Donald Trump lança sa campagne présidentielle en 2015 en promettant une grande répression contre les immigrants sans-papiers. Il a déclaré aux électeurs qu’en tant que président, il créerait “une force de déportation massive” pour expulser des millions de personnes vivant aux Etats-Unis sans papiers.
Tous les jours, les sans-papiers aux États-Unis sont arrêtés, enfermés et placés dans un système d’expulsion. Un système qui considère rarement leurs liens profonds avec les États-Unis. Souvent, ils sont sommairement expulsés du pays. Ce changement radical de politique affecte tous les immigrants illégaux résidant au pays de l’Oncle Sam.
Human Rights Watch a constaté que le nombre de personnes détenues par le gouvernement fédéral a augmenté de 42% en une année, tandis que les arrestations d’immigrants sans casier judiciaire ont presque triplé. Les chiffres publiés par le département de la sécurité intérieure (DHS) montrent que les arrestations et les déportations d’immigrants ayant des liens profonds avec les États-Unis ou sans antécédents criminels étaient maintenant la norme.
L’ancien président Barack Obama a expulsé des millions de personnes pendant son mandat. Mais, au cours de son second mandat, il a concentré ses efforts de déportation sur ceux qui avaient récemment franchi la frontière illégalement et ceux qui avaient des condamnations pénales graves. Dès son entrée en fonction, Trump, signa deux décrets ordonnant l’arrestation, la détention et la déportation de presque tous les sans-papiers, quelque soient les liens familiaux, la durée de leur résidence aux Etats-Unis ou sans casier judiciaire.
La communauté malienne aux Etats-Unis est profondément touchée par ces vagues de déportations massives. Selon un avocat d’immigration basé à Houston, il n’a jamais vu une chose pareille de toute sa carrière. Au début de l’année 2016, plusieurs centaines de Maliens avaient été déportés en un mois seulement. Le gouvernement malien nie les accusations comme quoi il fournit des documents de voyage pour faciliter les expulsions. Mais, un autre avocat d’immigration basé à Atlanta dit que la pratique est courante. Le Mali ne peut pas continuer de refuser de coopérer avec les autorités américaines ; la pression politique est trop grande quand des milliards de FCFA d’aides sont en jeu.
Les Maliens arrêtés à travers les États-Unis sont envoyés dans un centre de détention à New York, puis expulsés. “Immigration and Customs Enforcement” (ICE) est l’agence en charge des expulsions et est sous la juridiction du DHS. La loi fédérale exige que les personnes soient expulsées directement vers leur pays d’origine; ICE Air Operations (IAO) s’occupe du transport aérien des sans-papiers et organise régulièrement des vols d’expulsion vers les pays du monde entier. IAO utilisait Air France pour expulser les maliens, mais ils ont été obligés d’arrêter à cause des incidents dans les vols. Les deux compagnies que IAO utilise maintenant pour expulser les Maliens sont Royal Air Maroc et Turkish Airlines. En vertu des nouvelles directives, le gouvernement fédéral ne fera plus d’exception dans l’application de la loi sur l’immigration. Les agents d’immigration se concentrent désormais sur l’expulsion de toute personne accusée ou reconnue coupable d’une infraction criminelle, même mineure, ainsi que toute personne ayant une ordonnance d’expulsion. Les sans-papiers et leur famille vivent dans une angoisse totale; beaucoup préfèrent rester chez eux, une petite infraction routière pouvant causer leur expulsion. Avec la venue de l’Administration Trump, le rêve américain de certains immigrants est devenu plutôt un cauchemar.
Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
amadou@amadouwane.com
Source: infosepte mali