Sale temps pour le Bénin. Le pays que dirige Patrice Talon n’a pas bonne presse à l’international ces jours-ci. Alors qu’il n’a pas fini de gérer la crise post-électorale, le successeur de Boni Yayi doit faire face à une autre crise, celle née de l’enlèvement de touristes français au parc national de la Pendjari. Deux affaires qui font la une des médias européens.
La répression des manifestations des 1er et 02 mai 2019 à Cotonou a fait des victimes. Il n’en fallait pas plus aux pays européens pour véritablement se rendre compte de l’ampleur de la crise politique née de l’exclusion des partis de l’opposition des élections législatives. Le pays laboratoire de la démocratie en Afrique traverse une crise politique aigüe au point où les forces de sécurité font usage d’armes sur des manifestants non armés, qui ne réclamaient que des élections ouvertes à tous. Mais avant qu’on en arrive à cette extrémité, le scrutin contesté a été entaché de violences avec un fort taux d’abstention jamais enregistré dans l’histoire démocratique du Bénin. La communauté internationale est perplexe. Elle n’aime pas les pays où il y a atteinte aux libertés et aux droits de l’homme. Et ce n’est pas faute de n’avoir pas essayé de parer au pire. Il y a eu à Cotonou plusieurs missions, que cela soit l’Union africaine, la Cedeao, le Nigéria et autres, on a essayé de venir au chevet du Bénin, de convaincre le président Patrice Talon à renoncer à cette voix, source de tensions. Même à l’interne, anciens présidents, société civile, le clergé, les têtes couronnées, tous ont œuvré pour une solution qui satisfasse les uns et les autres. Mais rien n’y fit. Résultat, une manifestation éclate, et il y a des morts. Le Bénin fait la une des médias européens. Son image a pris un coup et ça ne rassure pas les partenaires techniques et financiers (Ptf). Le chef de l’Etat se voit contraint de laver son honneur, restaurer l’image écornée de la démocratie et essayer de rassurer davantage les Ptf. Ce n’est pas facile d’y arriver quand tout est contre vous. Si ce n’était que ça…
Comme si un malheur n’arrivait jamais seul, deux touristes français se font enlever avec leur guide béninois au parc national de la Pendjari situé dans le Nord Bénin. Quelques jours après, le corps criblé de balles du guide a été retrouvé et les français portés disparus. L’affaire sert de choux gras aux médias européens, français en particulier. Désormais à l’extérieur, en matière de tourisme, le Nord Bénin est perçu comme une zone à haut risque, à cause de la proximité de ses lieux touristiques avec les pays comme le Burkina-Faso, le Mali…. où sévissent des groupes terroristes. Le gouvernement et son chef sont sur la sellette. Alors que beaucoup d’investissements ont été faits pour révéler le Bénin touristique, voilà une affaire qui risque de saboter tous les efforts jusque-là consentis. Patrice Talon qui a fait du tourisme un important pilier du Pag doit vite réagir, chercher à corriger l’image désormais sombre du pays sur le plan du tourisme, s’engager dans la recherche de solutions pour une libération rapide des français kidnappés et rassurer les pays dont les ressortissants viennent en tourisme au Bénin. Parviendra-t-il à inverser la donne pour un retour sur investissement (au niveau de ce parc Pendjari) et pour le développement du pays ? En tout cas, c’est l’affaire de trop à un moment où la stabilité politique légendaire du Bénin est mise à rudes épreuves.
M.M
Source: matinlibre