Dans un entretien, qu’il a bien voulu nous accorder en vue de nous livrer son analyse sur la situation de la liberté de presse au Mali, le directeur de publication du journal ‘’ Le Pays’’, Boubacar Yalkouye, secrétaire général de l’ASSEP et non moins président du Mouvement de la protection de la presse est serein. Il n’a rien perdu de sa verve c’est pourquoi en se prononçant sur la plainte que la Cour Constitutionnelle a introduite contre lui auprès du tribunal de la CV pour diffamation, il estime que cette institution va mordre la poussière.
La semaine dernière a été célébrée la journée internationale de lutte contre l’impunité des crimes commis contre les journalistes. Cette journée, faut-il le rappeler intervient dans un contexte très difficile au Mali. Car, la liberté d’expression chèrement acquise suite aux évènements de mars 1991 est mise à rude épreuve.
Boubacar Yalkouye, en sa qualité de président du mouvement de protection de la presse contre les violences affirme que l’impunité dans le cadre de la liberté d’expression en général et du journalisme en particulier est un sujet très sensible. « Il ne se passe, un mois ou deux mois sans que tu n’attendes dans ce pays qu’un journaliste a eu un problème quelque part pour avoir tout simplement donné son avis par rapport à un sujet bien déterminé d’intérêt national » a-t-il déclaré.
Faisant un regard rétrospectif, il a regretté l’assassinat des journalistes de RFI, Claude et Ghislaine Dupond, dont les enquêtes peinent à aboutir.
Sur le plan national, il a évoqué le cas la disparition de Birama Touré depuis plusieurs années. «Nous avons fait des sorties médiatiques, des conférences, des condamnations, mais nous n’avons reçu aucun retentissement favorable de la part des gouvernants » a- t-il déclaré.
Un autre cas de violation de liberté d’expression souligné par le nouveau Secrétaire Général de l’ASSEP a été celui de Diarrah de Mali-actu. Soulignant qu’il a fallu des tapages pour qu’il puisse échapper des griffes de ceux-là qui se disent hommes de droit mais qui violent avec la plus grande aisance les principes démocratiques, il dira ceci : « nous connaissons nos limites et nous exerçons dans le strict respect des règles qui régissent notre corporation » a-t-il précisé.
Par ailleurs, abordant la plainte introduite par la Cour Constitutionnelle contre lui à la date du 29 octobre au Tribunal de Grande Instance de la CV, il dira qu’un journaliste est intimidé et muselé à chaque qu’il donne le bout d’une information qui peut faire trembler.
Par rapport à ce dossier, il a souligné que cette plainte qui est motivée par la diffamation est relative à l’un de ses articles (à la date du 29 juillet), dans lequel il a pointé du doigt les membres de la Cour Constitutionnelle pour avoir reçu la bagatelle somme de 900 000 000 FCFA de la part du président, Ibrahim Boubacar Keïta. « A l’époque l’information était partagée partout, tout le monde avait appris cette information sur les réseaux sociaux bien avant la publication de l’article dans mon journal » a-t-il précisé, tout en soulignant qu’il sera bel et bien à la barre le 29 novembre prochain.
D’un ton confiant, le Segal de l’Assep dira avoir pris les dispositions idoines afin de faire connaitre au grand public l’épilogue de cette histoire. « Ce n’est pas la 1ère fois qu’on pointe la cour du doigt,» a-t-il déclaré tout en rappelant que partout où il a été interpellé par rapport à cette question, sa réponse a été sans ambiguïté. « J’ai pas peur. J’ai confiance à la justice malienne. La Cour s’est décrédibilisée donc elle va perdre » a-t-il confié.
Moïse Keïta
Le Sursaut