La République centrafricaine a accueilli la semaine dernière la 22e réunion du comité des experts de l’Organisation mondiale des douanes pour l’Afrique occidentale et centrale. C’était aussi la 24e conférence des directeurs généraux des douanes. Des réunions qui se sont tenues dans un pays, la Centrafrique, qui vient tout juste de signer des accords de paix avec 14 groupes armés. La collecte des taxes et des impôts dans ce contexte est un enjeu majeur et un défi.
La Centrafrique partage ses frontières avec cinq Etats. La douane est donc une question régionale. Une rencontre avec la présence de représentants de pays voisins prend ainsi tout son sens, explique le directeur général des douanes centrafricaines Frédéric Théodore Inamo.
« Nous allons traiter des questions par exemple la zone de libre-échange continentale, le problème des sociétés d’inspection, le transit communautaire. Par exemple avec la République du Cameroun et du Tchad, on a signé un accord d’assistance administrative. Donc maintenant on échange les informations, les renseignements pour barrer la route à notre ennemi commun qui est la fraude douanière. »
Autres défis, la corruption mais aussi des droits douaniers trop élevés qui peuvent peser sur l’investissement en Centrafrique. Le blocage des frontières ou la présence de barrières informelles tenues par les groupes armés sont aussi des contraintes à la fois pour l’économie et pour l’acheminement de l’aide humanitaire. 80% de son territoire est sous le contrôle des groupes armés. Des difficultés qui pèsent sur les douanes centrafricaines, explique l’inspecteur des douanes et expert Alain Grengbabo.
« Nous avons des défis en ce qui concerne les défis sécuritaires. Vous savez que notre pays vient de sortir d’une situation de crise. Vu le positionnement de notre administration aux frontières, nous ne devons pas perdre de vue que nous avons un rôle crucial en ce qui concerne l’insécurité, le trafic des armes de tout calibre, l’importation des faux médicaments qui détruisent la santé de nos populations. Autant de défis qui nous attendent et que nous prenons à bras le corps. »
La collecte des taxes, la mission première des douanes mais pour Bernard Zbinden, coordonnateur pour les pays de l’Afrique centrale et occidentale de l’Organisation mondiale des douanes, le rôle de ce service va plus loin.
« Traditionnellement ce qu’on attend de la douane c’est de collecter des recettes pour le fonctionnement de l’Etat. Ce qui est sans doute le rôle principal de la douane mais la douane moderne doit faire autre chose. Il n’y a pas seulement l’armée, la police, mais la douane est à la frontière donc elle peut contribuer à sécuriser le pays dans ce sens-là. L’idée de dire il y a la douane qui doit collecter les recettes ça c’est bien mais s’il n’y a pas d’investissement dans le pays parce qu’il n’y a pas de sécurité, parce que le climat d’investissement ne fonctionne pas cela ne sert à rien de mettre l’accent sur la collecte des taxes et des droits de douane parce que ça ne va rien rapporter. »
Le service des douanes centrafricain espère collecter cette année environ 57 milliards de FCFA.