S’il est une entreprise qui est traversée par une bourrasque en cette période de l’année, c’est bien Samsung, le géant sud-coréen de l’électronique. Telle est la substance de plusieurs articles parus sur le sujet dont celui de Ridha Loukil, publié le 27 octobre 2016. En effet, son Galaxy Note 7 qui était attendu comme le top de la technologie a fait long feu. Contraint et forcé, Samsung a même dû retirer du marché son smartphone vedette en raison d’un problème persistant d’incendie de la batterie. Il n’en fallait pas plus pour que le chiffre d’affaires de Samsung s’effondre de 30% au troisième trimestre et plonge l’empire sud-coréen dans la pire tourmente de sa prestigieuse histoire : baisse de 30% de ses bénéfices opérationnels au troisième trimestre, passant de 5,8 milliards de dollars à la même période l’an passé à 4,1 milliards d’euros. Dans la maison Samsung, la sinistrose s’invite : « le bénéfice opérationnel de la division mobile de Samsung a dégringolé de 98% entre juillet et septembre, à 80,2 millions d’euros ». Les spécialistes du secteur ne font pas dans la dentelle ; en effet, ils prédisent que le fiasco industriel lié au Galaxy Note 7 pourrait coûter jusqu’à 10 milliards de dollars à Samsung. Le coup est particulièrement rude pour le fabricant sud-coréen dans la mesure où il comptait concurrencer frontalement l’iPhone 7 avec ce modèle, concluent les spécialistes.
Thomas Husson, analyste chez Forrester, est convaincu que Samsung n’est pas au bout de sa peine : “Il faut attendre le quatrième trimestre pour mesurer l’étendue des dégâts car le Galaxy Note 7 n’a été retiré que deux semaines après la clôture des résultats du troisième trimestre 2016. L’impact se ressentira davantage sur les résultats du quatrième trimestre”. Aux yeux des analystes, ces résultats sont cohérents avec les chiffres de ventes de smartphones du troisième trimestre 2016 publiés par IDC. Samsung a écoulé 72,5 millions d’unités, soit 13,5% moins qu’au troisième trimestre 2015, alors que le marché mondial a progressé de 1% à 363 millions de pièces. Son principal concurrent dans le haut de gamme, Apple, a lui aussi baissé mais dans une moindre mesure, avec un recul de ses ventes d’iPhone de 5,3% à 45,5 millions d’unités.
A terme, le ciel s’alourdit dangereusement sur l’Empire Samsung et bien malin qui pourrait prédire les détails de l’impact dévastateur du fiasco du Galaxy Note 7. Thomas Husson est sans concession : “Samsung a clairement mal géré le problème. Cela va avoir un impact négatif sur les autres gammes Galaxy de smartphones et par ricochet sur la marque Samsung en général. Aujourd’hui, quand vous vous enregistrez pour un vol, on vous empêche de monter dans l’avion avec le Galaxy Note 7. L’effet est désastreux sur la marque. Reste à voir comment cela va être perçu par le grand public et comment Samsung va gérer la communication de crise notamment à travers les réseaux sociaux”. A l’interne, la première conséquence de cet échec technologique retentissant se traduit par un changement majeur dans le management.
En effet, l’héritier présumé du groupe, Lee Jae-yong, 48 ans, vient d’entrer au conseil d’administration. Thomas Husson est convaincu que cette arrivée est le prélude à une prise en main de l’entreprise en succession à son père Lee Kun-hee malade depuis 2014. “Samsung a beaucoup souffert des flottements au sommet, et l’arrivée de l’héritier aux commandes clarifie les choses”, conclut l’analyste.Connaissant la forte résilience de la culture entrepreneuriale asiatique, le fiasco du Galaxy Note 7 pourrait n’être qu’un malencontreux épisode et le prochain smartphone vedette, le Galaxy S8, attendu courant 1er trimestre 2017, pourrait faire durablement oublier la présente déconvenue.
Serge de MERIDIO
Source : Le Rpublicain