Bouclé depuis le 21 octobre 2015, le rapport de la commission parlementaire dirigée par Niamé Keïta n’a été rendu public que la semaine dernière. Dans une synthèse du rapport de 150 pages, la commission, à la lumière des auditions, recommande la mise en accusation de Moussa Mara, de Soumeylou Boubèye Maïga et du Général Mahamane Touré.
Pour édifier le peuple, par résolution N°14-02, l’Assemblée nationale, lors de sa séance plénière du jeudi 12 juin 2014, a créé, conformément à l’article 28 de son règlement intérieur, une Commission spéciale chargée d’enquêter sur les évènements de Kidal des 17 et 21 mai 2014. Objectif : recueillir toutes les informations nécessaires pour la compréhension desdits évènements afin d’en tirer les conclusions.
Le mandat de la Commission présidée par l’Honorable Niamé Keïta est sans équivoque: recueillir toutes les informations concourant à la manifestation de la vérité, notamment les raisons et les conditions de départ du Premier ministre sur Kidal et les péripéties de son séjour dans la Région; déterminer l’ordre opérationnel (qui a donné l’ordre d’attaquer) pour situer les responsabilités.
A la lecture de la synthèse du rapport, il ressort que le Chef d’Etat-major, le Général Mahamane Touré dit assumer la plénitude et l’entière responsabilité de ce qu’il convient d’appeler carnage. Il reconnait que ses hommes sur le terrain étaient en sous nombre et très sous équipés par rapport aux groupes armés présents à Kidal. D’où sa volonté de vouloir démissionner au lendemain de la débâcle, selon le rapport.
Quant à Mara, il se réfugie derrière une mission que lui aurait confiée le Président de la République. Il a aussi affirmé que le ministre de la Défense de l’époque, en l’occurrence Soumeylou Boubèye Maïga, a rapporté qu’il a reçu des informations que le Mnla a acquis des armes russes et que des combattants en renfort sont en route pour appuyer les combattants sur le terrain. Cependant, Mara précise que Soumeylou a affirmé qu’il n’avait pas les preuves de ces informations.
Mara rapporte également que le ministre de la Défense, au cours de l’opération, était constamment collé à son téléphone.
Pour ce qui est de savoir qui a donné l’ordre, les trois incriminés affirment que la communication avec les hommes sur le terrain était brouillée par un dispositif mis en place par l’ennemi. La question n’a pu donc être élucidée et le mystère reste entier.
Toutefois, la commission, dans ses conclusions, tient ses trois hommes comme responsables de ce qui s’est passé à Kidal et demande leur mise en accusation.
En attendant la suite que les autorités vont réserver à ce rapport, Mara, Soumeylou et le Général Touré ont du pain sur la planche. Si l’Etat tient compte de ces conclusions du rapport, les intéressés peuvent déjà commencer à se trouver des bons avocats.
A suivre !
Harber MAIGA
Source : Le Prétoire