A quelques heures seulement de la prochaine élection présidentielle en Algérie, près de vingt-trois millions d’électeurs se préparent à participer à ce scrutin du 17 avril.
En attendant, les six candidats et leurs équipes de campagnes reviennent sur cette campagne de vingt-et-un jours, qui s’est refermée le 13 avril.
Cette campagne a connu quelques échanges vifs entre le Président Abdelaziz Bouteflika et Ali Benflis, l’un de ses anciens Premiers ministres et son principal rival lors de cette élection. Samedi, en présence du ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia-Margallo, en visite dans le pays, Bouteflika a accusé Benflis d’inciter à la violence.
“Qu’un candidat vienne menacer les préfets et les autorités, leur disant de faire attention à leurs familles et à leurs enfants en cas de fraude, cela veut dire quoi ?”, a déclaré Bouteflika devant son invité. C’est du “terrorisme à travers la télévision”, a-t-il affirmé, ajoutant que la campagne avait parfois “manqué d’élégance”.
Le Président sortant faisait référence à des propos tenus par Benflis le 9 avril à propos des risques de fraude électorale. “La fraude est haram. Le faux et usage de faux est haram.
Je m’adresse aux walis et aux chefs de daïras : vous avez des familles, pensez à les préserver”, avait-il déclaré.
Mardi, lors d’une conférence de presse, Benflis a réfuté les accusations portées contre lui, affirmant que ses propos avaient été mal interprétés.
“On m’a accusé de terrorisme. Ces accusations infondées sont la preuve que la peur et l’incertitude ont gagné l’autre camp, qui milite pour l’héritage du règne sur le pays”, a déclaré Benflis, renouvelant son engagement de candidat à “préserver la paix et la sécurité dans le pays”.
Mais il a promis de ne pas rester silencieux en cas de “fraude avérée, dans le cadre d’une contestation pacifique”.
“La mobilisation en cas de défaite sera pacifique. Il n’y aura aucun recours à la violence, mais je ne me tairai pas”, a-t-il insisté. “Je prends part à cette élection pour ne pas leur laisser la scène à eux seuls. Pour ne pas les laisser jouer seuls”, a-t-il expliqué.
Le journaliste Hocine Lachioui ne s’attend pas à de grands bouleversements.
“On se réveillera le lendemain avec le même Président que celui que nous eu depuis quinze ans. Les jeux sont faits. Le choix du Président dans notre pays n’a jamais été une affaire de suffrage universel, mais de désignation par un collège de décideurs”, explique-t-il.
Mehdi Ighil, un photographe, prédit que Bouteflika s’éclipsera après le 17 avril, immédiatement après avoir amendé la constitution, qui lui permettra de se doter du poste de vice-Président, dont le détenteur aura à “gérer les affaires et représenter le pays”.
Bref, estime-t-il, “nous hériterons du même système”.
Pour Mokhtar Benkadada, infirmier, l’élection présidentielle sera “un moment décisif” qui marquera “le début de la fin du système”.
“Les Algériens comprendront que l’élection aura servi à reconduire le statu quo, d’où la prise de conscience qui s’opérera au sein du pays pour réclamer un véritable changement et un autre mode de gouvernance”, explique-t-il.
Rabea Achari, co-gérante d’une entreprise, résume ainsi le sentiment d’une large partie de la population algérienne : le souhait que la paix et la sérénité prévalent au lendemain de l’élection.
Magharebia