La justice du Botswana a finalement décidé mercredi d’entendre les requêtes de l’opposition qui conteste la régularité des élections législatives d’octobre, remportées par le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1966.
Selon les résultats provisoires publiés par la Commission électorale, le Parti démocratique du Botswana (BDP) a remporté 38 des 57 sièges du Parlement.
Son chef Mokgweetsi Masisi, à la tête du pays depuis 2018, a été élu chef de l’Etat malgré la fronde inédite de son prédécesseur Ian Khama (2008-2018), qui a claqué la porte du BDP et l’accuse de dérive autoritaire.
Mais le principal parti d’opposition, la Coalition pour un changement démocratique (UDC), a dénoncé de nombreuses irrégularités et déposé en novembre un recours en annulation du scrutin dans 16 des 57 circonscriptions.
Un premier tribunal l’avait débouté en décembre. La Cour d’appel de Gaborone a pris mercredi le contre-pied de cette décision en annonçant qu’elle entendrait finalement les requêtes de l’UDC le 29 janvier.
“Je ne vois aucune raison de rejeter les demandes” de l’opposition, a estimé à l’audience le juge Singh Walia, “les dossiers visés sont d’une importance nationale qui justifie qu’ils soient examinés sans délai”.
Les recours de l’UDC s’appuient sur les accusations d’un lanceur d’alerte issu du BDP, Emmanuel Mohalodi.
Dans une déclaration sous serment dont l’AFP a obtenu une copie, M. Mohalodi a notamment confessé avoir organisé le double vote de “milliers de personnes” dans cinq circonscriptions de la capitale, un fief de l’opposition, qui ont toutes basculé dans le camp du régime.
Il a également accusé le président Masisi d’avoir “coordonné toute l’opération”.
Le chef de l’Etat a depuis des semaines systématiquement nié toutes les allégations de fraudes électorales.
AFP