En dépit de la crise sociopolitique qui a agité le secteur privé de notre pays, la filière mangue arrive à tirer son épingle du jeu. Pour preuve, durant l’année 2013, elle a réalisé 48907,734 tonnes d’exportation en Afrique et en Europe et apporté à l’économie nationale la somme de 14, 242 milliards FCFA.
Le Mali exporte des mangues séchées
En Afrique, on se fatiguera à chercher plus loin le chemin de la réussite, pendant qu’on le côtoie tout près et tous les jours. La culture et la commercialisation constituent des voies les plus courtes pour créer de la richesse. Les propriétaires de vergers qui se frottent régulièrement chaque année les mains ne démentiront certainement pas cette assertion.
En effet, depuis plus d’une décennie, notre pays dispute la place de leader mondial dans la production et la commercialisation de la mangue avec des pays mondialement reconnus comme dominateurs dans ce domaine. La mangue ‘’made in Mali’’ est prisée à cause de ses vertus gustatives et sa saveur « savanière », qui lui confèrent un goût particulièrement succulent. C’est pour cette raison, que le volume des exportations de la filière mangue au Mali est en nette progression. Après un léger recul en 2012, à cause de la crise, les statistiques validées, il y a environ dix jours, démontrent à suffisance que la mangue se positionne comme un des produits d’exportation agricole pourvoyeur de devise étrangère. En 2013, la filière mangue a injecté dans notre économie nationale plus de 14,242 milliards de Fcfa.
Une véritable dynamique pour booster le secteur !
Les principaux bassins de production au Mali sont les régions de Sikasso, Koulikoro et Bamako. Dans le bassin de Sikasso, la quantité totale de mangue fraîche commercialisée s’élève à 18 596,893 tonnes environ en 2013 contre 18681,995 tonnes en 2012 pour toutes les variétés confondues.
Cependant, il faut signaler que ces chiffres ne prennent pas en compte les données statistiques de tous les exportateurs de la région. On constate l’installation d’une nouvelle station de conditionnement pour l’exportation de la mangue fraîche (ELMAREX). Toutefois, le bassin de Sikasso a exporté 6 745,403 tonnes de mangue fraiche, 16,634 tonnes de mangue séchée et 3450 tonnes de mangue purée et concentrée en 2013 contre 9 701tonnes de mangue fraiche, 7,250 tonnes de mangue séchée et 422 tonnes de purée en 2012.
Toutefois, des variations dans le circuit ont été constatées à Sikasso. On note ainsi : une baisse du volume expédié en Europe par Bateau de 1% à cause du volume expédié par l’opérateur SCS de Koulikoro, l’exportation par avion a été de 2%.
Il est à noter également une baisse des volumes expédiés dans la sous- région de 10% : cela s’explique par le fait que les opérateurs n’ont pas pu expédier sur l’Algérie. On note aussi l’augmentation de l’approvisionnement des marchés nationaux de 18% et de la mangue transformée avec 8 177,767 tonnes en 2013 contre 25 tonnes 2012, qui a connu un bond spectaculaire grâce l’amélioration des moyens de transformation et l’installation de nouvelles usines.
Dans le bassin de Koulikoro, la quantité totale de mangue fraîche commercialisée par les opérateurs du bassin de Koulikoro s’élève à 21 550,88 tonnes environ en 2013 contre 2 796 tonnes en 2012 pour toutes les variétés confondues, le volume de mangue expédié dans la sous-région a augmenté de 2 130 tonnes en 2012 à 14371 tonnes en 2013. Tout comme à Sikasso, l’approvisionnement du marché national a connu aussi une augmentation de 21% et la transformation reste toujours faible. Le bassin de Koulikoro a exporté 15 654,88 tonnes de mangue fraiche en 2013 contre 2 636 tonnes en 2013.
Dans le bassin de Bamako, la quantité totale de mangue fraîche commercialisée par les opérateurs du bassin de Bamako s’élève à 3961,141tonnes environ en 2013 contre 12 383 tonnes en 2012 pour toutes les variétés confondues. Le volume de la mangue exportée par voie maritime a connu une augmentation de 1%.
L’approvisionnement de l’Europe par voie aérienne a également augmenté. La quantité exportée en destination du vieux continent est de 405,908 tonnes en 2013 contre 325 tonnes en 2012. A l’opposé, l’exportation de la mangue fraiche vers la sous –région à beaucoup diminué par rapport à 2012 (de 40%). La commercialisation de la mangue transformée a lui aussi augmenté avec17,422 tonnes en 2013 contre 2,1 tonnes 2012, grâce à l’amélioration des moyens de transformation. Nonobstant, ces variations, le bassin de Bamako a exporté 3 961,141 tonnes de mangue fraiche, 2,150 tonnes de mangue séchée en 2013 contre 12 361tonnes de mangue fraiche en 2012.
En comparant les trois bassins de production on constate que le bassin de Koulikoro a exporté la plus grande part de mangue fraiche, suivie de Sikasso, Bamako venant en troisième position. Ces rapports sont respectivement de 49%, 42%, et 9%. Cet apparent sursaut du bassin de Koulikoro pourrait s’expliquer par le fait que les exportateurs de cette région exportent non seulement la mangue de leur région, mais aussi celle de Sikasso et des environs de Bamako. En outre, on note que le bassin de Koulikoro a commercialisé la plus grande quantité de mangue fraiche, vient ensuite la région de Sikasso. A deux, elles ont commercialisé plus de 80% de la mangue fraiche de l’IFM-Mali.
Mais, sur l’ensemble des chaines d’approvisionnement : mangue fraiche (mangue bateau, avion et sous-région) et mangue transformée, le bassin de Sikasso a commercialisé la plus grande part avec 48%, vient ensuite Koulikoro avec 44% puis Bamako 8%. Ainsi, on constate que malgré que Sikasso soit surpassée par Koulikoro dans la commercialisation de toutes les chaines d’approvisionnement de la mangue fraiche, elle se classe en tête grâce à la grande quantité de mangue transformée.
Est-il besoin de rappeler la place et le rôle que l’Agriculture joue dans la formation du Produit intérieur du brut(PIB) de notre pays. De 2008 à 2011, les statistiques vont crescendo. Ces parts sont de21,8% en2008 ; 22,2% en 2009 ; 24,4% en 2010 ; 22,7% en 2011et une prévision de 25,9% en 2012. Dans ces chiffres bruts, la mangue occupe une place non négligeable. Tout comme le coton, elle fait vivre près des 2/3 de la population des trois bassins de production. La lutte contre la pauvreté passe par une valorisation de cette filière.
Mohamed A. Diakité