Depuis plusieurs années, M. Moulékafo repreneur de l’Abattoir frigorifique de Bamako (AFB) se fait parler de lui à cause de ses attitudes scélérates. En effet, il emploie quatre personnes seulement qui sont chargées d’abattre 180 à 200 têtes par nuit. Ces abatteurs récitent-ils, sur chaque animal, la formule sacrée «Bi ismi lahi, Allahou Akbar ?» La viande dans nos assiettes est-elle «Haram ?» Lire le premier numéro de notre enquête sur les pratiques scandaleuses à l’abattoir de Bamako.
Il est incontestable que les préceptes de l’Islam exigent à ce que tout musulman récite une formule sacrée au moment d’égorger un animal. Cette obligation vise à rendre licite (c’est-à-dire : Halal) la consommation de sa viande. Pour en savoir plus, nous avons rencontré, le mardi 04 février 2014, un uléma de la Commune I. Selon cet homme, le procédé religieux en la matière consiste à dire «Bi ismi lahi» au moment d’appuyer le couteau sur le cou de l’animal et d’enchaîner par «Allahou Akbar» dès que le sang gicle de la veine jugulaire.
À l’Abattoir frigorifique de Bamako (AFB), ce précepte sacro-saint ne serait pas respecté par deux ou trois des quatre personnes chargées uniquement de la mise à mort des bœufs et des petits ruminants. Du coup, trois questions méritent d’être posées. Ces quatre personnes (à cause de la fatigue) récitent-elles la formule sacrée sur chaque animal à égorger ? Sont-elles en nombre suffisant pour abattre 180 voire 200 têtes par nuit ? Maîtrisent-elles la prononciation correcte de : «Bi ismi lahi, Allahou Akbar ?»
Si les réponses à ces trois questions sont négatives, c’est que la communauté musulmane du Mali est en train de consommer, sans se rendre compte, de la viande indigne à leur religion. En outre, faut-il rappeler que le couteau doit être extrêmement tranchant pour écourter la souffrance de l’animal. Du moins, c’est ce que recommande la Sunna du Prophète Mahomet (Paix et Salut sur Lui).
Les couteaux à force d’être constamment affûtés à l’abattoir de Bamako s’usent rapidement rendant difficile la tâche aux abatteurs. Le magasin étant vide depuis des lustres, les coupe-coupe auraient d’office remplacés les longs couteaux. Un travailleur qui a requis l’anonymat, rapporte que ceux qui dépiautent et dépècent les animaux achètent leurs outils (couteaux, aiguisoir et chaussettes) de leur poche. Il leur est impossible de les demander à qui que ce soit au risque d’être mis à la porte par le potentat Moulékafo.
Tous ces griefs sont à adresser à cet homme (locataire de voiture de tourisme) qui, il y a quelques années, arepris l’Abattoir frigorifique de Bamako (AFB). Approché, le jeudi 23 janvier 2014, par le biais d’Ali Djiré chef du personnel, l’arrogant Moulékafo n’a daigné répondre à notre démarche visant à recouper ces informations.
Or, notre source raconte que Madeleine Ba à l’époque ministre de l’élevage et de la pêche a voulu au cours d’une visite s’assurer des conditions religieuses d’abattage des animaux. Bien qu’elle soit quelque peu profane en matière des préceptes de l’Islam, elle n’aurait pas été satisfaite des réponses données, ce jour-là, à ses questions par l’une des quatre personnes chargées d’égorger les bœufs.
Madeleine Ba aurait promis de revenir accompagnée de chefs religieux auxquels elle fait confiance. Le jour de sa visite étant connu, l’indélicat Moulékafo a eu le temps de se préparer. En faisant quoi ? Eh bien, en habillant en blouse blanche un maître de medersa qui a répondu, sans hésitation, aux questions posées par la délégation de la ministre de l’élevage et de la pêche.
Ce qui nous permet, par ailleurs, d’affirmer que réellement certains qui parlent et agissent au nom de Dieu sont les premiers à fouler aux pieds les valeurs de l’Islam. En effet, ce maître de medersa, à qui tout a été expliqué au préalable, a accepté de couvrir la sale pratique de Moulékafo qui serait un homme véreux. Du coup, il a épargné Moulékafo et sa clique d’éventuelle réprobation de Madeleine Ba. Ce maître de medersa a-t-il reçu quelques billets? «Ah oui !», répond notre source.
Madeleine Ba, sans vouloir l’encenser, a fait ce qu’elle a pu pour s’enquérir du respect des préceptes de l’Islam en matière d’abattage. Malheureusement, elle aurait été grugée par une bande qui s’en fiche de la pratique religieuse de ses concitoyens. C’est pourquoi, ces hors-la-loi qui dirigent l’Abattoir frigorifique de Bamako (AFB) organisent des journées «Porte ouverte » à la presse afin de farder les nigauds.
Les associations et groupements musulmans qui, se créent à longueur de journée, doivent au nom de Dieu monter au créneau par devoir religieux et humain. Ils sont bien attendus sur ce terrain que les meetings politiques où à force de s’entredéchirer pour des intérêts, ils finissent par abandonner le chemin qui mène à Allah.
Ce qui se fait à l’intérieur de cette entreprise est pire que ce qu’on reproche à ceux qui s’adonnent aux abattages clandestins. Pourtant, on lutte contre ce fléau à travers la diffusion des messages de sensibilisation dans les médias. Par contre, pourquoi ne dit-on pas Maliens que l’eau servant à laver la viande dont ils consomment est directement puisée du fleuve situé juste à côté ? On fait croire que cette eau est traitée avant d’être utilisée. Mais comment, avec quel équipement et quel personnel qualifié la traite-t-elle convenablement? Personne n’a les réponses.
Une source proche du renégat Moulékafo approchée par notre rédaction, affirme que l’abattoir utilise l’eau du fleuve (pour laver la viande et évacuer les résidus de sang) parce qu’il ne peut payer les factures de la Société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP). Car, explique-t-elle, la quantité d’eau à utiliser par nuit est immense.
Cette allégation triviale tient-elle face au souci de préserver la santé si précieuse des consommateurs que nous sommes ? Cette entreprise très rentable cédée à Moulékafo contre l’avis d’éminentes personnalités (tout comme HUICOMA l’a été avec Tomota) un véritable labyrinthe aux pratiques scandaleuses qui méritent d’être révélées au public.
Moulékafo avec sa glacerie, ses tonnes de sangs et d’os réduits en poudre pour être vendus aux aviculteurs et pisciculteurs, sa recette journalière avoisinant 1.500.000 FCFA, un comité syndical qui n’existe que de nom et la corruption lui permettant de contourner le fisc, s’est hissé à la tête d’une fortune.
Mais comment ? Est-il le repreneur de façade ? Partage-t-il les intérêts avec certains hommes de l’ombre ? Qu’attendent les nouvelles autorités pour revoir les conditions de cession de cet abattoir productif mais qui, aujourd’hui, végète à cause des sangsues? Qui sont les vétérinaires qui inspectent les viandes ?
À suivre
Oumar BAH