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Chogel Maiga: » ma profession de foi »

Peuple du Mali,

 

Je me présente à l’élection présidentielle du 29 juillet 2018 avec, comme, vision : « la Patrie libérée, unifiée, réconciliée ». Il s’agit pour moi, au cas où je suis élu, de « Restituer au Mali son honneur, sa dignité et sa souveraineté ». Une telle ambition m’a inspiré un projet de société inscrit, à la fois, dans l’évènement et dans la durée. L’événement est la résultante de faits survenus à deux dates : le 22 mars 2012 et le 6 avril de la même année. Elles renvoient à l’effondrement de l’Etat et à la partition, de fait, du pays. L’inscription de mon projet de société dans la durée se traduit par ma volonté de poursuivre l’œuvre de construction nationale.

Remédier à une situation et continuer une œuvre m’ont amené à concevoir un projet comportant trois volets : la refondation de l’Etat, la formation du citoyen, la construction nationale. A leur tour, ces trois volets fondent, comme exigences, cinq actions à entreprendre et à réussir.
En effet, en ce qui concerne la refondation de l’Etat, je m’engage à mener les trois actions suivantes : la réaffirmation de l’existence de l’Etat dans sa plénitude, la restauration des Forces de Défense et de Sécurité, la rectification de la Décentralisation. Pour la formation du citoyen, je réhabiliterai l’Ecole. L’œuvre de construction nationale m’amènera à m’investir sur tous les chantiers du développement.

I. La réaffirmation de l’existence de l’Etat dans sa plénitude
Conséquence d’une mauvaise gouvernance instaurée depuis plus de 25 ans, notre pays se trouve, aujourd’hui, menacé dans son unité et son intégrité. Le péril est évident, mais cela n’est nullement perçu par nos gouvernants. Une lecture attentive des différents accords signés avec les mouvements rebelles, de 1992 à ce jour montre que ces accords contiennent tous les germes de la partition du pays. Tous, en leur préambule, affirment, quand ils ne réaffirment pas, leur attachement à un Mali, un et indivisible.

Cependant, une lecture minutieuse de leurs différentes dispositions permet de cerner une réalité : certaines de ces dispositions sont en porte à faux avec le contenu des préambules. Qu’il y ait, aujourd’hui, un Etat dans l’Etat, est attesté par le président de la République quand, défendant son bilan, il cite l’exemple du MOC (mécanisme opérationnel de coordination) qui fonctionne à Kidal. Or, le MOC est constitué de patrouilles mixtes amenant à coexister des soldats de l’Armée Nationale avec des hommes en armes ayant choisi de se mettre en marge de la République.

Une telle situation est inadmissible. L’autorité de l’Etat doit s’affirmer sur la totalité du territoire national. Le Nord du Mali nous est devenu « telle l’écharde dans la plaie. » Il nous faut nous en guérir et pour cela, il n’existe qu’une solution : que l’Etat s’assume. Plus que jamais, la plus grande circonspection est exigée quand des mots et expressions comme : « irrédentisme touarègue », « statut particulier », « décentralisation poussée », « fédération », « autonomie » sont prononcés.

Une équation est à résoudre. Si je suis élu, je m’engage à la résoudre en corrigeant les erreurs d’appréciations commises lors du processus d’Alger. Cela m’entraînera à engager l’action pour :

– changer le rapport des forces sur le terrain militaire ;
– cantonner et désarmer les rebelles comme le prévoient les différents accords ;
– considérer l’« Accord… » comme une étape, en retenant que faire la paix prend du temps ;
– redéployer l’Administration afin d’assurer la fourniture des services sociaux de base ;
– assurer le retour des réfugiés ;
– tenir le langage de la vérité avec tous les acteurs impliqués dans le conflit en répondant aux questions suivantes : Pourquoi Kidal reste-t-il sanctuarisé après la signature de l’ « Accord pour la paix et la réconciliation au Mali » ? Quelle est la situation exacte dans les cinq régions du nord après l’installation des autorités intérimaires ? Quelle est la mission exacte des forces armées étrangères sur le territoire national ? Pourquoi le terrorisme n’arrive-t-il pas à être éradiqué dans le centre du pays ? Qu’est-ce qui est fait pour mettre un terme aux conflits intercommunautaires ? L’armée « monte en puissance » dit-on. Pourquoi n’arrive-t-elle pas à sécuriser les localités soumises au diktat des terroristes ? Comment se fait-il que le camp de la Force du G5 Sahel ait pu faire l’objet d’une attaque terroriste ?

– associer toutes les légitimités traditionnelles des régions concernées à la recherche de la paix ;
– donner l’exemple de la vertu et du sens de l’Etat en tant que gouvernement ;

Enfin, la réaffirmation de l’existence de l’Etat dans sa plénitude se traduira également par la restauration de notre diplomatie. Il ne m échappe pas que la diplomatie d’un pays lui est inspirée à la fois par son histoire et sa géographie. De par notre position sur la carte de l’Afrique Occidentale, nous avons toujours été un pays de contacts, un pays d’échanges. A la suite des récents tracés de frontières, nous nous trouvons entourés par sept pays. Nous sommes enclavés. Bamako se trouve à quelque 1 000 km du port le plus proche.
Ce sont là des données dont je tiendrai compte dans la redéfinition de notre diplomatie afin de la tirer de la léthargie et en faire un instrument au service de notre présence effective sur la scène internationale. Dans ce cadre, je renouerai, à la fois, avec la « diplomatie du bon voisinage » et la « diplomatie du développement »

II. Restaurer les Forces de Défense et de Sécurité

Les deux premiers « présidents démocratiquement élus » du Mali depuis 1992 ont ignoré une évidence ; celle formulée par Winston Churchill en ces termes, le 12 octobre 1942 :

Lorsque des gens pacifiques, en temps de paix ne se préoccupent nullement de leur défense, lorsque des nations et des peuples sans soucis et confiants, je dirais imprudents, méprisent l’art militaire et croient la guerre unique pour qu’elle puisse jamais revenir, lorsque ces nations sont attaquées par des conspirateurs hautement armés et lourdement organisés, qui depuis des années complotent en secret, célébrant la guerre comme la forme la plus élevée de l’effort humain, glorifient le meurtre et l’agression, préparés et entraînés jusqu’aux limites permises par la science et la discipline, il est dans l’ordre naturel des choses que ces nations imprévoyantes souffrent terriblement et que les agresseurs intrigants et cruels donnent libre cours à leur exultation sauvage.

Considérant la démocratie comme une panacée, ils ont méthodiquement émasculé nos Forces de Défense et de Sécurité. La bravoure, la vaillance, le dévouement à la Patrie de nos soldats n’est pas en cause. En 2012, jusqu’à la chute d’Aguelhok, ils ont tenu tête aux rebelles sur l’ensemble du front, repoussant attaque sur attaque. Par la suite, Aguelhok est tombée parce qu’ils se sont trouvés à court de munitions ; Tessalit est tombé parce qu’ils se trouvés à court de vivres ; Kidal, Gao et Tombouctou sont tombées, soit à cause d’un changement de stratégie qui fut favorable aux rebelles, soit à cause de la désertion des éléments rebelles précédemment intégrés dans l’armée . Notre armée a été vaincue parce que trahit par l’élite politico-militaire. Notre peuple continue d’en subir les conséquences.

Un Etat sans Force de Défense et de Sécurité est impensable. Ces Forces nous sont indispensables pour :

– garantir la défense du pays par la formation, l’équipement, l’entretien et le maintien sur pied de guerre d’une institution dont le rôle est, à la fois, dissuasif et contre-offensif ;

– nous prémunir contre la récurrence des rébellions car, il ne s’est jamais vu de rébellions circonscrites par la seule et unique voie du dialogue ;

– nous permettent d’assurer, à l’intérieur des frontières nationales, la sécurité des personnes et des biens ;

-nous permettent également d’avoir à notre disposition des auxiliaires de justice garante des libertés individuelles.

Pour ces raisons, les Forces Armée et de Sécurité feront, de ma part, si je suis élu, l’objet de soins attentifs à travers des actions ayant comme noms :

– le casernement ;
– l’effectivité de l’unité de doctrine et de commandement ;
– l’instruction au service du renforcement de la défense ;
– l’adoption d’une politique d’armement et d’équipement ;
– la formation civique et politique ;
– la motivation et l’incitation à la rigueur, à la compétence dans le commandement et la promotion ;
– la motivation et l’incitation à l’innovation et au progrès
– la prise en charge des besoins sociaux des soldats.

Je ferai prendre des dispositions pour que les modules de formations soient renouvelées pour les adapter à un contexte mouvant.

Je mettrai fin au recrutement anarchique et à la constitution d’une armée nationale fondée sur des considérations d’ordre ethnique, mais sur les réalités du pays.

III. Repenser la Décentralisation

Le peuple du Mali, depuis plus de 25 ans, a cessé d’être associé aux prises de décision. Il n’est plus sollicité que lors des consultations électorales et cela, pas pour exprimer ses préoccupations, mais pour être invité à déléguer un pouvoir qui, par la suite, sera exercé en son absence. Le Mali profond a cessé d’être sillonné. Le contact avec les populations rurales a été rompu. Je ferai en sorte qu’il soit restauré. Je ferai prendre des mesures pour que la parole et, partant, le pouvoir à la base, soient restitués au peuple. Je ferai adopter des lois pour que soit traduite dans les faits la responsabilisation des collectivités locales et régionales. Le transfert des compétences s’effectuera concomitamment avec le transfert des ressources. Les élus auront obligation de résultats envers les électeurs qui auront droit de contrôle de l’utilisation des fonds collectés et gérés.

Il s’agira donc d’une décentralisation totale et effective. Elle s’accompagnera de deux actions complémentaires : la promotion des langues nationales et une intense campagne d’alphabétisation. L’usage exclusif de la langue française pour la rédaction des textes administratifs, législatifs et réglementaires découle d’une disposition de la Constitution. Je ferai aménager cette disposition de sorte qu’avec les collectivités régionales et locales, les textes soient disponibles, aussi bien dans la langue officielle que dans une langue nationale.

Une décentralisation qui cesserait d’être uniquement politique pour se traduire dans la réalité par des prises de décision suivies d’exécution permettra donc de faire passer le pouvoir des mains des clercs à celles des populations qui, communiquant dans une langue qu’elles comprennent et maitrisent s’affirmeront d’avantage comme acteurs d’un développement autocentré.

IV. Réhabiliter l’Ecole

Tout a été dit à propos des insuffisances dont souffre notre école. Différents diagnostics ont été posés. Différentes solutions ont été proposées. Mais le mal perdure et ne cesse de s’aggraver. La solution se trouve, non plus entre les mains des spécialistes de l’éducation, mais entre celles du peuple. Je le convoquerai à travers des représentants compétents en la matière, pas pour une rencontre de plus, mais pour répondre à la seule question qui vaille et qui, jusque-là, n’a pas été encore posée : comment adapter l’école à nos réalités ? Répondant à cette question, je poserai les fondements de l’Ecole de la République.

L’école qu’il nous faut est l’Ecole de la République. Sa réalisation nécessite des préalables et des actions à entreprendre. Les préalables sont au nombre de quatre : retrouver nos fondamentaux, cultiver la vertu, réussir la décentralisation, changer de mentalité et de comportement. Les actions à entreprendre sont : concevoir, restructurer, financer, former. En matière d’éducation, je traduirai en actes le slogan : « oser penser pour oser agir ».

V. Promouvoir le développement

La paix et la sécurité assurées, l’exécution de la politique de développement devient possible. Je lui donnerai, comme fondement, les domaines que sont : l’agriculture, l’élevage et la pêche, mais ne négligerai pas les mines, l’industrie et le commerce. Cependant, le développement comme je le conçois place l’Homme au début et à la fin de toute action. Pour cette raison, outre l’Ecole dont il a déjà été question, j’attacherai une attention particulière au bien être du peuple avec des interventions dans le la santé et de l’action sociale, de la culture, du sport et des loisirs. Pour réussir le développement, je prendrai ou ferai prendre des mesures pour :

– moderniser l’agriculture, l’élevage et la pêche ;
– assurer la maîtrise de l’eau et la protection de l’écosystème et la mise en valeur du pays ;
– consolider l’entretien des routes d’une part, d’autre part, procéder à la percée de nouvelles routes et pistes rurales. Particulièrement, les voies qui nous relient aux pays côtiers ou qui relient Bamako au nord du pays bénéficieront de toute mon attention;
– prendre les dispositions pour que l’exploitation minière profite, en premier lieu, aux populations riveraines des sites et pour qu’elle soit diversifiée;
– prolonger le développement du secteur primaire par l’industrialisation et le commerce ;
– faciliter l’accès aux soins de santé ;
– adopter des mesures en faveur des couches dites vulnérables ou défavorisées ;
-assurer le rayonnement de la culture, la pratique des sports et des loisirs.

Bamako, le 7 juillet 2018
Dr Choguel Kokalla Maïga

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