Le Groupement Patronal de la Presse en collaboration avec la Maison de la Presse a organisé le dimanche 25 mars dernier, à la Maison de la Presse, une série de conférences débats pour informer les Maliens sur les acquis et faiblesses de la démocratie 27 ans après. Un moyen pour la presse malienne de jouer sa partition dans le cadre de la commémoration de l’avènement de la démocratie au Mali. Le thème portait sur: «le mouvement démocratique: 27 ans après, défis et perspectives».
Il s’agissait d’une série de débats animés par les acteurs du mouvement démocratique dont Pr Aliou Nouhoum Diallo, Dr Choguel K Maïga, Belco Tamboura, Souleymane Koné, Hamidou Diabaté, N’diaye Ba, Dr Chérif Cissé et avec comme modérateur Chahana Takiyou du journal 22 septembre.
Durant près de 3 heures, les participants ont échangé sur le mouvement démocratique 27 ans après notamment ses acquis, faiblesses, défis et perspectives.
Les débats ont été ouverts par le doyen Pr Aliou Nouhoum Diallo qui a invité ses camarades du mouvement démocratique à sortir des tranchés et des postures. Pour lui, il vaut mieux arrêter de cloisonner les démocrates, les patriotes et les républicains maliens. Car ceux qui ont fait une longue lutte dans ce pays savent qui est qui. Il a rendu un vibrant hommage à Tiènan Coulibaly, actuel ministre de la Défense et des Anciens combattants.
« Quand Tiènan Coulibaly a été nommé ministre des Finances sous la transition Dioncounda Traoré, j’ai entendu des commentaires même au sein de mon parti, j’ai dit arrêtez ça! Tiènan a été jugé et blanchi par le tribunal des vainqueurs », a-t-il témoigné.
Souleymane Koné s’est d’abord interrogé si le mouvement démocratique est la somme de toutes les luttes pour la démocratie ou s’il commence au moment des réclamations en public de la démocratie au Mali?
Selon lui, pour mieux se situer, il faut définir l’objectif du mouvement démocratique perçu comme mouvement de manifestation pour le départ de la dictature. Car pour lui, pour parler de bilan, il faut savoir ce qu’on voulait.
La liberté d’expression, d’association, la démocratie, le respect des droits de l’Homme sont ce pourquoi, ils se sont battus à l’époque. Partant de cela, il dira que le mouvement démocratique a fait ce qu’il devait faire.
Parlant du rôle de la presse, Belco Tamboura, dira que la presse était sur le terrain avant le 26 mars 1991. Selon lui, elle est même née avant les associations du mouvement démocratique car elle a été témoin de la constitution du parti Adema et des autres associations telles que le CNID. D’après lui, il ne s’agit plus aujourd’hui de mesurer les acquis de la démocratie mais de se demander ce qui a été fait de ses acquis 27 ans après.
Me Hamidou Diabaté ajoutera que le mouvement démocratique a atteint son objectif parce que la démocratie est une réalité de nos jours. Selon lui, chaque régime doit être jugé en fonction de ses propres réalisations. Et le mouvement démocratique devrait continuer d’être une sentinelle en sonnant l’alerte à chaque fois qu’il y a une crise.
Choguel Kokala Maïga pour sa part a remercié les organisateurs car pour lui, c’est une première puisque généralement pour les débats sur le 26 mars, ce sont les acteurs du même courant qui sont invités.
« On ne s’est jamais retrouvé pour dire qu’est-ce que nous demandons, où est-ce que nous en sommes? Qu’est-ce qu’on avait au moment où on changeait le régime? La construction d’une nation ne se fait jamais sur la base d’une table rase. Les dirigeants qui réussissent ne viennent pas déchirer tout ce qui a été fait avant eux et dire que rien de bon n’a été fait, que tout a commencé avec eux », a-t-il expliqué.
Selon lui, malgré l’adversité qui existe, les dirigeants doivent être capables de déceler ce qui a été fait avant eux. Il a révélé que lorsque le régime a été renversé, les anciens directeurs, administrateurs, députés, autres pour diverses raisons se sont retrouvés de l’autre côté pour dire qu’ils veulent le changement.
«Vous pouvez en être sûrs. Il n’y aura pas de changement parce que c’est bâti sur du faux. On a manqué d’honnêteté intellectuelle vis-à-vis du peuple malien», a-t-il laissé entendre. Avant de rappeler quelques acquis sous la 2ème République notamment: la route Bamako-Sévaré, la création du Centre de Santé Communautaire (CSCOM) au Mali qui a servi aux Nation Unies comme référence pour les autres pays, la stratégie de développement de l’agriculture à Diré et dans les zones qui se trouvaient à la porte du désert sans oublier les usines, la bonne formation des élèves et étudiants faisant des Maliens, les meilleurs dans les écoles de la sous-région contrairement à nos jours où les diplômes maliens ne sont pas admis dans nombreuses écoles de la sous-région.
Moussa Sékou Diaby
Source: infosepte