Il aura été on ne peut plus clair: la souveraineté du Mali est non négociable. Pendant 34 mn, le Premier ministre par intérim, le Colonel Abdoulaye Maïga, devant la tribune des Nations Unies, samedi 22 septembre, a martelé aux oreilles et devant les yeux du monde que le Mali ne cédera point au chantage de la France et de la Cedeao.
Cas des 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako
En ce qui concerne le désaccord sur la situation des 46 soldats ivoiriens, le colonel Maïga estime que c’est une affaire bilatérale entre deux pays frères et que sa qualification judiciaire ne relève pas de la compétence du secrétaire général des Nations Unies, M. António Guterres. Par conséquent, le gouvernement malien se réfère à la note verbale de la « Minusma/PROT/NV/226/2022 du 22 juillet 2022, dans laquelle il ressort clairement qu’il n’existe pas de liens entre les 46 mercenaires et les Nations Unies ». Le Mali n’entend pas céder face aux menaces de sanctions brandies par la Cedeao. Et poursuivant son allocution d’un ton serein, le colonel Abdoulaye Maïga a martelé : « M. Umaro Sissoco Embalo doit être conscient du fait qu’il est le dépositaire d’un lourd héritage et de plusieurs sacrifices qui ont fait la renommée de cette organisation. La dynamique ayant fait la grandeur de la Cedeao ne doit pas être brisée. Par ailleurs, nous avons pris acte de la menace de sanctions proférées contre le Mali, et loin d’être impressionné par des sanctions, je voudrais signaler au Président en exercice de la Cedeao, qu’à la fin de son mandat, les peuples ouest-africains le jugeront sur les efforts qu’il a fournis pour améliorer les conditions de vie des populations et non des show médiatiques servant des agendas étrangers ».
On ne répond pas au coup de pied de l’âne
Le président nigérien, Mohamed Bazoum, a eu sa dose de réponse. Face à ses injures, avec courtoisie, le gouvernement malien a opposé les vertus du respect hérité des ancêtres, qui lui commandent de ne pas y répondre par des injures et de mettre en avant les valeurs culturelles et religieuses entre les peuples malien et nigérien. Si ce ne sont pas des mercenaires, qui sont-ils donc ? Pourquoi avoir dissimulé l’identité de militaires d’une armée régulière en voulant les faire passer pour des “peintres” ou “maçons”? Quelles étaient leur véritable intention en débarquant avec des armes dans un pays frère ?
La ”junte française”
La France de Macron n’a pas été du reste épargnée dans le discours du Premier ministre par intérim. En effet, les autorités françaises actuelles véhiculent des idées contraires aux idéaux des grands philosophes français, qui ont inspiré la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Les autorités françaises d’aujourd’hui, et non le peuple français qui demeure éternel, ont souillé la France si belle par leur obscurantisme et leurs manœuvres visant à coloniser une seconde fois l’Afrique. Le président français, Emmanuel Macron, se comporte comme un chef de junte en vue de manipuler le Mali. Ce, à travers des institutions africaines telles la Cedeao, l’Uemoa, au travers des hommes d’État comme Alassane Dramane Ouattara, président ivoirien, un dribbleur dont la seule intention serait de se maintenir au pouvoir avec un clan lui étant entièrement conquis, sans manquer de réprimer toute opposition à son projet funeste de mourir au pouvoir.
Les sanctions de la Cedeao qui, durant sept mois, aura infligé une souffrance au peuple malien par le biais d’un embargo illégitime, inégal, inhumain et surtout inédit. Le peuple malien a servi de cobaye en vue d’expérimenter des nouvelles formes d’aliénation des peuples souverains d’Afrique francophone. Malheureusement pour ceux qui pensaient tirer les ficelles depuis la France, cela a contribué à forger un caractère hautement résilient du peuple malien face à l’impérialisme occidental. Le colonel n’a pas fait de détour pour dénoncer l’« obscurantisme de la junte française qui s’est rendue coupable d’instrumentalisation des différends ethniques, en oubliant si vite sa responsabilité́ dans le génocide contre les Tutsis au Rwanda, coupable également de tenter désespérément de diviser les Maliens, enfants d’une même famille ».
Contre toute attente, au bout du compte, d’autres peuples sont tentés d’emboîter le pas afin de se soustraire de l’écrasement inhumain de la France et ses alliés.
Aux quatre maux qui gangrènent le Mali, notamment le terrorisme, les conflits communautaires, la criminalité transnationale et les actions de violences, le Premier ministre par intérim, à travers le Colonel Assimi Goïta, s’est dressé tel un seul peuple dans l’unique but de faire face à toutes les menaces, d’où qu’elles viennent. Le rétablissement de l’autorité de l’État, le retour des populations civiles sont en bonne voie à travers une stratégie globale, une politique sociale de développement, ayant en toile de fond la stratégie nationale de stabilisation des régions du centre (2022-2024).
10 ans après les objectifs fixés par les Nations Unies qui n’ont pas été atteints, il est important, souligne Abdoulaye Maïga, de changer de paradigme afin d’atténuer les effets d’une chute libre occasionnée par un abandon en plein vol. 10 ans de crise qui a occasionné des milliers de victimes pour le peuple malien, et 59 soldats français. Il fallait donc stopper l’hémorragie et proposer de nouvelles solutions. Cela passe par trois principes cardinaux dont le respect de la souveraineté du Mali, le libre choix de ses stratégies et partenaires, le tout dans l’intérêt général de la population. En chaque Malien naîtra un Assimi Goïta pour la défense des intérêts du peuple. Autant dire que ce sont des millions d’Assimi Goïta qui s’érigeront en rempart contre toute forme d’assujettissement du peuple ou d’une partie du peuple malien. C’est dans ce sens que le gouvernement malien rappelle à la Minusma qu’elle doit rester une force d’appui aux autorités maliennes et ne devrait en aucun moment intervenir sur terre, dans les airs sans une autorisation de l’État malien par le biais de son armée. Nul ne peut aimer le Mali mieux que les Maliens eux-mêmes. La solution éternelle de toutes nos crises se trouvera ici au Mali, sur la terre de nos aïeux, et nulle part d’autre.
Henri Levent
Source: LE PAYS