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Convertibilité externe illimitée du Franc cfa : Un prétexte pour geler au profit de la France des ressources importantes au détriment du développement des pays africains de la zone franc

Dans la zone franc, contre la promesse de l’engagement de la France, d’assurer la garantie de la convertibilité illimitée du franc CFA, ce pays a acquis des pays africains de la zone franc la mise à sa disposition d’au moins les 50% des devises provenant de leurs recettes d’exportation. Cette convertibilité (en FF) a été souvent analysée comme étant une preuve de stabilité monétaire de la zone franc.

Si, à l’analyse cette promesse n’a pas été toujours respectée, comme le nous rappelle l’abandon en 1994 de la parité de 0,02 FF pour un franc CFA au profit de la parité de  0,01 FF pour un franc CFA, le coût qui résulte de cette promesse de garantie paraît hors de toute proportion logique en comparaison avec le service réellement rendu par le partenaire garant. De même nous allons voir dans quelle mesure cette stabilité monétaire peut-elle résister à l’analyse.

De plus, les nombreuses références à cette éventualité de réduction de cette nouvelle parité qui continuent de marquer, à travers la presse, les relations de la France avec ces pays africains de la zone franc, montrent que cette promesse sera régulièrement oubliée au moment précis où elle est attendue pour être mise en œuvre, étant donné qu’aucune action n’est envisagée pour prévenir et corriger un éventuel non-respect de cette disposition par la France.

Cependant, force est de constater, que c’est contre cette promesse, celle de voir la France se substituer aux pays africains de la zone franc pour faire face au respect de cette convertibilité lorsque ces pays auront épuisé globalement leurs réserves de devises auprès du Trésor français, que la France a acquis la mise à sa disposition première d’au moins les 50% des ressources en devises de ces pays.

De cette mise à disposition, il résulte des couts de transactions inhérents à ces types d’opérations. Ainsi, pour quelque raison que ce soit, si après la première conversion de ces devises en FF ou en Euro, ces pays africains devaient avoir besoin d’acheter l’une quelconque de ces devises pour mener leurs opérations externes, une partie du montant en FF ou en euro acquis la veille devra encore être reconvertie, ce qui occasionne un second coût inopportun qui aurait pu être évité en même temps que le premier coût de conversion.

Tout semble donc se dérouler comme si ces pays payent de l’argent à la France pour qu’elle garde leur propre argent, et, chaque fois qu’ils auront besoin de le dépenser ils lui en donneront encore. De plus, cet argent pourrait leur être prêté au taux qui plaît à la France si ce besoin venait à être posé.

Par ailleurs, la spécialisation en FF ou en euro de la moitié de leur portefeuille en devises expose ces pays africains à des risques très élevés dans la gestion de leurs devises sans que cela ne corresponde à une possibilité de gain supplémentaire.

En effet, si, après conversion en euro ou dans le temps en FF, la monnaie de conversion venait à baisser fortement sur les marchés, alors la perte sera maximale pour ces pays africains. En revanche, cela jouerait pour la France un effet multiplicateur bénéfique puisque tous les risques auront déjà été pris par ses généreux amis africains.

Ensuite, ces pays africains, par la conversion en FF de leurs devises qu’ils auront durement récoltées après avoir laborieusement fait fonctionner leurs usines et leurs ressources diverses pour accumuler ces devises à la suite de rudes concurrences internationales, acceptent que la Banque de France, toute seule, s’empare de toutes ces devises en émettant uniquement en échange ses billets de Banque en France.

En termes d’échanges inéquitables, une telle pratique semble battre tous les records d’injustices quand on s’imagine qu’il est un objectif pour tout pays de chercher à obtenir le maximum de devises sur le marché international pour bâtir ses propres politiques d’un développement harmonieux.

Malheureusement, ces pays africains, pour produire suffisamment de monnaie afin d’assurer la satisfaction des besoins de liquidité de leurs économies nationales auront choisi une voie de très grande facilité qui les maintient dans une inexpérience permanente au coût humanitaire catastrophique eu égard à la masse de ressources détournées du développement dans un sous-continent qui en a fort besoin.

Inopportunément, ces pays ne donnent pas l’impression d’avoir compris que, contrairement aux autres biens et services pour lesquels le coût est un facteur limitatif pour assurer à souhait leur disponibilité, la monnaie est une marchandise particulière que l’on peut produire pour atteindre toute quantité exigée par la demande sans en être gêné pour des raisons de coûts, qu’il s’agisse d’un pays grand et puissant comme les Etats-Unis ou la Chine ou même du plus petit pays comme on peut bien se l’imaginer.

Malgré cette opportunité, ces pays africains de la zone franc, au lieu de se responsabiliser dans la production de ce bien au coût négligeable au regard de son rôle dans l’économie, se sont imposés de faire confisquer leurs devises, en les convertissant dans une monnaie unique, tout en supportant par ailleurs des coûts de fabrication de leurs billets de banque et en accordant gracieusement des bonus au fabricant de ces billets, comme pour couronner tous les efforts que celui-ci fait pour leur éviter de prendre, un jour, leur responsabilité.

Il en résulte qu’en plus de la confiscation des ressources en devises compromises pour le développement, ces pays prennent en charge des coûts directs de fabrication des billets évalués à plusieurs centaines de milliards de Francs CFA sans compter encore un bonus de 15 % du montant des billets en circulation détenus souverainement par le fabricant et à son compte .

Donc, le moins que l’on puisse dire est que le billet du franc CFA, si chèrement acquis par les pays utilisateurs, constitue un frein pour le développement socio-économique conséquent pour les populations de ces pays.

En effet, tout se passe comme si ces pays ont décidé, non pas de mettre cette monnaie au service du développement tout en entier, mais de sacrifier une bonne partie de leurs ressources nationales pour simplement disposer de leurs billets de banque d’une monnaie, qui, de surcroît, ne circule nulle part ailleurs que dans les pays utilisateurs. En effet, dès leur fabrication en France, ces billets de franc CFA sont exportés dans les pays utilisateurs et mis à leur disposition et sous bonne garde à l’intérieur des frontières de ces pays.

De plus, ces pays ne se rendent pas compte qu’une telle monnaie ne règlemente en réalité aucun rapport avec d’autres entités étrangères, étant donné qu’elle n’est active auprès d’aucune entité à l’extérieur de ces pays utilisateurs, même pas dans le pays garant du dispositif.

Ces pays croient que leurs économies sont reliées au reste du monde par cette monnaie, alors que celle-ci ne les relie qu’à la seule Banque de France pour laquelle ils travaillent pour se faire délivrer des billets de franc CFA sous le contrôle du Trésor français ou des francs français dans le temps, aujourd’hui l’euro.

Pris dans cette illusion, ils ne voient pas que ce franc CFA ne circule nulle part si ce n’est que pour transférer par virement de ces pays des sommes d’argent vers la France à travers les entreprises de ce pays ; ce qui ferme le circuit du Franc CFA par là où il a démarré, c’est-à-dire à la Banque de France.

Quant aux autres virements vers d’autres destinations, c’est la relation entre le franc (aujourd’hui l’euro) et la monnaie du pays destinataire qui joue avec en compensation les recettes d’exportations; une situation très logique qui permet de rappeler le rôle d’étalon que jouait le franc français pour ces pays, et aujourd’hui l’euro.

Du coup, ces pays ne se rendent pas compte que la déclaration, selon laquelle la France garantit la convertibilité internationale illimitée du franc CFA, est en réalité un engagement sans aucun coût ni risque, puisqu’en réalité la France se sera engagée à agir dans une circonstance qui ne se présentera jamais. Bien au contraire, il s’agit plutôt d’une assurance qui est donnée aux entreprises françaises de pouvoir transférer à la métropole tous leurs gains en dépouillant les pays africains d’accueil, comme un laxatif puissant le ferait pour un corps malade, comme pour l’empêcher à jamais de reprendre des forces.

En effet, que vaut l’engagement d’assurer la convertibilité internationale d’une monnaie qui ne circule que dans les pays utilisateurs, une fois que les billets de banque de cette monnaie auront été transmis à ces pays par le pays fabricant qui est également le pays garant.

Enfin, pour terminer sur les avantages acquis par la France, il convient de rappeler que cette monnaie du franc CFA, après avoir été laborieusement obtenue à la suite des sacrifices déjà énormes passés en revue, peut encore être amputée de la moitié de sa valeur sous la terminologie de dévaluation du franc CFA qui conduit à transférer au bénéfice du Trésor français un autre avantage supplémentaire, le gain constitué de la moitié de la valeur de la masse monétaire en circulation dans ces pays et correspondant au gain facile que le Roi, en son temps, se faisait attribuer à travers la manipulation de son écu.

Cependant, nous avons vu que ce gain, résultant de ce financement facile, présente des conséquences pires que la mort, la discorde et la stérilité des terres, selon les termes utilisés par N. Copernic, et est de surcroit illicite car résultant de la diminution des poids et mesures en économie, une fraude condamnée comme telle dans toute civilisation humaine.

Donc, la France, à travers la dévaluation du franc CFA, en faisant ressusciter de nos jours cette pratique d’un autre âge, aura pris une décision pire que la mort, et dont le scénario, en grandeur nature, se déroule devant nos yeux, en Libye, où des milliers de jeunes africains choisissent de  se lancer dans la méditerranée après avoir pu échapper à l’esclavage dans ce pays et surtout après avoir abandonné leurs pays, principalement ceux-là qui restent encore soumis à la dévaluation du franc CFA.

En réalité, il n’y a pas lieu de s’étonner de l’accélération des récents mouvements migratoires à destination de l’Europe. En effet, malgré l’étendue des mers et la profondeur des eaux, les jeunes migrants s’inviteront à la table des européens qui se sont exclusivement attribué tous les avantages en Afrique, croyant ainsi pouvoir se mettre à l’abri du besoin qu’exige la tranquillité de la vie qu’ils veulent mener à l’exclusion des autres régions du monde.

Ces européens oublient, que sans un minimum d’équité dans le partage des richesses, cette méditerranée, malgré son étendue et la profondeur des eaux, ne suffira pas pour les protéger du mal qu’ils ont préparé de leurs propres mains, loin des frontières de leurs pays et principalement en Afrique pendant des siècles. Ils ne pourront pas non plus s’inventer un avenir tranquille dans l’ignorance du besoin d’avenir de cette Afrique.

En conclusion, le franc CFA, résultant d’une simple décision de conversion du FF (en son temps) et de l’euro (aujourd’hui), ne peut jouer aucunement un rôle actif à l’extérieur des pays utilisateurs car son rôle est celui d’être un numéraire, un intermédiaire non exclusif dans les échanges, étant donné qu’il peut y avoir plusieurs numéraires dans les économies de ces pays, comme cela a été le cas dans certains de ces pays, à l’exemple du Mali.

En revanche, à l’extérieur, le rôle actif exclusif revient à l’étalon, représenté par le FF (en son temps) et l’euro (aujourd’hui), l’étalon dont la valeur est défendue à l’extérieur par rapport aux autres étalons étrangers.

C’est pourquoi, le franc CFA, du fait qu’il n’existe pas à l’extérieur des pays utilisateurs, ne présente aucun besoin de convertibilité puisqu’il n’est lui-même défini qu’à l’intérieur de ces pays comme une quantité fixe d’un FF qui, seul, est convertible sur les marchés internationaux et a besoin de l’être.

Par conséquent, l’idée de convertibilité externe illimitée du franc CFA n’est qu’un simple prétexte pour geler au profit de la France les devises des pays africains de la zone franc, un prétexte lui-même né de l’inexpérience des pays africains et de la volonté de leurs dirigeants de ne jamais tenter d’avoir cette expérience.

Par ces mythes entourant la monnaie, ces pays africains ont été conduits à sacrifier des ressources importantes de leur économie pour posséder leur franc CFA dont ils finissent par se dessaisir de la moitié de la valeur pour l’attribuer au garant, prenant ainsi une décision aux conséquences pires que la mort et répandant la pauvreté à une échelle et à un degré inouïs à travers leur trouvaille diabolique que constitue la dévaluation du franc CFA, décidée par le garant, et pour dit-on, le grand bien des bénéficiaires de la garantie qu’il leur offre.

En ce qui concerne la stabilité dont est créditée la zone monétaire du franc CFA, il s’agit encore d’un autre leurre. En effet, le franc CFA, une portion fixe de son support, le FF, aujourd’hui remplacé par l’euro, étant défini comme l’est le centimètre en tant qu’une quantité fixe, la centième partie, du mètre, doit garder définitivement cette même relation. En revanche, il reste clair à l’analyse, que ces supports que constituent le FF ou l’euro, représentant chacun, selon l’époque choisie, l’étalon commun à ces pays africains, aura fluctué en permanence et au quotidien par rapport aux autres étalons étrangers. Le premier aura d’ailleurs tellement fluctué qu’il a disparu au profit du second, qui, à son tour, continue à présent à fluctuer, traduisant par ses variations sur les marchés l’état relatif des économies des grands pays entre elles. Par conséquent, si le support est tout simplement en instabilité permanente, de quelle stabilité peut-on réellement créditer une proportion fixée d’un tel support qui, de plus, n’existe physiquement nulle part sur les marchés internationaux ?

Dr Lamine KEITA,

Contact : laminemacina@yahoo.fr

 

Source:  Zénith Balé

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