Ouverte en 2018, la base de Ménaka, dans la région dite des trois-frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, hébergeait, notamment le groupement de forces spéciales françaises et européennes Takuba.
L’armée française a officiellement quitté, hier, la base militaire de Ménaka, dans le nord-est du Mali, et a remis les clés aux forces armées maliennes (FAMa), avant-dernière étape du départ de la force antijihadiste Barkhane du pays, a indiqué l’état-major français. Les militaires français quittent le Mali pour de bon «à la fin de l’été» avec le transfert aux FAMa de leur principale emprise de Gao, a souligné le porte-parole de l’état-major, le général Pascal Ianni, lors d’un point presse. Ouverte en 2018, la base de Ménaka, dans la région dite des trois-frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, hébergeait, notamment le groupement de forces spéciales françaises et européennes Takuba, qui avait pour but d’aider les forces maliennes à gagner en autonomie. Son PC est maintenu à Gao, avant sa disparition. «Il n’est pas envisagé de transférer Takuba au Niger», a précisé l’état-major. Les rapports entre les autorités de transition à Bamako et Paris, ancienne puissance coloniale, se sont brutalement dégradées ces derniers mois, en particulier depuis l’arrivée au Mali de conseillers militaires russes, poussant les deux pays à la rupture après neuf ans de présence française ininterrompue «pour lutter contre les terroristes».
Le départ de Ménaka, hier, «a été conduit en bon ordre, en sécurité et en toute transparence, dans un contexte où la force Barkhane «fait face à des attaques informationnelles régulières visant à entacher son action et sa crédibilité», commente l’état-major. Au lendemain de la précédente rétrocession d’un base française, en avril à Gossi, l’état-major français avait diffusé des vidéos tournées par un drone à proximité de cette emprise «montrant des paramilitaires de la société russe Wagner en train d’enterrer des corps en vue de faire accuser la France de crimes de guerre», une opération qualifiée de propagande et de manipulation par les dirigeants maliens.
Ainsi, avant la rétrocession de Ménaka, l’armée française a été «très vigilante aux attaques informationnelles», soupçonnant de possibles manoeuvres pour nuire à son image notamment via l’organisation de manifestations anti-françaises, ou d’accusations de collusion entre Barkhane et les terroristes, qui ont déjà transpiré sur les réseaux sociaux. Barkhane au Sahel, la plus grosse opération extérieure actuelle de la France, a mobilisé jusqu’à 5500 hommes sur le terrain en 2020. Paris avait décidé de réduire la voilure l’été dernier, fermant ses bases militaires avancées les plus au nord du Mali – Kidal, Tessalit et Tombouctou. Le président français Emmanuel Macron a ensuite décidé en février un retrait militaire total du Mali, dans un contexte sécuritaire dégradé et de crise diplomatique entre Paris et Bamako. Toutefois, «la réarticulation de la force Barkhane et le transfert de l’emprise de Ménaka, après celle de Gossi, ne marque pas le départ des armées françaises de la bande sahélo-saharienne», fait valoir l’état-major français, en assurant que «l’engagement dans la lutte contre le terrorisme, aux côtés des Etats de la région, à leur demande (…) reste une priorité absolue».
Source: lexpressiondz