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Chronique ÉCO: Noix de cajou : les dividendes de la transformation

La demande mondiale de noix de cajou continue de croître. L’Afrique qui fournit plus de la moitié de l’offre mondiale, n’en tire pratiquement aucun profit à cause du manque d’industries de transformation et de politique volontariste nécessaire à cet effet.

 

 

Entre 2000 et 2018, le commerce mondial de noix de cajou brutes a plus que doublé pour atteindre 2,1 milliards de kg. Près de 2/3 de cette croissance sont le fait des producteurs africains, avec à leur tête la Côte d’Ivoire, selon le rapport « Coup d’œil sur les produits de base », numéro spécial sur les noix de cajou, publié le 15 avril par la Cnuced. Après la Côte d’Ivoire, les principaux producteurs sont la Tanzanie, le Nigeria, le Bénin, la Guinée-Bissau, le Mozambique et le Ghana.

Absent dans les statistiques, le Mali est pourtant l’un des plus gros producteurs avec plus de 70.000 tonnes par an. La filière occupe plus de 200.000 personnes. 99% de la production de noix d’anacarde sont exportées à l’état brut à destination des pays voisins sans aucune traçabilité. Notre pays transforme moins de 1% de sa production. Moins de 15% des noix du continent sont décortiquées sur le sol africain.

Le reste est exporté principalement vers l’Asie, où 85% des noix de cajou du monde sont décortiquées. À eux seuls, deux pays asiatiques – l’Inde et le Vietnam – totalisaient environ 98% des importations mondiales de noix de cajou brutes entre 2014 et 2018. Davantage de valeur ajoutée en Europe et en Amérique du Nord, où 60% des noix commercialisées sont torréfiées, salées, emballées et consommées en accompagnement d’apéritifs ou incorporées dans une boisson, etc.

En 2018, par exemple, le prix à l’exportation des noix de cajou de l’Inde vers l’Union européenne était environ 3,5 fois plus élevé que celui payé aux producteurs ivoiriens de noix de cajou – une différence de prix de 250%. Après une deuxième étape de transformation dans l’UE, le prix des noix de cajou était environ 2,5 fois plus élevé que lorsqu’elles étaient exportées de l’Inde et environ 8,5 fois plus qu’à la sortie de la ferme en Côte d’Ivoire. «Cela montre le potentiel de création de valeur ajoutée pour les pays africains producteurs de noix de cajou, dont 14 sont classés parmi les pays les moins avancés (PMA)», a déclaré Mme Shirotori, expert à la Cnuced.

Ainsi, pour en tirer un meilleur prix sur les marchés internationaux, l’Afrique doit transformer elle-même ses noix de cajou. Il importe pour ce faire de se doter de meilleures politiques. En la matière, les transformateurs ont besoin d’un environnement politique leur permettant d’opérer avec des coûts de transformation compétitifs et qui leur facilitent l’accès aux marchés d’exportation. Aussi, les décideurs politiques africains doivent prendre en compte l’ensemble de la chaîne de valeur de la noix de cajou : production, transformation et commerce.

Cheick M. TRAORÉ

Source : L’ESSOR

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