« Inconséquente, inopportune, affligeante et outrageante. » Dans un communiqué commun au siège de la résistance, l’opposition béninoise a réagi mardi, au lendemain de l’allocution du président Patrice Talon. Le chef de l’État béninois s’exprimait pour la première fois depuis les législatives controversées du 28 avril, la répression des manifestations qui a fait au moins 4 morts selon Amnesty, et l’installation d’une Assemblée nationale entièrement acquise au chef de l’État. L’opposition rejette l’offre de dialogue. Elle affirme qu’elle « n’entend pas s’associer à un nouveau marché de dupe ». « Le préalable à la restauration de la démocratie est la libération sans condition du Parlement », peut-on lire dans son communiqué. Éléments d’analyse.
En direction des opposants, le chef de l’État a proposé « la relecture responsable de la Charte des partis et du Code électoral », les deux lois qui ont abouti à leur exclusion du processus. Il propose également « des échanges directs, francs et constructifs au profit du Bénin ». L’opposition n’y voit aucune main tendue, mais plutôt « la répétition de la comédie, la justification du forcing ».
« Notre seule revendication aujourd’hui : c’est l’organisation de nouvelles législatives », explique l’un des responsables de l’opposition. « Nous ne marchanderons pas nos acquis démocratiques, renchérit un ancien député. Qu’il accepte déjà l’idée, qu’il ouvre ensuite un dialogue national. Il pourra toujours, au nom d’un accord politique ou du consensus national, relancer un véritable processus. »
Si l’opposition ne veut rien lâcher, quelle peut être sa stratégie pour faire fléchir le pouvoir ? Comment fera-t-elle vivre dans le temps la contestation maintenant que l’Assemblée nationale est installée ? Peut-elle parvenir à mobiliser ? « Notre marge de manœuvre est étroite,reconnaît l’opposant, mais nous avons notre détermination et le peuple avec nous ».
Autre question qui se pose : dans les textes à relire, le chef de l’État n’a pas évoqué la Constitution. A-t-il définitivement renoncé à son projet de révision ou a-t-il préféré temporiser pour ne pas allumer de nouvelles polémiques ?
Le problème, c’est la mauvaise foi du président…