L’humanitaire est une action noble. Elle l’est encore plus quand elle bénéficie aux enfants malades. Ainsi la Chaine de l’espoir, une association qui œuvre dans l’humanitaire depuis des années, en partenariat avec l’Hôpital Mère-enfant Le Luxembourg et l’association New face, a entrepris de procéder à des chirurgies réparatrices sur plus de 50 patients atteints de noma (maladie de la malnutrition qui défigure les enfants) et de fentes-labiopalatines (improprement appelées « bec de lièvre). Les interventions ont débuté, la semaine dernière, à l’Hôpital du Luxembourg.
En effet, une équipe de chirurgiens de la Chaine de l’espoir, spécialisés dans les opérations d’enfants souffrant de ces maladies, séjourne dans notre pays. Durant 10 jours, l’équipe va procéder aux réparations chirurgicales de 50 patients, essentiellement des enfants atteints de fentes-labiopalatines (bec de lièvres) et 3 cas de noma.
Appelé aussi « gangrène de la bouche », le noma est une maladie bactérienne foudroyante qui s’attaque surtout aux enfants en bas âge (moins de 6 ans) et tue dans au moins 80% des cas. La maladie, qui prend d’abord la forme d’aphtes et de saignements dans la bouche, touche les personnes aux systèmes immunitaires faibles. Des antibiotiques peuvent la soigner mais les enfants concernés n’y ont généralement pas accès. « Elle mange en quelques semaines les muqueuses, les os et la peau, laissant aux survivants des trous ou des excroissances qui déforment le visage », a expliqué le porte-parole de la mission, Dr François Barbotin Larrieux.
Le noma « est une maladie de la pauvreté, de la malnutrition, de gens qui vivent dans des conditions d’hygiène défaillantes », a souligné Larrieux.
Quant à la fente-labiopalatine, elle est une malformation congénitale qui apparaît entre la sixième et la huitième semaine de grossesse. La pathologie se manifeste ensuite de la simple fente labiale à la forme la plus complexe, c’est-à-dire la fente-labiopalatine bilatérale complète. Son diagnostic est souvent révélé lors d’une échographie anténatale. Malheureusement, les enfants porteurs d’une fente labiale sont stigmatisés et souvent traités de sorcier. La fente labiale est alors considérée comme un “acte” du diable. Heureusement ce temps n’est plus, mais persiste encore une terminologie zoologique (bec de lièvre, gueule de loup) qu’il convient de proscrire formellement pour accepter les enfants.
« Ce qu’on fait, c’est un demi-miracle, mais c’est très loin d’être parfait », a déclaré le Dr, Moussa Daou, président de l’association New Face. “Il est très complexe de reconstruire en trois dimensions un nez avec des muqueuses, des parois buccales, des lèvres”, dit-il. Certaines réparations d’enfants moins fortement touchés sont à peine visibles, a-t-il précisé. Le Dr Daou a noué une étroite collaboration avec les thérapeutes traditionnelles. «La collaboration avec les guérisseurs traditionnelles est très importante pour la simple raison qu’ils sont dans des endroits où il n’y pas de centre de santé. Ceux sont eux qui sont en contact permanent avec les malades. C’est pourquoi, nous les avons formés à reconnaitre les symptômes de ces malades pour qu’ils puissent les transférer au besoin dans les centres de santé », a expliqué le praticien. Selon lui, la méthode fonctionne. Elle a permis d’identifier les 50 enfants qui bénéficient de ces interventions. Les enfants sont hospitalisés après les interventions au centre Hirzel. L’association New Face prend en charge tous les frais (opération, nourriture, transport), estimés à 20 millions de FCFA.
Mémé Sanogo
Source: L’Aube