Bamako – Le président malien a demandé un cessez-le-feu immédiat dans les combats entre forces régulières et groupes armés déclenchés mercredi matin à Kidal (nord-est), alors que les rebelles affirmaient avoir pris d’autres villes du Nord après s’être rendus maîtres de Kidal.
Dans un discours prononcé lundi, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a indiqué que notre priorité est le dialogue. En vertu de cela et conformément au souhait du secrétaire général des Nations unies et au nom de la communauté internationale, il a instruit un cessez-le-feu immédiat, selon un communiqué lu à la télévision publique ORTM par le porte-parole du gouvernement, le ministre Mahamane Baby.
Dans le même temps, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), rébellion touareg dont Kidal est un fief, a annoncé avoir pris mercredi, avec deux autres groupes armés, le contrôle de plusieurs villes du Nord après les affrontements leur ayant permis de se rendre maîtres de Kidal le même jour.
Cette ville avait déjà été le théâtre d’affrontements meurtriers le 17 mai, alors que le Premier ministre y était en visite officielle.
Les groupes ayant livré bataille contre l’armée sont le MNLA, le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), a affirmé à l’AFP Moussa Ag Assarid, un responsable du MNLA joint à Kidal.
Après les combats dans la journée, la situation est calme ce soir à Kidal. Nous avons pris plusieurs villes d’où l’armée a fui, sans combats, a dit M. Ag Assarid, en citant Anderamboukane, Ménaka, Aguelhoc, Tessalit, Anefis.
Cette information n’avait pu être immédiatement confirmée auprès d’aucune autre source en dehors des groupes armés.
Dans son communiqué, le gouvernement a reconnu que les combats à Kidal ont tourné en défaveur des soldats maliens, qui ont tenté notamment de reprendre le gouvernorat de la ville tombé aux mains des groupes armés le 17 mai.
Les forces maliennes ont pu reprendre un temps le gouvernorat mais, affaiblies par des problèmes de coordination, de renseignement, (elles) ont dû se replier sous le feu nourri des groupes rebelles appuyés par les terroristes d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et de narcotrafiquants, a expliqué le porte-parole du gouvernement.
Des enquêtes en cours permettront de fixer les responsabilités et d’en tirer toutes les conséquences. L’armée est en train de se réorganiser, a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs fait état de plusieurs blessés et des pertes en vie humaines de part et d’autre dans les combats, sans fournir de détails. Il a invité les populations à faire preuve notamment de calme, de sérénité, et à éviter tout amalgame.
Moussa Ag Assarid du MNLA a de son côté affirmé que la coalition des groupes armés avait enregistré dans ses rangs quatre morts et huit blessés. Il a refusé de fournir tout bilan concernant les soldats maliens, assurant cependant que plusieurs d’entre eux avaient été tués, blessés ou faits prisonniers.
Il a cependant fait cas du décès d’un officier supérieur, parce qu’il est célèbre: le colonel Fayçal Ag Kiba, c’est le bras droit du général El Hadj Ag Gamou, un officier supérieur touareg loyaliste.
Les blessés ont été emmenés à l’hôpital et la mission de l’ONU au Mali, la Minusma, présente dans le Nord, a été saisie, a-t-il ajouté.
Le Mali a été traumatisé et divisé par une profonde crise politico-militaire de 18 mois, dont le départ a été une offensive lancée par le MNLA en janvier 2012, qui a conduit à l’occupation du Nord par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Un temps alliés aux combattants du MNLA, les islamistes les avaient ensuite supplantés.
(©AFP / 22 mai 2014 01h27)
Source: Romandie