En 2015 sortait OKA qui signifie notre maison en bambara, septième long métrage du cinéaste malien Souleymane Cisse qui dépeint a travers ce film l’épineux problème du foncier au Mali.
« C’est une saga, la saga des Cisse. Une autobiographie à plusieurs voix« . déclarait Serge Toubiana directeur de la cinémathèque française.
OKA c’est film un documentaire qui traite d‘une injustice vécue par la famille de Cisse. En 2008, les sœurs du réalisateur sont mises à la porte de leur domicile qu’elles occupent depuis les années 1930, par une famille voisine qui en revendique la propriété. Un épisode qui marque profondément le cinéaste et qui l’attriste énormément. « Lorsque mes sœurs m’ont appris leur expropriation de leur domicile du quartier à Bamako, j’ai beaucoup souffert. Les larmes étaient trop lourdes pour que je puisse faire une fiction de ce drame, mais je tenais à en faire un film. Notre cas n’est pas isolé : chaque jour à Bamako, des familles sont expulsées sur simple demande».
C’est une bien triste réalité où certains élus mal intentionnés magouillent en vu d’exproprier de malheureuses personnes de leurs biens. Rapport ou pas avec la sortie du film, plusieurs notabilités se sont trouvées mêler à des scandales fonciers. « le problème foncier si l’État n’y prend pas garde risque de déboucher sur une guerre civile, hélas déjà en germe », prédisait le réalisateur avec amertume. Dans toute sa carrière, Souleymane Cisse s’est attaqué à des sujets complexes. Son œuvre ‘‘Finye’’ prix du jury au festival de Cannes 1987 traite du voyage initiatique d’un jeune garçon en quête de pouvoirs mystiques et ‘‘Min ye’’ qui parle des tumultes de la vie amoureuse d‘une femme mariée àun polygame. Le cinéaste plaît a se voir non pas comme un dénonciateur qui porte un regard inquisiteur sur la société mais plutôt comme une personne qui se base sur du factuel.
Il a en outre tenu à faire d‘OKA une œuvre de famille. Ses sœurs y jouent leur propre rôle et lui-même fait la voix off du film. Les meilleurs conteurs d‘une histoire étant ceux qui l’ont vécu. Visiblement nostalgique de ces jeunes années, où il a reçu beaucoup d’amour de sa famille, Cisse nous fait revivre ces moments a travers le personnage d’un môme dans le quartier de Bozola. Au delà du sujet peu reluisant de la crise foncière, le réalisateur dote son film d‘une double thématique. Il met en relief deux mondes différents. L‘un dominé par une société ovovivipare et l‘autre par la richesse de ses paysages et l‘innocence des enfants.
« Lorsque la violence atteint un degré tel qu’on la connaît au Mali, il faut lutter contre le désespoir et se tourner vers l’enfance et la nature qui ne déçoivent jamais
Espérons que ce film soit bientôt montré dans toute l’Afrique subsaharienne, « où comme à l’étranger, la plupart des gens ignorent ce qui se passe vraiment sur leurs terres ».
Source: journaldumali