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AUX ENFANTS DU MALI : SANS BON SENS, LE MALI CESSERA D’EXISTER

Vous voudrez bien me pardonner pour tout ce qui peut paraître tel un excès dans cette correspondance et l’accepter simplement d’un homme, Inspecteur Général de la Police à la retraite, qui demeure un simple citoyen malien. Vous soumettre mes inquiétudes est mon unique objectif et peut être vous jugerez naïves, les propositions qui suivent et qui sont les fruits de ma modeste capacité d’analyse.

 Inspecteur general yaya sangare police nationale

Ma conviction est qu’une quelconque division ou opposition des fils déjà désorientés de ce pays, ne peut qu’être fatale ou catastrophique.

Je voudrai ainsi m’intéresser

1) A la révision constitutionnelle :

Il est nécessaire qu’une révision constitutionnelle pour le respect de l’accord d’Alger, soit approuvée par les Maliens qui aspirent à la paix.

Cette approbation aurait pu être acquise en supprimant les articles, sources de conflits, et qui ne sont pas indispensables au respect de cet accord ?

Ces articles, malheureusement nous éloignent de l’objectif réel de cette révision, et nous plongent dans une confrontation malheureuse.

Nos représentants qui ont exigé le rajout de ces articles, devront répondre devant le peuple, même si le Président IBK a toute sa part de responsabilité. Ils sont responsables de l’échec de ce projet.

Malgré, l’avis de Maître CECCALDI, avocat français à l’origine de ce projet constitutionnel, ils ont tout détruit, par ces rajouts.

Il était pourtant aisé d’avouer au Président que la triste motivation de ces rajouts, ne marchera jamais au Mali.

Pire ils ont fait perdre au Président l’amour et le respect du Peuple malien au risque de lui faire perdre son pouvoir.

Les modalités de nomination des membres ou des présidents d’une quelconque Cour, ne sont pas une exigence de l’accord d’Alger ; il en de même pour la création d’un Sénat, dont les attentes peuvent être assurées par d’autres structures. Soucions-nous vraiment du Mali.

L’accord d’Alger nous conduit à opter sur la nature de l’intégration ou de l’existence des régions du nord dans ce qui sera le Mali de demain.

Peut être un Mali de demain constitué de régions autonomes, de régions Etats ; de régions confédérées, de régions fédérées ou toute autre forme devant nous permettre de taire les armes et d’espérer vivre ensemble en paix, même s’il faut se résoudre à accepter que ce Mali ne sera plus le Mali de nos rêves d’antant.

Tout Malien aujourd’hui devra se soucier de ce qu’il adviendra du Mali dans les prochaines années plutôt que de penser à sa seule personne dans un pays qui semble évoluer vers sa fin, si nous ne changeons pas.

Une révision constitutionnelle n’est ni une élection communale, ni une élection présidentielle. Elle ne peut être un jeu, car conditionne l’existence même du Mali.

C’est malheureux et dommageable qu’une légèreté conduise à remplir des SOTRAMA d’enfants innocents, risquant leur vie, pour soutenir une révision constitutionnelle, à laquelle ils ne comprennent rien. Et si un enfant mourrait ?

Le dialogue doit prévaloir.

Seules les idées doivent s’affronter et non les forces de mobilisation ou de combat ; combat et mobilisation dont nous sommes incapables, face aux réels adversaires du peuple malien.

Regardons les choses en face et ne brûlons pas ce pays qui jadis était de dialogue et de respect. Le Mali n’est grand aujourd’hui que de souvenir, ou de nom.

Nous devons avoir honte de nous, si de par nos agissements nous entretenons ce climat destructeur pour un pays qui fait déjà pitié.

Réveillons nous.

Nous ne sommes forts que pour nous opposer et nous détruire à l’interne quand nous ne sommes que faiblesse face à une agression extérieure.

Nous devons faire preuve de mobilisation quand nos soldats sont attaqués et tués comme des lapins et après plus rien.

Nous n’avons aucun moyen pour prévenir les dangers qui nous menacent et nous croisons irraisonnablement nos ridicules forces.

Ce qui me conduit au deuxième point de ma correspondance.

 2) A l’application de la Charia :

Si l’application de la charia par la force des armes est anti-démocratique, il est que l’opposition systématique à la charia est aussi anti-démocratique.

Mais au juste qu’est-ce que la Charia ?

Qu’est-ce que la démocratie ?

Quel peut être le lien réel entre la charia et la démocratie ?

Vous ne m’en tiendrez pas rigueur de ne pas répondre à ces questions, au risque de donner tout autre sens aux contributions que je voudrais vous soumettre.

Vous me permettrez néanmoins de souligner que c’est au nom de la démocratie que le monde a assisté impuissant à l’assassinat de Mouammar KHADAFFI et de Saddam HUSSEIN tout en jetant dans la nature des généraux qui aujourd’hui prouvent aux yeux du monde qu’ils ont des connaissances, des capacités et une foi.

D’où l’Etat Islamique qu’aujourd’hui, il est difficile de détruire comme il a été aisé de détruire la Libye et l’Irak.

Nul, ne peut envisager la fin des affrontements contre l’Etat Islamique.

Nul ne peut faire le point entre le nombre de civils tués par les bombardements des puissances militaires et ceux tués par l’Etat Islamique.

Si les avions de chasse n’opèrent qu’en dehors des frontières de ces puissances militaires, il faut comprendre que nous finirons par être placés devant nos responsabilités.

Nous ne devons pas nous priver d’envisager ou de penser à des solutions conformes à nos moyens.

Si ces solutions ne sont pas évidentes, il est moins évident que nous puissions continuer à compter nos morts chaque jour que Dieu fait et ce dans l’ignorance du lendemain. Notre incapacité est à chaque coup, chaque jour mise à jour et tout est comme s’il faut attribuer à Dieu le risque de la prochaine tuerie.

Nous ne devons pas attendre que les maîtres penseurs finissent par nous demander de négocier quand nous serons abandonnés à notre sort.

La France ne peut continuer à soutenir une politique dont elle n’a pas les moyens, et souhaitons que l’existence de forces africaines soit une réalité, même si nous n’avons souvenir d’aucun exemple d’une réussite de collaboration africaine.

Nos frères Iyad Ag Aly et Kouffa de même que leurs soldats sont des Maliens qui croient peut être autrement à ce que nous n’arrivons pas à appréhender.

Qui a raison ?

Qui a tort ?

L’essentiel ne réside pas dans ce que nous croyons être la bonne réponse. A défaut de faire un référendum pour savoir si des régions entières n’opteront pas pour la charia, il est opportun que nous acceptions nous parler et que nous acceptions nous écouter. Ceux favorables à la charia, ne sont peut être pas minoritaires.

L’autonomie ou la semi indépendance de certaines régions ne se fera peut être pas sans la prise en compte de la charia.

Nous sommes des Maliens, et l’effort de trouver le moyen pour se parler, s’écouter et se comprendre est plus que jamais nécessaire, voire indispensable.

Nos ancêtres ont toujours privilégié le dialogue ; lequel permet d’éviter le constat d’une incapacité totale. C’est l’unique signe de la sagesse et de la grandeur d’un peuple à travers ses dirigeants.

Combien pénible pour un pays sans moyens de défense de devoir affirmer sans y croire sa volonté de se battre contre des adversaires, quand devant lui sont couchés ses enfants sans vie ; enfants pour lesquels il ne peut plus rien.

Combien pénible pour un pays sans défense de diviser son peuple par des démonstrations ridicules de force, juste pour aboutir à un consensus, qui s’éloigne de jour en jour.

Mon souhait est que ces lignes nous conduisent à accepter poser les problèmes et d’y faire face malgré les difficultés, mais avec dignité.

Le Mali, par les mouvements islamiques, est occupé dans ses deux tiers, à 90%, et le tiers restant l’est à 55%.

Et c’est le moment que nous trouvons pour faire des démonstrations ridicules de mobilisation, pour défendre un projet de constitution qui semble ne pas convenir aux Maliens.

Les mouvements islamiques ont toujours emboîté le pas aux rebellions. C’est l’observation de la période propice qui importe. Et cela a marché dans tous les pays, comme au Mali causant la chute du Président ATT.

La rébellion a suffisamment servi les mouvements islamistes, et nous nous livrons en nous affaiblissant davantage, si nous ne sommes déjà pas à disposition ; et ce à travers nos querelles d’endormis.

Le dernier point est relatif à l’attitude de certains responsables qui se comportent en contre sens affaiblissant tous les jours le pouvoir, dont ils espèrent tirer profit.

Un homme qui critique n’est pas un adversaire ou encore moins un ennemi. Qui a toujours raison ?

Nul n’est Dieu au milieu des hommes.

Quand le Jeune Ras Bath exprime fort ses critiques.

L’essentiel n’est pas de vouloir lui créer des problèmes ; mais plutôt se demander, dans ce qu’il dit, ce qui est vrai, donc à prendre en compte et ce qui ne l’est pas donc à le convaincre du contraire par le dialogue et la confrontation des idées.

C’est un homme malgré son âge.

Il peut se tromper comme il peut être raisonnablement dans ses droits.

Il faut considérer telle une chance, qu’un enfant du pays accepte et s’expose à tous les risques pour accepter dire ce dont il est convaincu, et avec lequel beaucoup de jeunes et adultes maliens sont d’accord.

Ne soyons pas aveuglés par des profits qui peuvent malheureusement être source de malheur, et mettre fin à tout acquis.

Nous ne sommes ni forts, ni riches ; seul le bon sens nous sauvera.

Evitons que les revendications présentes, ne débouchent sur d’autres revendications.

Que Dieu protège le Mali.

Que Dieu nous assiste.

Amen.

Bamako, le 29 juin 2017

Inspecteur Général Yahaya SANGARE

     Chevalier de l’Ordre National

Source: Le Républicain

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