Le 12 décembre 2024, la Maison de la Presse du Mali a accueilli la visite du nouveau Premier ministre et ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le Général Abdoulaye Maïga. Cette rencontre visait à instaurer un dialogue ouvert avec les acteurs de la presse malienne, dans un contexte marqué par de multiples défis auxquels le secteur fait face.
Lors de son allocution, le président de la Maison de la Presse, Bandjougou Danté, n’a pas mâché ses mots pour décrire la situation difficile de la presse malienne. Il a mis en lumière les cas récurrents d’enlèvements, d’assassinats de journalistes et de fermetures de médias par des décisions jugées extrêmes de la Haute Autorité de la Communication (HAC). « Nous sommes au regret de revenir encore sur les cas d’enlèvements, d’assassinats et de fermeture de médias », a-t-il déclaré, citant l’exemple récent de Joliba TV News.
Danté a également rappelé que l’aide à la presse, suspendue depuis le début de la Transition, reste un point de crispation. Malgré la soumission des rapports de gestion exigés pour les années 2018, 2019 et 2020, les médias attendent toujours la reprise de cette aide vitale. Depuis 2021, un projet de relecture des textes régissant le cadre juridique des médias est en cours, sans que des mesures concrètes aient été adoptées. « Nous avons le sentiment de prêcher dans le désert », a déploré le président de la Maison de la Presse. Il a exhorté le Premier ministre à agir rapidement pour permettre aux médias de bénéficier d’un espace médiatique sain et propice à la liberté d’expression. Dans un geste d’apaisement, Bandjougou Danté a présenté des excuses aux autorités burkinabè pour des propos jugés offensants diffusés par Joliba TV News, un geste salué par le Premier ministre comme un signe de responsabilité et de professionnalisme.
Le Général Abdoulaye Maïga a reconnu la légitimité des doléances exprimées, tout en invitant les journalistes à plus de professionnalisme et d’autorégulation. « Nous sommes en démocratie, et des voies de recours existent pour tout abus ou manquement », a-t-il souligné.
Abordant la question de la fermeture des médias, il a précisé que ces décisions sont prises conformément aux textes législatifs et réglementaires. Concernant les cas d’enlèvements et d’assassinats, il a rappelé que ces tragédies touchent également d’autres secteurs, notamment les forces de défense et les élus locaux, en insistant sur la nécessité d’une analyse équilibrée des indicateurs.
Au cours d’une session de questions-réponses, les professionnels des médias ont mis l’accent sur des préoccupations spécifiques, notamment : la problématique des délestages électriques, qui entrave la continuité des émissions, la sécurisation des stations de radio et de télévision situées dans les zones en proie à l’insécurité et l’instauration de mesures fiscales pour alléger les charges des médias. En réponse, le Premier ministre a insisté sur les efforts déployés par le gouvernement pour soutenir les médias tout en tenant compte des priorités nationales.
Madiassa Kaba Diakité
Source : Le Républicain