Le 22 septembre 1964, le quatrième anniversaire de notre indépendance, a été célébré avec un grand éclat à Kidal. Le cercle du grand Nord qui vient de sortir d’une épreuve a plus que jamais besoin de la sollicitude de toute la Nation. Kidal est en droit d’attendre de la part de tout le pays, soutien, manifestation de solidarité agissante de tous les instants. C’est, pleinement conscients de tout cela que l’Union Soudanaise RDA et le Gouvernement du Mali avaient décidé que la fête nationale fût célébrée à Kidal avec un éclat particulier. Telle une mère ayant une prédilection pour son enfant le moins doué, la nation malienne, qui a consenti de grands sacrifices, y compris le sang des plus dignes de ses fils, pour que Kidal connaisse la paix et la tranquillité qui sont les siennes aujourd’hui, ne ménage rien pour l’avènement d’une ère de progrès dans cette partie de la République.
Une délégation nationale conduite par le camarade Mamadou DIAKITE, Secrétaire d’état à la Défense et à la Sécurité, sous la présidence duquel se sont déroulées les cérémonies, s’était rendue à Kidal en cette occasion. Cette délégation comprenait outre les camarades :
– Sominé DOLO, Ministre de la Santé et des Affaires sociales
– Alhousseyni TOURE commissaire Politique
– Et le lieutenant-Colonel Keletigui DRABO.
La présence dans la cité saharienne du Gouverneur de Gao, le camarade Bakara DIALLO , de son Chef de Cabinet Mamadou BA et du Chef de bataillon Bocar Sada DIALLO commandant d’armes de la place de Gao, a conféré à Kidal, le 22 septembre, le titre de Capitale de la 6e Région.
Les autres délégations se composaient comme suit :
Cercle de Kidal
– Capitaine Diby Silas DIARRA, commandant de cercle de Kidal
– Seydou Guindo, adjoint au Commandant de cercle, Chef de l’Arrondissement Central
– Zacka Backa DICKO, Secrétaire Général de la sous-section US RDA
– Dr Mohamed SOUMARE, Député et médecin chef de la garnison de Kidal
– Capitaine Diassamoussa DIAKITE, chef de l’Arrondissement de Tessalit
– Capitaine Mamadou SISSOKO, chef de l’Arrondissement de Bouressa
– Lieutenant Abdourahmane MAIGA, chef de l’Arrondissement d’Aguel-Hoc
– Saliou ALOU,chef de l’Arrondissement de Tinzawatène
Region de GAO
– Sekou Hamma DICKO, adjoint au Commandant de cercle de Gao
– Alassane TOURE, député
– Issa Ben SIDI, membre du Bureau politique local de Gao
– Madina CISSE, directeur régional de la SOMIEX
– Cheick DIAKITE, Inspecteur de la Jeunesse, cercle d’Ansongo
– Mamadou COULIBALY, adjoint au commandant de cercle de Ménaka
– Djibrilla MAIGA, secrétaire politique de la sous-section de Ménaka.
Dès le 21 septembre, les cérémonies avaient commencé par un match opposant Kidal à Gao, la retraite aux flambeaux, des tirs anti-aériens et une soirée de «Takamba» avec méchoui.
Le 22, Kidal s’est réveillé en fête. Tôt le matin, la population grossie des habitants des environs et des délégations représentant toutes les fractions du cercle s’est rassemblée à la place de l’indépendance devant une tribune pavoisée.
Les chameliers sur leurs hautes montures aux cris désordonnés et bruyants ont pris place à l ‘entrée de la ville tandis que des éléments du bataillon du Sahara-Est, impeccablement rangés le long de la route principale attendaient, avec les miliciennes, les brigadiers de vigilance et les pionniers, le signal du défilé.
Après avoir passé en revue les troupes, le camarade Mamadou DIAKITE fleurit le monument aux Morts. Ce fut ensuite la cérémonie aux couleurs suivie de la remise solennelle du drapeau du Bataillon du Sahara-Est. Le lieutenant-colonel DRABO procéda alors à la distribution des citations, cependant que le Ministre Mamadou DIAKITE félicitait les récipiendaires.
Après cette brève cérémonie, le Capitaine Diby Silas DIARRA commandant le cercle de Kidal, prit la parole pour prononcer l’allocution suivante :
(Notons que le CAPITAINE Diby Silas Diarra avant d’être officier malien a exercé les métiers d’enseignant et de greffier, ainsi que des missions d’officier de l’ONU au Congo d’où il a ramené une médaille matérialisant ses qualités d’officier de maintien de la Paix.)
« Messieurs les Ministres,
Messieurs les députés
Camarades délégués
Camarades,
La population de Kidal, nos militantes et militants de Tinza-Watène, de Tinkar à Tirikine par ma voix, expriment leurs remerciements fraternels à notre parti et à son gouvernement pour la sollicitude et l’honneur particuliers dont nous sommes aujourd’hui les bénéficiaires en ce grand jour anniversaire de la libération du peuple malien.
Aux camarades délégués tant à l’échelon national que régional, à nos voisins qui ont voulu relever l’éclat de notre fête par leur présence, nous souhaitons la plus cordiale bienvenue et le meilleur séjour à Kidal.
Camarades, nous n’allons pas vous affubler en ce jour de fête d’un sévère réquisitoire que mériterait bien le néocolonialisme et sa manifestation pratique que fut la rébellion de certains de nos compatriotes nomades qui se sont laissés prendre au piège de l’impérialisme international.
Nous nous efforcerons plutôt de vous faire le point de notre bilan, un an après l’explosion de la bombe à retardement que la France a léguée à la jeune République du Mali au lendemain du 22 septembre 1960.
Camarades, la première cause de la rébellion, cause que la France connaissait, est son propre échec dans l’administration des populations et plus particulièrement celles de l’Adrar des Ifoghas.
En effet, la France est partie de l’Adrar sans l’avoir jamais soumis après plus de soixante ans pendant lesquels elle s’est maintenue grâce à la structure féodale qu’elle y a développée et entretenue. La politique de division de la France dans cette région ne sera d’ailleurs pas seulement géographique, car les coloniaux développeront aussi dans les populations nomades d’une part, les divisions de classes propres à la société féodale et d’autre part, avec le plus grand esprit de méchanceté, il sèmeront la haine raciale et les complexes religieux.
En un mot, c’est une société féodale, convaincue de la raison du plus fort, une société anarchique sans attaches et sans esprit de sédentarisation, une société de haine et de complexes que l’administration française a léguée à la République du Mali.
Alors que de l’extérieur les nostalgiques du régime colonial, la clique des Clauzel, des apatrides maliens, des haineux, tiraient sur la goupille de la bombe de la sécession, de l’intérieur, des féodaux, des ambitieux jouaient aux marionnettes, violant la conscience des simples en esprit, les révoltant contre l’ordre légal souverainement établi par le peuple malien.
Ainsi, toute une population trompée, soumise au viol, au pillage, voire à la mort, à défaut d’information, d’éducation profonde a fait sienne la cause de ceux-là même qui la saignaient à blanc, suivant les conseils contre toute logique, des colonialistes, eux qui ont fait leurs valises du Mali en plein jour malgré leurs canons et leurs réacteurs, ont réussi à faire croire au nomade qu’avec son fusil de traite, il pouvait venir à bout de l’Etat malien et de son peuple que les mêmes prophètes connaissaient pourtant.
Notre victoire est une victoire logique, la victoire d’une cause juste sur une cause injuste, la victoire d’un peuple uni sur des agitateurs soldés et téléguidés de l’étranger.
Sur le plan tactique, parce que notre cause était juste, nous avons réussi rapidement à désintoxiquer d’une part les masses et d’autre part, à extirper de leur sein, la gangrène semée dans l’Adrar par les ALLARD et les CLAUZEL à la veille de notre indépendance. Gagnant ainsi la confiance des masses, nous coupions le poisson de l’eau, le rebelle de sa base de vie.
Dès lors un combat inégal et fatal s’engage entre notre détachement, fraction d’une armée nationale, populaire et révolutionnaire, défendant la juste cause d’un peuple irréversiblement engagé et des bandes sans foi et sans vertus, obéissant aux ordres d’aventuriers sans patrie.
Dès lors, nous avons compris qu’il fallait combiner l’action politico-civique et l’action choc ; il nous fallait détruire si nécessaire, beaucoup construire et toujours éduquer.
Vous comprendrez, camarades, pourquoi nous n’avons eu recours qu’à la valeur de 2 commandos maliens (un commando c’est 42 hommes ; soit 84 hommes en tout) pour mater les rebelles et tout le reste de notre effectif employé à garder le contact des masses nomades.
Comme nous l’avons toujours dit, l’explosion de la bombe héritée du régime colonial était plutôt salutaire pour l’application correcte de notre politique socialiste dans cette partie de notre pays. Le malheur qu’aurait pu être la rébellion a plutôt accéléré l’édification de la nation malienne dans le grand Nord de notre patrie.
Notre plan le plus positif à cet égard, est sans doute la lourde défaite du néocolonialisme aux abois qui pensait remettre en cause l’option de notre peuple sinon retarder son application et la marche impétueuse en avant de la révolution malienne.
A l’issue de cette rébellion et fort de l’éducation politique reçue, nous sommes convaincus que le Tamachèque ne sera plus jamais le jouet d’apatrides de l’espèce de (….) .
Nous sommes persuadés, comme l’a dit notre Secrétaire Général le Président Modibo KEITA, que là comme ailleurs en république du Mali, le néocolonialisme se cassera les dents contre la volonté du peuple malien.
Le Tamachèque d’hier, ignorant tout de l’Union Soudanaise RDA est aujourd’hui militant à part entière, après que l’occasion lui ait été donnée d’apprécier à sa juste valeur, la politique fraternelle et de justice de notre parti. Nous donnons l’assurance que le parti est désormais aussi fort à Kidal qu’à Bamako ou à Sikasso.
Par ailleurs, notre administration a réussi ici ce que la France n’avait jamais pu réussir. Aujourd’hui les impôts sont collectés non par des goumiers ou des soldats en armes, mais par les responsables administratifs des fractions et tribus, ce qui traduit l’adhésion sans restriction à la politique nationale de l’US RDA.
Voilà à peine trois mois, que l’année fiscale est ouverte en république du Mali et nous disons qu’à la fin de ce premier trimestre, la presque totalité des impôts de notre circonscription seront recouvrés sans armes et sans menace.
Sur le plan social, notre parti a fait plus de réalisations en quatre ans d’indépendance que la France après 60 ans de colonisation.
Kidal dont le nom signifiait pénitencier et enfer, devient chaque jour davantage un pôle d’attraction et nous profitons de l’occasion pour rendre hommage à nos camarades responsables politiques, à nos travailleurs, nos femmes et nos jeunes, un vibrant hommage pour l’effort énorme que chacun à son poste déploie pour que notre circonscription et surtout notre chef-lieu ne soit plus le dépôt d’indésirables sociaux, mais le chantier d’honneur des bâtisseurs conscients et confiants dans les destinées de notre peuple
Les opérations militaires ne nous ont jamais détournés ou distraits de l’action sociale.
C’est ainsi que deux importants magasins de la SMDR ont été édifiés à Kidal et Tessalit, une succursale de la SOMIEX fonctionne à Kidal dont l’ancienne infirmerie présente aujourd’hui l’aspect d’un grand dispensaire modernisé avec sa dépendance chirurgicale.
L’action médicale intensive démarrée par notre ami le Docteur Djigui DIABATE sur lequel nos militants n’ont jamais tari d’éloges est inlassablement poursuivie par le chirurgien Mohamed SOUMARE de réputation nationale. Grâce à leur compréhension du problème, leur sens de l’organisation, nos multiples postes sanitaires tant fixes qu’ambulants ont marqué notre victoire de leur sceau indélébile.
Le Tamachèque, jadis hostile à la médecine moderne, vient facilement se confier au médecin de Kidal et se fait traiter en toute confiance. Tous nos postes sont aujourd’hui à la fois de petits dispensaires de brousse et des points de ravitaillement des populations en produits de première nécessité. Dans le cadre syndical, nos travailleurs sont parfaitement bien organisés et notre union, dirigée par une équipe jeune et dynamique n’a pas manqué d’apporter dan le plateau de la balance sa large contribution à notre réussite.
Nos chefs traditionnels se comportant jadis en féodaux, se sont rapidement transformés en guides conscients, en chefs jaloux des intérêts de leurs administrés et à cet égard, nous nous devons de leur rendre un hommage particulier pour ne s’être jamais laissés embobiner dans une aventure dont l’une des causes est l’ignorance, l’obscurantisme.
Pour en venir au parti, le fossé comblé est immense si l’on se souvient que le Tamachèque moyen, il y a un an seulement, ignorait jusqu’au nom de notre pays qui se confondait très facilement avec celui du Secrétaire Général du Parti.
Aujourd’hui, nul n’ignore plus l’US RDA et ses principes fondamentaux, nul n’ignore plus que l’option socialiste signifie l’abolition de la féodalité et de l’exploitation d’un frère par un autre frère.
La milice féminine, la brigade de vigilance, les pionniers que vous aurez l’occasion de voir tout à l’heure, ne sont pas formés ici par conformisme, mais sont les authentiques gardiens des conquêtes de notre peuple. Vous retrouvez les mêmes institutions du parti aussi bien organisées à Aguel-Hoc qu’à Tessalit.
Leur formation a été des plus sérieuses et ce soir même vous aurez l’occasion d’assister au concours de tir qui opposera hommes et femmes.
Si le fonctionnement de nos comités de fraction avait été ralenti par la situation particulière, leur mise en activité n’est plus qu’une question d’organisation à laquelle nous nous attèlerons sans délai.
Quant à l’expérience faite par notre détachement de l’Armée nationale, populaire et révolutionnaire, elle est plus que concluante. Le soldat malien a cassé par nécessité mais n’a jamais cessé de construire et surtout de conquérir le cœur et la raison de nos compatriotes hier dressés contre l’ordre national par les agents du néocolonialisme.
L’action du doigt sur la détente du fusil ne peut plus être la seule mission du soldat nationaliste d’autant plus que cette action a été rendue nécessaire conformément aux objectifs d’une politique qu’il a le devoir de connaître, d’appliquer pour mieux la défendre.
Maintenant que la raison a triomphé de la folie et de l’aventure, l’action du doigt sur la détente va céder la place à l’action du soldat bâtisseur doublé d’éducateur, sans pour autant jamais atténuer notre extrême vigilance. Désormais, tout en veillant jalousement sur la paix et la tranquillité de nos masses, c’est à leur éducation profonde, à leur organisation que nous allons nous attaquer. Notre soldat, combattant d’hier, pourra dorénavant se doubler d’agriculteur pour enseigner par exemple aux nomades, la culture du dattier, du tabac et surtout le jardinage dont les résultats sont si éclatants.
En un mot la mise en valeur et la sédentarisation du nomade est notre objectif n°2 et notre succès est d’avance assuré par notre foi inébranlable.
A la place de la haine et des complexes néfastes, nous avons cultivé la fraternité et le pardon.
C’est cette générosité exceptionnelle de notre parti et de son gouvernement, qui justifie aujourd’hui la présence sur cette place, de plus de quarante rebelles pris les armes à la main et autant de leurs complices.
Nous somme persuadés que le message du Président Modibo KEITA qui leur est destiné ne sera jamais chargé de rigueur et encore moins de haine. Au contraire, tous les espoirs sont permis pour eux, de retrouver très bientôt leur place dans la société dans laquelle nous sommes persuadés qu’ils retrouveront des frères et des sœurs, à condition de se dépouiller de toutes les séquelles de banditisme, pour se souvenir constamment que la première loi de notre société est que seul le travail paie.
Sur cette même place, vous voyez également plus de 50 enfants d’anciens rebelles que nous avons recueillis au cours des opérations militaires et qui ont été scolarisés et entretenus par la cantine scolaire.
Nous sommes persuadés d’avance que demain, forts de l’ouverture d’esprit que nos enseignants sauront leur donner, ils désapprouveront le suivisme qui a conduit leurs pères dans une rébellion fratricide.
Camarades, nous ne retiendrons pas plus longtemps votre attention et nous souhaitons à tous de passer, pour deux raisons, une bonne fête ; d’une part en souvenir du bris des chaînes coloniales par le peuple malien le 22 septembre 1960 et, d’autre part, pour la défaite des néocolonialistes, la prise de conscience et la reconversion de nos frères hier poussés dans une aventure dont l’issue ne pouvait être que la victoire de notre peuple.
Vive le Mali un et indivisible !
Vive le socialisme et l’esprit fraternel du genre humain !
A bas l’Impérialisme, le néocolonialisme et tous leurs suppôts ! »
Prenant à son tour la parole, le Secrétaire d’Etat à la Défense et à la Sécurité a déclaré :
«Mesdames Messieurs les représentants de la Région de Gao
Chers camarades,
C ‘est avec une satisfaction véritable en ce jour anniversaire de notre indépendance, que je vous salue au nom du parti et du gouvernement. Ma satisfaction est d’autant plus grande qu’il y a un an, dans ce même cercle, des mains criminelles armées de l’extérieur par les forces du mal, avaient voulu semer la terreur et la désolation parmi nos populations de l’Adrar des Ifoghas.
En cette même localité de Kidal, nous disions alors à l’adresse de ces aventuriers combien leur entreprise ignoble serait éphémère car l’issue du combat ne permettait aucun doute.
Aujourd’hui, la paix est revenue grâce à la vaillante action de tous nos soldats de l’Armée nationale et de la sécurité ; la vie reprend son cours normal. La Mali qui regarde vers l’avenir, ne s’attardera pas sur ce qui est considéré comme une erreur et le Président du Gouvernement, le camarade Modibo KEITA m’a chargé de porter un message de pardon à tous ceux qui, comprenant leur erreur, ont déposé leurs armes. Ils peuvent donc se considérer comme citoyens libres à part entière dans ce Mali qui ne fait pas de différence entre ses enfants. Mais il est nécessaire qu’ils se souviennent et suis sûr que tout le monde se souviendra.
Mais ce jour anniversaire du 22 septembre est également un jour de souvenir et c’est le lieu de rendre un hommage mérité à tous les artisans de cette victoire et singulièrement à nos morts à qui nous devons tout. Et c’est avec une profonde émotion que j’évoquerai ici les noms de ceux qui ont sacrifié tout à la patrie pour donner témoignage que le Mali est un peuple debout, fidèle à ses traditions d’honneur, de courage réfléchi et de dignité.
Lieutenant Koniba KOUROUMA , digne fils du KENEDOUGOU, mort sur sa mitrailleuse face à l’ennemi, tu resteras l’égal des BABEMBA, et ta farouche détermination a marqué le tournant de notre action dans le Nord ;
Soldats Gouro KOROMA et tous tes pairs, vous resterez des exemples qu’il faudra citer chaque fois qu’on parlera des grands faits d’armes qui jalonneront la route de notre armée nationale.
Et vous aussi, partisans anonymes et obscurs qui, par votre concours, avez rendu cette victoire possible, nous honorons solennellement votre mémoire et vous rendons un hommage mérité.
Envers vous tous, officiers, sous-officiers, soldats et partisans tombés au champ d’honneur, la Nation malienne a contracté une énorme dette de reconnaissance ; elle se souviendra toujours de vous car votre nom est déjà rentré dans l’Histoire.
A toute l’assemblée ici présente, je demande d’observer une minute de silence à la mémoire de ces héros qui sont morts pour que vive le Mali.
Quant à vous autres, toujours sur la brèche, poursuivant votre grandiose entreprise de construction dans cette paix que vous avez installée, je vous dis que la nation apprécie hautement la contribution inestimable que vous lui apportez dans votre œuvre de bâtisseurs et de pionniers.
Car en effet, vous êtes ici des pionniers, des précurseurs, des soldats bâtisseurs et c’est ce que le Mali apporte de neuf à l’AFRIQUE dans un domaine qui était essentiellement consacré à la destruction.
Nous n’aimons pas la guerre parce que nous la connaissons bien par tradition ; nous savons qu’elle ne règle rien. Nous sommes sensibles au fait que lorsqu’au bout de votre fusil vous détruisez un homme, vous faites quelque part une veuve sans espoir et des orphelins qui auront certainement faim. Cela aussi nous voulons l’éviter même à nos ennemis. C’est pourquoi nous n’acceptons la guerre que lorsqu’on nous l’impose et dans ce cas nous la faisons la plus courte possible ; et c’est ce qui explique la violence de notre riposte.
La vocation de notre vaillante armée est toute entière tournée vers l’avenir. Nous voulons édifier quelque chose d’utile à notre nation ; nous voulons dans la ferveur qui mobilise tout le peuple, sentir la présence active de tous les frères, de tous les secteurs de la nation, attelés à la même tâche de construction.
La gloire des armes vous a consacrés héros de la nation ; il faut également comme bâtisseurs, que vous soyez cités comme terme de référence pour le reste de la nation. Je dis que cela est à la mesure de vos moyens, de votre détermination farouche à vous surpasser quand il s’agit de donner quelque chose de vous-même pour asseoir la patrie malienne. Je reste convaincu que vous le ferez et la patrie reconnaissante vous dit déjà Merci.
Vive la glorieuse armée malienne et les forces de sécurité
Vive l’Union Soudanaise RDA
Vive le Mali résolument engagé dans la voie de sa construction socialiste.
Après un magnifique défilé sous les youyous des femmes, le cortège se dirigea vers les bureaux du cercle où se déroula une autre cérémonie. Il s’agissait de la libération des prisonniers graciés par le Chef de l’Etat à l’occasion de la fête nationale. On a pu voir là l’armement pris sur les prisonniers.
Cet armement confirme sans conteste possible que la rébellion était aidée et téléguidée de l’extérieur et que ses leaders eux-mêmes n’étaient que des stipendiés à la solde du néocolonialisme et ses agents nostalgiques de l’OCRS.
Le secrétaire d ‘Etat a fait traduire aux amnistiés le message de pardon du Président Modibo KEITA.
L’après-midi du 22 septembre a été marquée par plusieurs manifestations de réjouissances dont notamment des concours de tirs et des jeux d’enfants.
Une soirée théâtrale a clôturé les festivités du 22 septembre. Toute l’assistance a applaudi un Bella sur la scène qui revendique ses bêtes dont s’est emparé son maître Targui.
(Une relation de Chouaïbou BONKANE)
L’ESSOR HEBDOMADAIRE
Du 28 septembre 1964