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Burundi: un nouveau Premier ministre après des accusations de tentative de putsch

Le président du Burundi, Evariste Ndayishimiye, a nommé mercredi un nouveau Premier ministre, cinq jours après avoir dénoncé des velléités de « coup d’Etat » de la part ceux qui se croient « tout-puissants » et passent leur temps « à saboter » son action.

Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Gervais Ndirakobuca, a prêté serment dans l’après-midi, quelques heures après avoir vu sa nomination, proposée par le chef de l’Etat, validée à l’unanimité par les deux chambres du Parlement.

Il remplace Alain-Guillaume Bunyoni, considéré – avant même d’avoir été nommé Premier ministre en 2020 – comme le véritable numéro deux du régime depuis la crise politique de 2015 et le chef de file des « durs » parmi les généraux qui oeuvrent dans les coulisses du pouvoir.

Le nouveau premier ministre Gervais Ndirakobuca est également issu de ce cercle de généraux issus de l’ex-rébellion qui contrôlent aujourd’hui le pays.

Il dirigeait jusqu’en 2020 le très redouté Service national de renseignement (SNR), accusé d’être au cœur du système répressif burundais depuis la crise de 2015.

En avril 2015, la candidature à un troisième mandat controversé de l’ancien président Pierre Nkurunziza – décédé en juin 2020 – avait déclenché un vif mouvement de l’opposition, brutalement réprimé avec au moins 1.200 morts et 400.000 Burundais poussés à l’exil.

– « Bonnet blanc, blanc bonnet « –

Les Etats-Unis et l’Union européenne avaient pris des sanctions contre plusieurs figures du régime, dont Gervais Ndirakobuca, pour leur rôle dans cette répression.

En novembre 2021, les Etats-Unis ont annoncé leur levée, saluant une embellie depuis l’élection d’Evariste Ndayishimiye en mai 2020. M. Ndirakobuca reste en revanche visé par des sanctions de l’UE.

Pacifique Nininahazwe, une des figures de la société civile en exil, a dénoncé sur Twitter la nomination de Gervais Ndirakobuca, considéré comme un « dur du système ». « Bonnet blanc et blanc bonnet », a-t-il écrit.

La réputation du nouveau Premier ministre, qui a gravi les échelons de l’appareil sécuritaire avant d’occuper des postes gouvernementaux, se résume dans son surnom datant de la sanglante guerre civile burundaise (300.000 morts entre 1993 et 2006): « Ndakugarika », littéralement « Je vais t’étendre raide mort » en langue kirundi.

Dans un décret, le chef de l’Etat a également nommé le colonel Aloys Sindayihebura, le chef du SNR, au poste chef du cabinet civil, à la place du général Gabriel Nizigama.

– Monopoles brisés –

Dans son discours vendredi évoquant un « coup d’Etat », Evariste Ndayishimiye avait répété sa volonté de s’attaquer à des monopoles octroyés à des caciques ou proches du pouvoir, afin de résorber les pénuries de plus en plus criantes ces derniers mois et source d’un mécontentement croissant dans la population.

Dans la matinée, le ministère du Commerce a publié sur son compte Twitter un communiqué daté du 6 septembre, annonçant la libéralisation de l’importation de maïs, de farine de maïs, de sucre et de ciment.

Cette décision fait suite à l’importation depuis une dizaine de jours de carburant par la société publique de l’eau et d’électricité (Regideso), qui avait permis de réapprovisionner les stations-services du pays.

Le pays est depuis la fin de la guerre civile en 2005 tenu d’une main de fer par le régime, grâce aux Imbonerakure, la ligue de jeunesse du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, et au Service national du renseignement.

Si la communauté internationale a salué une certaine ouverture du pays depuis l’arrivée au pouvoir d’Evariste Ndayishimiye, une commission d’enquête de l’ONU affirmait en septembre 2021 que la situation des droits de l’homme restait « désastreuse » au Burundi.

Depuis son indépendance en 1962, le Burundi a été le théâtre de nombreux massacres et conflits entre les communautés Hutu et Tutsi, respectivement estimées à 85% et 14% de sa population.

Le Burundi, enclavé dans la région des Grands Lacs, est le pays le plus pauvre au monde en termes de PIB par habitant selon la Banque mondiale, qui estime que 75% de ses 12 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Source: AFP

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