S’il y a un sujet qui défraie la chronique ces derniers temps-ci au Mali, c’est bien celui se rapportant aux péripéties qui ont accompagné l’instauration du Conseil National de Transition (CNT) en tant qu’organe législatif de la Transition. En effet, pour l’instauration de chacun des trois organes de la Transition, c’est celle du CNT qui a été la plus laborieuse.
Chacune des étapes du processus de son instauration a été l’occasion de protestations de la part des différentes composantes de la société malienne. Cela est d’autant normal étant donné que c’est cet organe législatif qui est censé être la tribune d’expression du peuple, auprès de l’Etat, pendant la période transitoire. Le peuple est parfaitement conscient de cet état de fait et c’est de bonne guerre alors si ses différentes composantes donnent de la voix pour fustiger tout ce qui est susceptible de faire des entorses à la fonctionnalité idoine du CNT. Si les deux autres organes de la Transition, à savoir le Président et le Gouvernement de Transition, ont été instaurés sans que le peuple eût voix au chapitre, il faut dire qu’en ce qui concerne la mise en place et la fonctionnalité idoine du CNT, le peuple ne voudrait pas servir de simple faire-valoir pour garantir une quelconque légitimité à cet organe législatif dont l’essence est justement ‘’la légitimité populaire’’.
Par cette posture, le peuple malien, toutes tendances confondues, émet déjà des suspicions quant à la fonctionnalité idoine du CNT et cela au regard des controverses qui ont été constatées çà et là dans le cadre de la mise en place de cet organe législatif. Nous savons que de la publication des décrets se rapportant à l’instauration du CNT, à la tenue de la séance inaugurale en passant par la publication de la liste des membres du CNT, toutes les étapes ont été émaillées par des incidents qu’on est toujours parvenu à aplanir, aux forceps, sans pour autant résoudre radicalement les problèmes. C’est justement dans cette atmosphère mi-figue mi-raisin que l’organe législatif de la Transition est appelé à jouer sa partition dans la conduite de la Transition. Ce serait une lapalissade que dire, la tâche sera extrêmement ardue pour cet organe au regard du fait que, pour une majorité écrasante des maliens, sa pleine légitimité est tout simplement hypothéquée.
Pour la mise en place du CNT, les autorités de la Transition n’ont-elles pas enfreint à certaines dispositions de la Charte qui pourtant doit leur servir de bréviaire ? Au regard de la Charte de la Transition, ce sont plutôt des organisations et autres structures qui sont représentées au sein du CNT et non pas des individus.
Or il a été constaté que nombreux sont les membres du CNT qui y siègent sans pour autant être mandaté par une quelconque structure. Nous savons que pour se démarquer de certaines actions dans le cadre de l’instauration du CNT, certaines organisations à l’image de la CMA, du M5-RFP et une forte coalition de partis politiques ont suspendu leur participation à cet organe législatif de la Transition. Autrement dit, ces abstentionnistes n’ont mandaté personne pour les représenter au sein du CNT. Déjà avec ces abstentions on serait fondé à se poser des questions quant à la crédibilité de cet organe qui tient toute sa légitimité de son caractère ‘’Inclusif’’. Ce qui est encore aberrant et qui taraude l’esprit des citoyens, est de savoir à qui a-t-on attribué les sièges laissés vacants par les abstentionnistes ? Etant donné qu’après la publication des noms des 121 membres du CNT, certaines organisations ont déclaré ne pas se reconnaître dans cet organe de la Transition et par conséquence, elles n’ont communiqué aucun nom pour les représenter au sein du CNT. ..
Source : Le Soir De Bamako