris l’initiative de ramener son « grand frère » par un vol spécial de l’avion présidentiel. Le président malien lui a donc déroulé le tapis rouge et l’a totalement blanchi de l’accusation de « haute trahison » qui pesait contre lui.
Pour certains observateurs, le président IBK aurait des arrières pensées électoralistes en faisant revenir le général ATT. Mais pour Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, « le pays va très mal aujourd’hui et chaque Malien, où qu’il soit, doit pouvoir aider à sortir de cette crise ». L’ex-président malien pourrait donc contribuer, de par son expérience, à jouer ce rôle fédérateur, commentent certains analystes.
De même, nombreux sont les Ivoiriens qui veulent voir rentrer au bercail l’ex-président Laurent Gbagbo et son ancien ministre Charles Blé Goudé, dont le procès est pendant devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye. La présence de ces deux personnalités ivoiriennes loin du pays et aux mains de cette justice internationale qualifiée par certains d’impérialiste, ne favorise pas une véritable réconciliation en Côte d’Ivoire.
Les tensions sont encore perceptibles entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara. Ces deux camps s’étaient précédemment livré une bataille depuis septembre 2002, et qui a débouché sur une crise postélectorale en 2010-2011 ayant officiellement fait 3000 morts. Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous le pont, et les Ivoiriens dans leur grande majorité aspirent maintenant à un « vivre ensemble » harmonieux.
Même si le dossier semble désormais échapper aux autorités ivoiriennes, ceux-ci pourraient militer ne serait-ce que pour d’une libération provisoire des détenus, signe que les frères-ennemis veulent résolument tourner les sombres pages des crises qui ont endeuillé le pays.
Plusieurs voix, dont celle de Guillaume Soro, s’étaient par ailleurs élevées pour demander au président Alassane Ouattara de favoriser la libération des prisonniers pro-Gbagbo. Ce geste pourrait assurément contribuer à apaiser le climat sociopolitique qui se crispe de plus en plus à l’approche de la présidentielle de 2020.
Et si le président Ouattara emboitait le pas à son homologue malien pour permettre aux Ivoiriens de rentrer dans la nouvelle année avec espoir ? Telle est l’interrogation qui ne cesse de se faire entendre sur les rives de la lagune Ébrié.
Rappelons à toutes fins utiles que Laurent Gbagbo avait favorisé, en 2001, le retour d’Henri Konan Bédié (renversé par un coup d’État en 1999) et d’Alassane Ouattara (visé par un mandat d’arrêt international) à la faveur du Forum de la réconciliation qu’il avait organisé après son accession à la magistrature suprême en octobre 2000.
Source: afrique-sur7