Si Mokhtar Belmokhtar se cache en Libye, ce terroriste en fuite représente une “menace évidente” pour toute la région, a déclaré le Président malien Ibrahim Boubacar Keita lundi 14 avril.
“On ne souhaite jamais la mort d’un homme, mais celui-ci n’est pas d’une compagnie très désirable”, a-t-il déclaré lors de sa visite au Sénégal.
Des propos tenus un jour après qu’une source proche de la sécurité malienne ait affirmé que le terroriste borgne avait quitté le Mali pour s’installer dans une nouvelle base dans le désert libyen.
“Depuis quelque temps, nous avons la preuve que Mokhtar Belmokhtar, l’un des plus dangereux islamistes algériens qui opérait dans le nord du Mali, s’est retiré en Libye pour éviter d’être arrêté ou tué”, a indiqué cette source à l’AFP.
“Depuis le territoire libyen il entend contrôler tout le Sahel”, a ajouté cette source.
Une information confirmée par une source proche de la sécurité au Niger et par une autre proche de la mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali (MINUSMA).
Belmokhtar (également connu sous le pseudonyme de Khaled Abou El Abbas, ou Laaouar) est l’ancien émir d’al-Qaida à l’origine du siège meurtrier de l’an dernier du complexe gazier d’In Amenas en Algérie, ainsi que de plusieurs attentats au Niger.
Pour tenter de renflouer ses rangs et de gagner du terrain, il a fusionné sa brigade avec le groupe terroriste malien du MUJAO.
“Même s’il est retiré en Libye, il continue de perpétrer des opérations souvent meurtrières dans le Nord-Mali”, explique l’analyse malien El Hadj Konate.
En juin dernier, le programme Rewards for Justice avait offert cinq millions de dollars (3,7 millions d’euros) pour toute information permettant la capture de Belmokhtar, a-t-il souligné.
Mais s’il se trouve dans le sud de la Libye, “il a tout le loisir de reconstituer ses forces, car il s’agit d’une zone de non-droit”, a-t-il ajouté.
Belmokhtar a survécu à l’intervention militaire internationale dans le Nord-Mali, mais “la chasse aux jihadistes se poursuit”, a expliqué à Magharebia la journaliste malienne Louise Diallo.
“Une vaste patrouille dans les régions de Tombouctou, dans le nord-ouest, et de Kidal, dans le nord-est, a permis l’arrestation cette semaine de plusieurs personnes soupçonnées appartenir à des mouvements terroristes”, explique-telle.
“Dans la réalité, même si ces arrestations confortent psychologiquement la population dans le fait que les choses avancent et progressent, elles ne sont qu’une infime partie du travail qu’il reste à accomplir dans la région”, a ajouté cette journaliste malienne.
Belmokhtar est également un sujet d’inquiétude au Niger voisin.
“Ici au Niger, on n’est pas prêt d’oublier le 23 mai, avec ce double attentat contre une base militaire et une mine d’uranium exploitée par les Français, qui avait frappé le nord du pays, faisant plusieurs dizaines de morts”, explique le journaliste Hamad Oumarou.
“Nous avons une longue frontière avec la Libye… et ce pays est dans le chaos. Le sud de la Libye est devenu le lieu de rendez-vous de tous les terroristes de la région”, explique-t-il.
Pour empêcher le recrutement par les terroristes, le Niger “œuvre au renforcement de sa sécurité et au développement du nord du pays, où les habitants, en particulier les Touaregs, disent avoir été marginalisés”, ajoute-t-il.
Zarami Abba Kiari, porte-parole du parti au pouvoir au Niger, confirme que la population jeune du pays est en danger.
“Comme l’Islam est dominant dans notre pays, il est facile pour ces forces du mal d’infiltrer la jeunesse nigérienne”, ajoute-t-il.
Le ministre nigérien de l’Intérieur a récemment demandé à la France et aux Etats-Unis d’intervenir pour “éradiquer la menace terroriste” en Libye.
Le sud de la Libye est devenu “un incubateur des groupes terroristes”, a déclaré Massoudou Hassoumi à RFI le mois dernier.
Plus tôt, le chef d’état-major des armées françaises avait laissé entendre qu’une opération internationale dans la région pourrait éviter la formation “d’un nouveau centre de gravité du terrorisme”.
Magharebia