Une trentaine d’experts venus du Burkina Faso, du Niger, de Mauritanie, du Sénégal, du Tchad, du Mali, ainsi que plusieurs représentants d’organisations internationales, vont dresser le bilan des opérations menées dans la région depuis janvier 2013 et réfléchir aux pistes envisageables de stabilisation des pays du Sahel
La sécurité dans le Sahel sera au cœur des échanges entre chercheurs et praticiens au cours d’un séminaire organisé par l’unité de recherche sur les conflits de l’Institut Clingendael de relations internationales. Cette rencontre se tient aujourd’hui à l’hôtel Salam sous le thème : « Après la crise : sécurité et stabilisation dans la région saharo-sahélienne ». Clingendael est aussi bien un think tank qu’une académie diplomatique néerlandaise, dont l’objectif est d’améliorer les connaissances en relations internationales.
Le séminaire réunira une trentaine de participants venus du Burkina Faso, du Niger, de Mauritanie, du Sénégal, du Tchad, du Mali, ainsi que plusieurs représentants d’organisations internationales, afin de dresser le bilan des opérations menées dans la région depuis janvier 2013 et de réfléchir aux pistes envisageables de stabilisation des pays du Sahel.
Le séminaire de Bamako, dans le souci d’éviter une marginalisation d’autres problématiques, plus locales, de développement qui constituent la base de la stabilité, veillera par conséquent à intégrer l’ensemble des aspects liés au processus régional de stabilisation. Il visera à accompagner au plus près la réflexion des acteurs locaux et internationaux engagés, mais aussi de prévenir à moyen terme l’émergence de nouvelles instabilités dans la région. Au cours de cette rencontre, quatre tables rondes seront animées avec une approche de discussion interactive entre chaque membre du panel, afin que chaque participant puisse « éclairer » le thème avec son expertise spécifique.
Le conflit libyen, le déclenchement de la quatrième rébellion au Nord du Mali en janvier 2012 et l’occupation des villes du septentrion par des groupes et organisations armées ont significativement fragilisé l’équilibre, déjà précaire, de la région sahélienne, soulignent les organisateurs de la rencontre dans un document remis à la presse. Depuis janvier 2013, plusieurs opérations militaires internationales ont permis de répondre aux menaces les plus immédiates posées par cette succession de crises. Malgré les progrès réalisés, la situation sécuritaire demeure toutefois toujours volatile et marquée par un niveau élevé d’insécurité et la permanence de trafics déstabilisateurs.
L’évolution défavorable de l’environnement politique et sécuritaire régional constitue une source essentielle de préoccupations. La situation libyenne, l’aggravation des menaces pesant sur le Niger, le développement des trafics et les collusions existantes entre groupes armés font aujourd’hui craindre une internationalisation du problème sahélien. La question des réponses locales, régionales et internationales à apporter à ces tensions revêt, dans ce cadre, une importance déterminante dans la perspective d’une stabilisation durable de la zone.
Au plan malien, alors que la perspective de discussions de paix pouvait laisser espérer une stabilisation, au moins temporaire, de la zone septentrionale, les difficultés rencontrées et le retard pris interrogent désormais sur l’efficacité et les résultats concrets à attendre d’un accord inter-malien.
Dans la région, les mécanismes de dialogue et de coordination existants (G5 par exemple), destinés à mutualiser les politiques sécuritaires et de développement entre pays du Sahel, peinent encore à faire la preuve de leur efficacité. Parfois accusés de ne servir que les intérêts d’un nombre limité d’Etats, ils ne parviennent que très imparfaitement à répondre aux dégradations sécuritaires actuelles. À terme pourtant, une coordination régionale sur ces questions constitue toujours une étape essentielle à la réussite d’un processus de stabilisation.
Au-delà pourtant des seules actions de sécurité régionale, une stabilité durable au Sahel ne peut s’affranchir d’une réflexion, plus locale, sur les voies et moyens d’un développement des régions périphériques et le renforcement des liens des populations avec l’Etat central. La question des infrastructures de développement (routes, écoles, etc.) ou celle, générale, des pistes d’amélioration des conditions de vies des populations « périphériques » peuvent ainsi participer d’une réflexion globale sur la sécurité au Sahel. En s’attachant aussi aux questions de développement local, qui constituent la base de la stabilité au Sahel, le séminaire de Bamako visera à accompagner la réflexion des acteurs locaux et internationaux engagés dans la région sur des pistes plus globales de stabilisation, complémentaires aux approches politiques et sécuritaires traditionnellement étudiées.
A. DIARRA
source : L Essor