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Chut ! des hélicos Britaniques à quelles conditions ?

Dans un silence qui frise l’omerta sur la question de nos deux hélicos Puma cloués au sol, pour défaut de maintenance, selon la version officielle servie à l’opinion, la Grande-Bretagne, au nom de la solidarité internationale et de l’incapacité nationale, s’apprête a déployé dans le ciel malien des hélicoptères de combat.

Cette annonce, qui soulage à certains égards l’angoisse des Maliens, a été faite par Mme Penny Mordaunt Secrétaire d’État à la Défense du Royaume-Uni.

« Un des axes prioritaires de renforcement de la coopération bilatérale entre nos deux pays concernera le déploiement au Mali d’hélicoptères de combat britanniques », a-t-elle fait savoir sans plus de précision sur le statut de ces appareils, à savoir s’ils seront maliens et dans qu’elle mesure ou s’ils seront là dans le cadre d’une utilisation limitée dans le temps. On le sait, une centaine de soldats britanniques opèrent déjà dans notre pays, en soutien à l’Opération française Barkhane. Ce sont des soldats de l’armée de l’air (RAF) qui mettent en œuvre trois hélicoptères lourds Chinook. Ces hélicoptères renforcent les moyens de transport tactiques de la mission Barkhane, des moyens chroniquement insuffisants pour un théâtre d’opérations aussi étendu.

Que ce soit l’un ou l’autre cas de figure, la question des Puma cloués au sol qui seraient étiquetés « épaves » et interdits de vol au-dessus de territoires européens et américains, reste irrésolue. La forte odeur de magouille qui plane sur le dossier ne manque pas de jeter l’émoi au sein de la population malienne angoissée par une insécurité qui ne connaît plus de limite.

Comme frappé du sceau du secret absolu, le Gouvernement, si prompt à pérorer quand cela l’arrange, garde un silence tombal. Aucun procureur ne se saisit du dossier, alors qu’il y a des signes manifestes de malversation des deniers publics, la société civile (du moins une certaine société civile) si prompte à défendre son beefsteak semble suivre à distance cette question de la plus haute importance ; d’autant plus qu’elle implique la sécurité nationale ; l’opinion jase et jacasse sans trop savoir où donner de la tête.

Pis, le risque est grand que les hélicoptères annoncés par la Grande-Bretagne fassent l’objet de récupération politicienne de nos autorités à des fins propagandistes ; question de passer pour perte et profit un probable scandale. En fait, il s’agit de ce genre de tour de passe-passe comme l’était la cérémonie pompeuse de réception d’appareils inaptes au vol et dépourvus de tout ce qui pouvait motiver leur achat.

Nulle mystification : il y a une forte odeur d’arnaque qui flotte dans l’air. Et pour cause, des appareils réceptionnés en septembre 2019, en bon état, ne peuvent raisonnablement être cloués au sol seulement quelques mois plus tard. Cela heurte le bon sens élémentaire. À moins qu’il ne s’agisse effectivement d’épaves ressuscitées et refourguées à l’Armée de l’Air du Mali par nos « amis » français.

La raison de la maintenance est d’autant plus improbable qu’il a été chanté dans ce pays que des pilotes et des mécaniciens avaient été envoyés en formation. De bonnes sources, il y a bel et bien des mécaniciens à la Base 101 de Sénou. Que ceux-ci soient incapables de remettre les hélicos en état de voler, cela revient à dire qu’ils sont arrivés à Bamako sans rotors ni pales par la magie de contrats d’acquisition dont on s’abstient de révéler la nature probablement très sulfureuse.

Dans cette affaire, au-delà de l’aspect financier qui est loin d’être négligeable dans un pays qui doit l’accalmie du front social à un moratoire, il y a un crime qui est perpétré, il y a trahison et complot contre l’Armée malienne. Ce genre de linge sale, aussi crasseux, ne se lave pas en famille, mais devant les juridictions compétentes. Parce que ce scandale d’hélicos qui ont couté de casser la tirelire est celui de trop qui traine le Mali dans la boue et en fait la risée de ses voisins.

Par ailleurs, la présence prochaine d’hélicos britanniques dans le ciel malien pour participer à la lutte antiterroriste est une leçon magistrale d’intégrité, de sérieux. Parce que si les généraux français avaient acquis des « épaves », il va sans dire qu’elles ne voleraient pas jusqu’au Mali.

Autant dire que ce qui devrait réconforter les Maliens est aussi ce qui les irrite, les blesse dans leur âme et dans leur chair. Donc, lumière doit être faite sur cette affaire rocambolesque qui, qui sait, si elle n’est que la pointe d’un iceberg de magouille.

PAR BERTIN DAKOUO

SourceInfo Matin

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