Ces jeunes filles issues pour la plupart des quartiers défavorisés viendraient de la commune d’Abobo et d’autres quartiers d’Adjamé comme nous l’a rapporté un membre du réseau de proxénétisme.
Vendeuses de mouchoirs à papiers, et des sachets d’eau à la criée la journée dans une zone allant de la CIE au niveau de la liberté jusqu’au niveau de l’entrée du quartier Bracodin là où garent généralement les véhicules en commun appelés “Gbakas” , ces dernières se prostituent la nuit tombée et sont à la solde des proxénètes qui les exploitent à leur guise.
La nuit tombée elles ôtent les tenues de vendeuses ambulantes pour la tunique de filles de trottoirs et sur instruction des proxénètes qui durant la journée ont ‘’préparé le terrain’’ (prennent attaches avec de potentiels clients) friands des “GPP “.
Les maitres des lieux après les parties d’intimités des filles en questions avec les clients, gardent par devers eux l’argent de la passe qu’ils comptent leurs reverser, après avoir fait le point des dépenses. Mais quelles dépenses ? Ni les filles et les proxénètes ne sauront nous répondre.
Mais le fait qui attirera le plus notre attention, c’est quand nous constaterons que les jeunes filles contrairement aux autres prostituées n’ont pas de dortoirs. Après minuit les chambres ne sont plus disponibles pour elles. Les GPP se trouvent alors livrées à elles-mêmes et n’ont que leur salut sur des bancs et tables d’infortunes où devant des magasins pour y passer la nuit. Sans exclure que là encore, elles seraient à la merci des gardiens des lieux.
« Nous n’avons pas forcé les petites filles à se prostituer », nous indique d’entrée notre proxénète sous le couvert de l’anonymat avant de poursuivre. « Au départ elles n’étaient pas dans nos écuries. Ce sont des filles qui ont abandonnées les domiciles familiales qui viennent pour la plupart d’Abobo , et des quartiers d’Adjamé pour converger vers Bracodi . Avant Quand elles vendaient les mouchoirs et l’eau dans la journée certaines personnes venaient les chercher dans la journée pour coucher avec elles en leur donnant de fortes sommes d’argent. Quand ces dernières ont pris goût, certaines ont abandonné le commerce tandis que d’autres continuent de le faire dans la journée pour la prostitution. Mais comme ici, c’est une histoire de la jungle, elles ont besoin de protecteurs c’est comme ça que nous les avons finalement pris avec nous. Elles ont une heure après quoi chacune peut aller se débrouiller où elle veut. Le gros souci qu’on a avec ces files, elles tombent régulièrement enceintes sans connaitre les auteurs. Mais soyez en rassurez, lorsqu’elles accouchent, se débarrassent du bébé dans les poubelles et reprennent leur vie comme si rien n’était », nous révèle l’homme qui pourrait être le père de ces jeunes filles.
Une jeune fille que nous finirons par convaincre quand nous lui promettrons de lui trouver des clients plus fortunés à condition qu’elle réponde à nos questions lâchera sans ambages son quotidien lié à la prostitution.
« Tonton (votre serviteur) moi je m’appelle Amy mais je ne peux pas dire mon nom de famille », indiqué la ‘’Gpp’’ quand nous voulons décliner son identité et poursuit. « Chez nous à la maison à Abobo c’est trop dur, quand tu vas vendre tes mouchoirs le soir tu dois donner ton argent à ta tante qui ne payera jamais rien pour toi. C’est ma camarade Fatou qui m’a envoyée à Bracodi , où j’ai eu un peu d’argent pour faire mon commerce mais comme on n’a pas de maison et je ne veux plus retourner à Abobo le soir quand les tontons (proxénètes ) nous appellent pour dire qu’un monsieur veut de nous, on accepte. Ce qui est sûr on gagne l’argent pour nous laver, et manger. Matin on vend nos ‘’lotus’’. C’est mieux que de rester chez ma tante », quand nous essayons d’attirer son attention sur les risques de qu’elle encourait, la petite Amy âgée 12 ans mais qui semble déjà connaître les rouages du plus vieux métier du monde nous répond ceci : « Ah Tonton, poubelle est là pourquoi. Maladie y a capote donc y a rien. En décembre là j’ai fait fausse couche. Si on est enceinte qu’on ne veut pas enlever la grossesse, on accouche dans le noir ou dans un endroit caché avec nos camarades et puis on jette l’enfant et on prend notre route », explique inconsciemment celle qui a quitté l’école en classe de CP2 qui à l’en croire n’était pas dans de bonnes conditions pour y continuer.
Nous nous apprêtions à rencontrer d’autres ‘’GPP ’’ quand le ciel d’Abidjan annonçait une pluie et nos cœurs s’entrelaçaient pour ses jeunes filles qui passeraient une autre nuit à la belle étoile dans la fraicheur tropicale des nuit d’orage. Nous remarquions que contrairement aux autres jours les clients ne se bousculaient pas à l’endroit et les GPP étaient confrontées à la rude concurrence avec les Nigérianes maitresses absolues des lieux.
Le ministère en charge de l’enfant, la police des mœurs doivent enfin regarder vers le quartier d’Adjamé Bracodi où se développent depuis belle lurette avec le regard complice de tous le commerce du sexe au grand bonheur de certains individus. Vivement une réaction de la part des autorités quand ils l’ont démontré en fermant la semaine dernière un bar de strip-tease à Cocody Riviera Golf, à moins que ce soit qu’un cas particulier…
Donatien Kautcha
Koaci