À quelques heures de la fin d’année, les Maliens confient au Journal du Mali ce qu’ils ont retenus de 2017.
Bakary Sanogo, étudiant à l’ENSUP
L’année 2017 est la veille d’une année électorale. J’espérais un bon signal de la part de nos autorités. Malheureusement, on a assisté au retour d’ATT en héros, alors même qu’à son départ, il n’y avait personne. Les Maliens avaient manifesté plusieurs fois pour réclamer son départ. Son retour signifie que ceux qui étaient au pouvoir sont avec ceux qui y sont actuellement. Je ne sais pas s’il s’agit d’un accord entre ces acteurs ou s’il s’agit d’une récupération de ceux qui sont au pouvoir de se maintenir. Concernant la réconciliation, j’estime que si le but du retour d’ATT est de favoriser la réconciliation, les militaires détenus doivent aussi être libérés, pour qu’elle soit effective. Sur le plan économique, l’effritement du pouvoir d’achat a atteint un sommet surtout en fin d’année. Aussi, je ne fais pas une bonne lecture de l’augmentation du budget. Je ne sais pas à quoi cela va servir. Globalement, je suis déçu de cette année. On espérait un changement vers un Malien de type nouveau, mais rien n’a changé, à commencer par les dirigeants. On ne voit pas une vision pour le changement.
Mariam Diallo, jeune diplômée sans emploi
Les jeunes n’ont pas toujours de boulot, il y a peu d’usines dans le pays et les sociétés industrielles sont le socle du développement d’un pays. Seul le recrutement au sein de l’armée a été bénéfique pour les jeunes, car c’est le secteur qui en a recruté le plus. Sur le plan politique, nous constatons que des chevauchements, certains leaders changent de partis ou de positions. Il y a eu peu d’investissements. Jusqu’à présent, la crise continue. Il faut que l’État essaye une politique d’année sans grève, afin que les futurs cadres puissent être bien formés.
Sanogo, Directeur adjoint du Carrefour des Jeunes
Économiquement, l’année 2017 a été très dure. Mais, on dit que c’est dans la difficulté que l’on apprend. Pour moi, cela doit servir à ce que les gens changent de façon de gérer. Il y a eu des difficultés dans le domaine de l’emploi. Le déguerpissement de certaines personnes, installées au vu et au su de tout le monde a entraîné des conséquences désastreuses pour certaines familles et augmenté le chômage.
Sur le plan sécuritaire, 2017 a été une année d’insécurité par excellence. Le pays s’est embrasé jusqu’au centre. On peut dire qu’au moins trois quarts du pays est dans une zone d’insécurité. Dans ces conditions, tenir des élections dans un pays où la moitié n’est pas contrôlable, c’est un vrai problème. Socialement, personne n’est à l’abri. La base de tout cela, c’est l’insécurité, sans sécurité rien n’est possible. Sur le plan politique, nous assistons à un chamboulement. Mais en fait, il s’agit d’un changement de position des mêmes personnes. C’est aux Maliens de comprendre qu’il ne faut plus faire confiance à ceux qui ne cessent de mentir tout le temps et qui ne font que changer de camp. 2017 a été dure, mais c’est une année où il y a eu beaucoup de mouvements, les gens se sont exprimé, il faut maintenant en tirer les leçons. Désormais, les dirigeants doivent comprendre que c’est au peuple de décider. Que le peuple soit édifié, bien informé afin qu’il se prononce.
Koniba Samaké, étudiante en Master 2 socio-anthropologie
Durant cette année 2017, les choses se dégradaient de jour en jour. Il existe toujours des actions atroces à travers le pays. Beaucoup de familles restent inconsolables à cause de cette situation sécuritaire. Les gens espéraient que tout allait changer, mais jusque-là, nous avons l’impression que rien n’a changé. Il faut reconnaître que notre pays traverse une crise sans précédent connu sur le plan international que national. Malgré, les efforts de réconciliation, nous sommes toujours vers le dynamisme d’aller vers la paix. Les gens ont toujours de la peur au ventre. Nous sommes dans un pays où chacun essaye de fuir devant sa responsabilité et chacun accuse l’autre. Sur le plan international, la situation est vraiment inquiétante. Il faudrait que les puissances arrivent à mettre en place des règles ou mesures, afin de se respecter les uns et les autres. Nous espérons que l’année 2018 sera une meilleure année que 2017.
Cheick Tidiane Doucouré-Informaticien
L’incompétence du gouvernement dans la gestion du Mali. Son incapacité à gérer les nombreux problèmes sociaux que nous avons connus cette année. L’attente placée par les Maliens envers le Président IBK n’a pas été comblé. Aussi bien dans le domaine du sport, de la santé et surtout de l’éducation, le très récent meurtre d’un étudiant à la Faculté l’atteste, tout ceci fait partie de cette incapacité. La confiance que nous lui avons accordée est désormais rompue.
Journal du mali