Les populations ont adhéré à la démarche interactive adoptée par la caravane. Ce qui a permis à celle-ci de mieux faire connaitre l’Accord pour la paix
Un long périple au service d’une bonne cause. C’est ainsi que l’on peut percevoir l’initiative lancée par le ministère de la Réconciliation nationale. Le Département organise en partenariat avec le Programme d’appui à la transition (PAT-Mali) financé par l’USAID une caravane dénommée « Azalaï Kayes-Kidal pour la paix et la réconciliation au Mali ». Celle-ci a pris le départ le 3 juin de Bamako pour Kayes où a eu lieu le lancement le 4 juin. De la capitale des rails la caravane s’est rendue ensuite à Nioro du Sahel (4-5 juin), à Kolokani (5-6 juin), à Kita (6-7 juin), à Kangaba (8 juin) et à Koulikoro (8-9 juin).
Les étapes de la Région de Koulikoro ont connu plus de réussite que celles de Kayes. Tout particulièrement au niveau de la mobilisation des jeunes gens lors des public-shows qui se tiennent après le diner et qui sont précédés d’une activité d’animation. Les caravaniers sillonnent alors les grandes artères de la localité investie pour inviter les populations à se rendre au public-show où leur seront distribués des T-shirts et des drapeaux. La ville de Koulikoro a eu droit à la prestation de l’artiste de renommée internationale Alou Sam, du comédien Guimba n°2, de Leïla Goby et d’artistes locaux. Les organisateurs ont également proposé un film documentaire rapportant des témoignages des populations du Nord du Mali dont celles de Kidal éprises de paix pour un Mali uni et digne.
Le seul point sombre de l’étape de Koulikoro-ville a été la très faible mobilisation des cadres pour la conférence tenue dans la salle de spectacles Siramory Diabaté. La rencontre n’a réuni qu’une vingtaine de personnes et n’a pu commencer qu’à partir de 11 heures, avec un retard considérable. Le coordinateur de l’Union des radios et télévisions libres de Koulikoro, Youssoufa Maïga a imputé l’échec de l’événement au fait que les associations de femmes et de jeunes n’ont pas été contactées. La rencontre a été l’occasion de distribuer des dépliants résumant en quelques points essentiels l’Accord pour la paix et la réconciliation, ainsi que des revues proposant le texte intégral de l’Accord traduit en plusieurs langues nationales et des T-shirts.
La conférence des cadres, présidée par le gouverneur de la région de Koulikoro, Allaye Tessougué, a enregistré la présence de l’ancien ministre Ousmane Ag Rhissa, président de la caravane, de Mohamed Ag Bilal du ministère des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, de Oumou Dicko, chargée de mission au MRN, et de la marraine de la caravane, Dr Mariam Maïga. Tous ont répondu aux différentes questions posées par les participants sur l’Accord ou sur la situation qui prévaut actuellement à Ménaka.
LIRE ET COMPRENDRE. L’un des intervenants, Cheickna Coulibaly, s’inquiétait de la possibilité accordée à chaque Région de se choisir une autre appellation officielle que celle d’aujourd’hui. Oumou Dicko indiquera que l’ouverture existe effectivement, mais que la réalisation de l’initiative se fera dans une concertation avec l’ensemble des communautés. Toutes les instances locales seront invitées à se prononcer sur le bien-fondé de la proposition et il n’est pas du tout acquis que celle-ci passe comme une lettre à la poste.
Aminata Konaté, qui représentait à la fois le maire et la CAFO, s’est étonnée du fait que malgré la signature de l’Accord, les hostilités ont repris et que l’insécurité persiste. Elle a aussi demandé des explications sur la position de l’Etat sur le cas de Ménaka. Pour Mohamed Ag Bilal, la position de l’Etat est simple : « Le Mali a signé des instruments de résolution de conflit et il les respecte. Ensuite l’Etat sait qu’il y aura une relève des troupes occupantes par des troupes autorisées, notamment l’armée malienne et la MINUSMA. Et toutes les résolutions des Nations Unies insistent sur le fait que que l’intégrité du Mali est préservée ».
Dr Mariam Maïga a dans son intervention invité les femmes à se présenter en grand nombre pour être élues dans les nouvelles instances et à tous les niveaux. Pour elle, l’autre élément fondamental à faire observer reste que chacune des femmes s’investisse pour lire et comprendre l’Accord. Le représentant de l’AMUPI et membre du Haut conseil islamique à Koulikoro, El hadj Sissoko a insisté sur le fait que la commission Justice, vérité et réconciliation (CJVR) doit condamner au-delà des auteurs des crimes ceux qui ont été leurs complices à Bamako.
La caravane a vu son efficacité saluée à juste titre par les citoyens des villes de Koulikoro, de Kolokani et de Kangaba. « Une kyrielle de missions est passée pour expliquer le contenu de l’Accord et recueillir l’avis des populations. L’exercice d’aujourd’hui (mardi 9 juin) est le bienvenu, car il permet de prendre en compte l’avis des Maliens dans la mise en œuvre de l’Accord. J’invite donc les participants à faire la restitution de ce qu’ils ont entendu ici », a indiqué le gouverneur Allaye Tessougué.
De l’avis unanime des participants, le Mali est une mosaïque de populations vivant en parfaite harmonie. C’est pourquoi, dira le chef du quartier de Koulikoro-centre, Modibo Diarra, le Nord est inséparable du reste du Mali. Lui-même a effectué son service militaire à Kidal, Taoudéni et Tombouctou. Pour lui, ces localités sont liées historiquement et les différentes ethnies y vivent en symbiose. L’Accord ne peut donc être qu’une chance pour notre pays s’il en renforce la cohésion sociale, a-t-il estimé.
Envoyés spéciaux
A. A. MAÏGA
N. SAMAKÉ
source : L Essor