Malgré les efforts consentis par les autorités de la transition, la CMDT a été très en dessous des attentes de la campagne cotonnière 2022-2023. Une contreperformance de près 50% dont la conséquence est la perte de la 1ere place qu’occupait notre pays en Afrique, dans la production du coton.
Elle sonne comme la chronique d’un crash cotonnier annoncé. Plus de 35 milliards de FCFA de subvention en intrants pour garantir une première place reconquise. Malheureusement, notre pays va se contenter d’une honteuse troisième place, selon les derniers chiffres rapportés par plusieurs médias en attendant la réaction des trolls du PDG de la CMDT en lieu et place d’une déclaration officielle. Qu’est-ce qui explique cette contre-performance de la CMDT ?
Comme un conte de fée qui tourne au cauchemar pour la CMDT, la campagne cotonnière 2022-2023 est très loin des objectifs et des ambitions affichées en début de campagne. Après une production record de plus de 700 000 tonnes lors de la campagne 2021-2022, notre pays vient pour la récente campagne de perdre deux places. De la première place avec 750 000 tonnes, il se retrouve à la 3e place après le Benin et la Burkina Faso, avec une production de 390 000 tonnes. Soit une baisse de près de la moitié, comparativement à la campagne précédente.
Ce classement, qui serait issu des conclusions de la dernière réunion du Programme régional de production intégrée du coton en Afrique (PR- PICA) dont le Mali est membre, tenue du 12 au 14 en Côte d’Ivoire.
Au niveau de la CMDT, impossible de confirmer ou d’infirmer cette nouvelle. Depuis le dimanche dernier, nos questions adressées au directeur de la Vulgarisation, Siaka COULIBALY, sont sans réponse jusqu’au moment nous mettions sous presse cet article.
Ce résultat très loin des attentes des autorités qui avaient prévu des dizaines de milliards de FCFA pour ce secteur sur lequel elles comptaient pour le maintien de l’économie nationale dans un contexte de crise économique très difficile. Puisque sa contribution au PIB est estimée à 15%, selon les données de la CMDT publiées sur son site. Et il est la deuxième source de recette d’exportation du pays après l’or, toujours selon la CMDT.
Le grotesque mensonge
La confirmation de ces chiffres du PR-PICA mettrait à nu le gros mensonge de la CMDT et le déni de réalité de son PDG, Nango DEMBELE. En effet, quelques semaines plutôt contre vent et marée, le PDG au lieu de communiquer officiellement sur les résultats de la campagne avait préféré passer par des mercenaires de la plume pour tenter de couvrir sa contreperformance. Ils affirmaient que la CMDT avait fait une réalisation de 526 000 en faisant croire ces données avaient été validées par le PR-PICA lors la 36e rencontre de son comité de pilotage. Sauf que nulle part, on ne trouve les traces de cette rencontre pour cette organisation qui fait la mise en jour de ses informations sur son site internet.
Alors la CMDT, dont le chef veut rester dans la bonne grâce du Prince du jour, a-t-elle inventé ces données ? Pourquoi autant d’écarts entre ces chiffres attribués au PR-PICA et ceux de la CMDT ?
Le problème du Dr Nango Dembélé n’est pas lié aux jassides ni à la baisse subséquente de la production cotonnière qu’elles ont engendré de l’ordre de 20 à 35% dans tous les pays touchés (Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Sénégal, Togo, Bénin, Cameroun et Tchad), mais un déni de vérité et de réalité et une fuite en avant.
Les raisons de la contre-performance
Contrairement aux autres filières, la CMDT avait un challenge à remporter : se battre pour conserver à notre pays sa place de premier producteur de coton africain. Apparemment, son PDG a peur, et il ne veut pas le reconnaitre, pardon être fair-play. En tout cas, si la CMDT consent que sa production soit en dessous de celle de la campagne 2021-2022, elle dit ne pas reconnaitre le classement des experts qui la relègue à la troisième place.
En effet, si plusieurs rapports confirment que la campagne cotonnière qui s’est achevée a été marquée par une infestation massive des ‘’jassides’’, selon plusieurs sources, cette situation ne saurait être la seule raison du faible résultat de notre pays. Cette situation est brandie comme la cause de la contreperformance de notre pays en minimisant les problèmes liés à l’approvisionnement en intrants, notamment.
Selon des sources, lors de la campagne 2022-2023, un véritable cercle de mafia a été créé à la CMDT en reléguant au second plan les fournisseurs traditionnels d’intrants. Ils ont préféré des fournisseurs qui ont peu d’expérience dans un contexte où les prix des intrants agricoles ont augmenté sur le marché mondial à cause de la crise ukrainienne.
En clair, la chaine d’approvisionnement en intrant a été bouleversée, selon nos sources, par les responsables de la CMDT.
Le Dr Nango DEMBELE et la CMDT peuvent se consoler car le Département américain de l’Agriculture (USDA), dans son rapport sur le coton publié le mardi 7 décembre 2022, estime que les exportations n’en souffriront pas, les volumes étant attendus en progression de 6% sur 2022/23 à 2,30 Mb par rapport à l’année dernière.
PAR SIKOU BAH
Source : Info Matin