Les malades qui souhaitent une consultation externe au niveau du Centre national d’odontostomatologie (CHU-CNOS) vont devoir prendre leur mal en patience parce que l’établissement de référence, en matière de soins dentaires a arrêté les consultations externes. La situation fait grincer des dents. Mais la mesure vise à briser la chaîne de transmission à la fois chez les malades et le personnel médical de l’établissement.
La particularité du Centre odontostomatologie est que les médecins dentistes officient avec des turbines dentaires connectées à des fauteuils dentaires. Non seulement, il est difficile pour le dentiste de respecter la distanciation avec son patient, mais aussi les turbines projettent des particules, parfois jusqu’à deux mètres, ce qui peut contaminer la surface de travail. Et les spécialistes s’accordent à dire que le cabinet dentaire est le lieu où l’aérosol, selon l’expression consacrée, est plus élevé donc cela expose plus.
Les responsables du Centre national d’odontostomatologie justifient leur décision par une nécessité de protection des malades d’abord et du personnel médical ensuite. Mais ils rappellent que les urgences sont prises en charge, notamment les cellulites qui représentent des urgences infectieuses et les traumatismes (les fractures) qui exigent des interventions chirurgicales. Notre équipe de reportage a pu constater de visu que des chirurgiens étaient en train d’opérer. La veille, deux patients de traumatismes graves auraient suivi des interventions.
En plus, une équipe médicale était aux petits soins des malades hospitalisés. Autre constat, c’est que les malades qui arrivent pour une douleur sont aussi pris en charge et ressortent avec une prescription médicale. Seul le laboratoire de fabrique des prothèses ne fonctionnait pas. Et cela pour circonscrire les risques de propagation du Covid-19.
Dr Ousseynou Diawara, chef du service de parodontologie et de l’odontologie conservatrice et secrétaire général du comité syndical de l’établissement, explique les types d’urgences. Il s’agit des traumatismes, des fractures dentaires, des abcès liés à une carie dentaire compliquée, des douleurs et des hémorragies. Il conseille aux malades et autres usagers des services buccaux dentaires de surseoir au traitement tant que ce n’est pas une urgence. Parce qu’il peut y avoir un risque de contamination. Dr Sow Kadidia Touré, présidente de la commission médicale de l’établissement de soins dentaires, invoque des raisons de sécurité des malades et du personnel soignant. Le flux des malades dans les salles d’attente et de consultation peut être un vecteur de dissémination du coronavirus. Cela peut mettre en péril de nombreuses personnes.
Les praticiens du Centre ont même fait un exercice de simulation pour amener nos reporters à comprendre le gros risque encouru par les médecins dans les consultations externes. Parce que dans un contexte de pandémie de Covid-19, ils sont contraints de mettre des surblouses à changer après chaque consultation et décontaminer la surface de travail pour se préserver et protéger aussi les malades. Les médecins dentistes doivent également porter des lunettes de protection des masques FFP2 et FFP3 qui sont les plus adaptés en matière de protection contre le coronavirus. Or, ces équipements appropriés ne sont pas à leur disposition.
Le directeur général du CHU-CNOS, Pr Hamady Traoré, explique que la tutelle fait de son mieux pour accompagner sa structure. Mais, le contexte impose aussi des mesures liées à la responsabilité des praticiens eux-mêmes et de l’administration hospitalière. C’est à ce titre que l’établissement a élaboré un nouveau protocole par rapport aux modalités de prise en charge du coronavirus. Un calendrier a été établi pour les malades dont les pathologies ne représentent pas une urgence, un circuit a été déterminé pour les cas suspects, il y a eu la formation du personnel sur le port des équipements de protection individuels et la stérilisation de tous les services du centre et tous les jours entre 14 h et 16 h.
Le CHU-CNOS a aussi installé à la porte le dispositif de lavage des mains au savon et de contrôle de température pour contraindre les malades et autres usagers à observer les mesures barrières. Enfin, il a recruté un relais communautaire pour sensibiliser les malades sur le coronavirus.
M. D. D.
Source: Journal L’Essor-Mali