Au Burkina Faso, le bras de fer continue entre les organisations professionnelles des médias et le Conseil supérieur de la communication (CSC) au sujet de la mesure de suspension des émissions interactives. Depuis le 7 mai 2015, les émissions d’expression directe sont suspendues sur toutes les radios et télévisions pour une période de trois mois. Une mesure rejetée par les organisations professionnelles des médias et les journalistes.
Des centaines de personnes, responsables de presse, d’associations et journalistes ont protesté devant le siège de l’institution chargée de réguler les médias au Burkina Faso. « A l’unanimité, nous avons demandé au CSC, d’abord il fallait nous concerter avant de prendre la mesure. Deuxièmement, il faut lever la mesure, sans condition, purement et simplement et après on pourra engager des discussions. Et elle persiste », explique Justin Coulibaly, porte-parole des organisations professionnelles des médias.
Le Conseil supérieur de la communication a promis de lever la mesure de suspension le 30 mai prochain après la signature d’une charte. Une proposition rejetée par les promoteurs de radio et journalistes : « On nous interdit de parler, nous ne sommes pas d’accord. Et même, si l’on doit changer de présidente de cette institution qui nous bâillonne », témoigne un homme parmi les protestataires. A ses côtés, un autre surenchérit : « Il y a des textes qui encadrent ces émissions. Nous ne comprenons pas que le CSC ne fasse pas application de cet arrêté. S’il y a des problèmes par rapport à certaines émissions précises, par rapport à certaines radios précises, il faut les sanctionner ».
Selon Chrysogone Zougmoré, le président du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), la liberté de la presse et de l’information a été chèrement conquise par les Burkinabè : « Il est inadmissible aujourd’hui qu’une institution comme le CSC veuille poser des conditions pour nous permettre de continuer d’être bénéficiaires de cette liberté-là. Nous disons que ce que nous attendons du CSC, c’est la levée pure et simple de cette mesure qui constitue une mesure liberticide ».
Les organisations professionnelles des médias prévoient d’autres manifestations si la suspension n’est pas levée. Et elles ont décidé de manière unilatérale de la reprise des émissions interactives ce jeudi au Burkina Faso. Dans un communiqué, elles s’appuient sur la décision de six conseillers du Conseil supérieur de la communication.
Source: RFI