Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

AUTORITES INTERIMAIRES : De charybde en scylla

L’installation des autorités intérimaires dans les régions du Nord ne garantit aucunement le retour effectif de cette partie du pays dans le giron de l’Etat.

rebelle touareg mnla bandit armee hcua cma maa azawad réunion conference kidal nord mali

Pendant que ça discute à New York sur le renouvellement du mandat de la Minusma, la mise en place d’autorités intérimaires dans les régions du Nord continue d’être au cœur des échanges sur l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation.

L’on se souvient que la Coordination des mouvements armés (CMA) et la Plateforme avaient conditionné la relance du processus de paix à l’installation d’autorités intérimaires dans les collectivités du septentrion. Cela sera désormais chose faite puisque le gouvernement et les mouvements armés se sont mis d’accord sur ce point sensible lors de la 9e session du Comité de suivi de l’accord, tenue en début de semaine.

Mais, il est évident que rien ne passera comme une lettre à la poste. Beaucoup d’enjeux entourent cette phase du processus de paix. D’un côté, il y a un gouvernement, qui, acculé par les critiques de l’opposition politique et d’une partie importante de la société civile, veut reprendre le contrôle de cette partie du pays.

De l’autre côté, il y a des mouvements armés décimés par des rivalités internes et externes et qui veulent s’assurer que l’Etat ne leur joue pas un sale coup en perdant partiellement ou totalement les zones sous leur emprise. Finalement, il faudra s’attendre à un cocktail explosif qui aura des conséquences non seulement sur les régions septentrionales du Mali mais aussi sur l’avenir de la nation.

La désignation des membres de l’autorité intérimaire promet une guerre d’usure. Le document adopté par les différentes parties de la crise du Nord précise que les nouvelles autorités seront choisies de « façon consensuelle ».

Cependant, les observateurs avertis du dossier du septentrion malien savent déjà que le consensus sera une denrée rare dans l’installation des autorités intérimaires. Plusieurs figures de la rébellion, qui prétendent défendre les intérêts des populations locales, n’ont pas de légitimité auprès de leurs supposés mandants.

Or, ces têtes de proue veulent profiter de cette « aubaine » pour faire main basse sur diverses collectivités territoriales. Les habitants locaux accepteront-ils de se faire diriger par des gens en qui ils ne se reconnaissent pas ? L’on se demande d’ailleurs ce que seront les autorités locales déjà en place et qui ont été élus de façon démocratique. Faudrait-il sacrifier la démocratie sur l’autel d’un hypothétique processus de paix ?

Scepticisme

En plus de la question de la légitimité, il faudra faire face aux luttes d’intérêts entre les différents groupes armés appelés à désigner leurs délégués. Ces antagonismes, qui ont causé d’énormes dégâts collatéraux, ont longtemps menacé le processus de paix. Et si l’on ajoute le fait que les représentants des mouvements armés doivent siéger dans les mêmes conseils municipaux que ceux de l’Etat, la mayonnaise risque de ne pas prendre.

La cohabitation entre les représentants des groupes armés et ceux de l’Etat ne sera pas une partie de plaisir.  Pour des gens habitués à piétiner les symboles de l’Etat, gérer une localité aux côtés des délégués du gouvernement ne devrait pas être un frein à la réalisation de leurs vœux même si ces derniers sont incompatibles avec les principes sacro-saints de la République.

Ce n’est un secret pour personne que des figures de la rébellion ont intégré des cercles mafieux dont celui de la drogue. Et quand on donne à ces dirigeants rebelles le pouvoir de décision sur plusieurs localités du Nord, le réseau de la drogue risque de s’étendre.

Les représentants de l’Etat qui siègeront aux côtés de ces leaders de la rébellion devront soit ignorer les forfaits de ces derniers soit faire face aux conséquences néfastes d’un conflit d’intérêts. La mise en place des autorités intérimaires mettrait sur orbite les partisans des groupes sécessionnistes, au détriment de délégués du gouvernement déterminés à défendre la cause de la patrie unie.

En tout cas, l’Etat malien risque gros dans la mise en place des autorités intérimaires. Les inquiétudes se multiplient et les langues qui ont activement pris part au processus de négociations de l’accord pour la paix commencent à se délier.

Se prononçant en avril dernier sur l’installation des autorités intérimaires, l’ex-Premier ministre Moussa Mara a mis l’Etat en garde contre la création des « conditions de la durabilité et de la permanence de situations qui devraient être exceptionnelles et éventuelles ».

Pour le deuxième PM d’IBK, comme la « composition des autorités intérimaires est apparemment le fruit de discussions entre les partis signataires de l’accord, il n’est pas compréhensible que le gouvernement soit mis au même niveau que les groupes armés ».

Une façon claire d’inviter l’Etat à déjouer les pièges des mouvements séparatistes, qui donnent l’impression d’imposer leur diktat au gouvernement.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

 

Source: lesechos

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance