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ECONOMIE : D=X+Y+Z+T : Une équation insoluble ou sans solutions ?

Les sciences mathématiques nous apprennent que lorsqu’il y a plus « d’inconnues » que de « connues » dans une équation, cette équation est insoluble ou sans solutions. De même que lorsqu’il ya plus d’hypothèses de prévisions relativement imprécises, floues et confuses, toute prévision devient irréaliste voire ridicule.

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En matières de sciences sociales : économie, gestion, comptabilité, etc il n’y a pas de problèmes insolubles ou sans solutions, tout est question de patriotisme, du degré d’amour pour le pays et pour les générations futures et donc de la volonté des peuples et des dirigeants pour leur pays.

De la notion de développement.

Le développement est la finalité de beaucoup d’actes que l’on pose dans la vie de tous les jours. A l’échelle individuelle, locale, régionale, nationale, l’ultime aspiration des Hommes, « c’est le mieux être », le développement.

Mais le développement n’est pas une chose qu’on atteint définitivement. C’est l’amélioration sans cesse quantitativement et qualitativement d’un « existant », de quelque « chose qui existe déjà ». On ne peut pas développer quelque chose qui n’existe pas.

Etymologiquement, selon le dictionnaire LAROUSSE, « le développement est l’action de développer, de faire croitre, de faire grandir, on parlera par exemple de développement d’un enfant, d’une plante ». Ainsi on parle de développement d’une localité, d’une communauté, d’un pays qui existe.

De cette définition, on constate que le développement est un processus ininterrompu. En matière de développement économique et social, on constate dans le processus de développement de l’Afrique, qu’il y a eu rupture pendant près d’un siècle. En effet, par les faits de la religion, l’islam et le christianisme, de la colonisation, l’Afrique a été contrainte d’abandonner son processus « naturel de développement » : les langues, le mode de vie, l’organisation sociale, l’organisation politique, la justice, le savoir et sa transmission, la santé et les modes de traitements et de guérison des maladies, mais surtout son autonomie de pensée.

De toutes les conséquences de la rupture brutale dans le processus de développement des pays Africains, celle qui marquera à jamais, c’est la destruction de la pensée et la mentalité avec son corollaire la perte de repères. Les pays de l’Afrique sont, désormais, dans un train qu’ils ne savent pas d’où ils viennent. Ils n’ont plus de pensée autonome, par complexe et manque de confiance en soi surtout des intellectuels. Leur développement est pensé, réfléchi et conçu, à leur place dans les bureaux vitrés des institutions financières internationales, dans les chancelleries occidentales en Afrique.

Dans l’impossibilité de retrouver le « processus naturel » de son développement, chaque pays doit, dans le cadre des concepts et normes économiques internationalement reconnus, penser et concevoir, comment faire accéder la majorité écrasante de ses citoyens à un mieux être ? Les voies et moyens, ou stratégies trouvées forment sa politique de développement économique et social.

Etant donné que le développement concerne tous les aspects de la vie, la politique économique comprend forcément plusieurs composantes ou politiques spécifiques dont on cite entre autres :

La politique agricole qui répond à la question comment produire et faire accéder l’écrasante majorité sinon toutes les populations à une alimentation de quantité et de qualité?

La politique de santé ou comment résoudre les problèmes de santé des populations en leur faisant accéder aux soins de santé, aux médicaments sur toute l’étendue du territoire national ?

La politique d’éducation, qui cherche à répondre à la question comment faire la transmission du savoir de génération en génération pour que la relève soit assurée continuellement par des hommes et des femmes de qualité ?

La politique énergétique ou comment faire accéder la majorité écrasante des concitoyens à l’électricité, l’eau, etc. ?

La politique industrielle, comment fabriquer sur place l’essentiel de ce que les populations ont besoin ?

La politique commerciale ou comment rendre disponibles, sur le territoire national, tous les produits, biens et services dont les populations ont besoin ?

La politique environnementale ou comment produire et consommer les ressources naturelles tout en préservant l’environnement pour les générations futures.

Etc.

Tous les résultats atteints dans chaque domaine s’apprécient par rapport à l’efficacité de la politique économique et du système de gestion mis en place par le pays.

Les indices de perception du niveau du développement

Posons sous forme d’équation simple, le développement comme étant, à un instant t, la somme des succès enregistrés dans ces différentes composantes de la politique économique du pays.

Développement (D) = Agriculture + Education + Santé + Energie + Industrie + Cadre de vie +……….+.

Ainsi posée sous cette forme, il est possible d’estimer, voire de quantifier le niveau du développement atteint et / ou de connaître les maillons faibles de la chaîne du développement qui nécessiteraient des efforts.

Par exemple, à un niveau de développement de 1000 dollars de revenu par habitant, il devrait correspondre forcément :

un niveau de développement agricole qui a solutionné beaucoup de besoins alimentaires quantitativement et qualitativement,

un niveau de développement intellectuel conséquent, où le pays envie peu les autres, par rapport aux standards internationaux.

un niveau de satisfaction des services de santé et de cadre de vie très agréable,

un niveau d’accès l’eau potable, à une certaine consommation d’énergie,

des équipements et infrastructures qui ont solutionné beaucoup de problèmes de déplacements par routes, air, chemins de fer et de communications, etc.

En regardant et examinant de près chacune des composantes, on a l’impression d’avoir une équation sans solutions tant des incertitudes, des inconnues, des zones d’ombre planent sur chaque composante. En effet, notre pays présente beaucoup de signes d’incapacités :

incapacité d’assurer notre autosuffisance alimentaire, de sorte que le pays dépend à plus de 70%, selon certaines statistiques, des importations de céréales, sucre, lait et autres denrées alimentaires. Le spectre de la famine plane en permanence sur notre pays.

incapacité à faire accéder toutes les populations à l’eau potable, véritable problème de santé publique. Pour beaucoup de populations rurales, dans les capitales régionales et même à Bamako, la vitrine du pays, l’eau est une denrée rare à certains moments de l’année,

incapacité à mettre en place un système éducatif au rang des standards internationaux, d’où sortent des hommes et des femmes de qualité, capables de concevoir et de mettre en œuvre des plans de développement du pays,

incapacité à faire accéder des millions de populations aux services de santé de base. En effet, on ne trouve pas de médecins généralistes, fortiori des spécialistes à tous les niveaux des structures qui forment notre pyramide de santé : CESCOM, CSREF, hôpitaux régionaux et hôpitaux nationaux,

faiblesse du tissu économique en général et d’unités industrielles en particulier et incapacité de notre économie à créer de la richesse et de l’emploi pour une jeunesse qui représente, selon les statistiques, plus de 60% de la population,

incapacité à assurer la sécurité des biens et des personnes tant à l’intérieur qu’au niveau des frontières,

incapacité à assainir notre environnement et maintenir un cadre de vie décent, solutionnant ainsi un autre véritable problème de santé de santé publique,

incapacité à mettre en place un système judiciaire équitable pour tout le monde, véritable fer de lance des investissements nationaux et étrangers, seuls moyens de lutte contre le chômage massif des jeunes, etc.

Ainsi il apparaît que l’équation ressemble à une somme d’incertitudes et d’inconnues difficile, voire impossible à résoudre. On se sent perdu ne sachant pas par où commencer.

Et pourtant en matière de gestion, sociale et économique, il n’ya pas d’équations sans solutions ou de problèmes insolubles.

D’abord, la réflexion, conséquence d’un certain éveil des consciences.

Il est généralement accepté que la philosophie est la base de toute réflexion scientifique. Il est reconnu également, qu’une « des qualités d’un bon système de gestion, c’est de poser de bonnes questions ». Au niveau individuel, microéconomique et macroéconomique, poser un problème et réfléchir est déjà un début de solutions. De cette réflexion, il se dégage deux positions ou deux camps:

On ne fait rien, la cause est entendue, certaines personnes ont la mauvaise habitude de tirer la conclusion avant de mettre la solution en œuvre. « On a tout essayé, ça ne marchera pas ». Elles ne proposent rien, mais déjà « bottent en touche » les propositions des autres. C’est le camp des « défaitistes, des négativistes ». Il est difficile de tirer profit, de s’appuyer de telle personnes, puisque la conviction, première clé de succès de la résolution d’un problème n’y est pas chez elles. Convaincues que rien n’est possible, dans une équipe, elles créent rapidement la fissure et la démobilisation des troupes. Il faut donc les identifier vite et les extirper des groupes de travail ou ne pas les confier des postes importants de responsabilité.

Refuser l’immobilisme, le statuquo, la fatalité et dresser l’éventail des solutions possibles, examiner les coûts, les avantages et inconvénients de chaque solution et en choisir les meilleures.

Non, on n’a pas tout essayé, puisque tout ne peut pas échouer, des stratégies, des méthodes, des règles, des solutions ont fait le bonheur des dizaines de pays dans le monde. Pourquoi pas nous ?

C’est le camp des progressistes, des « jusqu’au-boutistes ». Qu’ils soient des grands chercheurs en sciences sociales ou exactes, qu’ils soient Hommes politiques, Chefs d’entreprises, ce sont eux qui font progresser l’humanité à tous égards. Avec eux, il n’ya rien d’impossible, tout est question de volonté.

La volonté, il faut justement l’avoir pour surmonter les difficultés. Autant il n’y a pas de médicaments, sans effets secondaires, aucune solution en matière sociale ou scientifique ne peut être appliquée sans difficultés. Il y a des solutions qui font mal, très mal. Les médecins nous apprennent qu’il faut parfois « créer le mal pour soigner le mal ». C’est le cas par exemple où il faut opérer, ouvrir le ventre ou une partie du corps pour atteindre un mal à l’intérieur.

Quand on veut progresser, quand on veut réussir, les obstacles et les difficultés ne découragent pas. Au contraire, ils sont des défis à relever pour atteindre l’objectif final.

Ensuite, accepter la perte de privilèges pour la mise en œuvre des solutions retenues.

La mise en œuvre des solutions retenues peut faire appel à des changements de façon de la façon de faire. Le changement implique la perte de certains privilèges. On ne peut pas reformer, changer en gardant les mêmes privilèges et avantages acquis. En matière de gestion sociale, il n’ya pas d’acquis immuables, tout peut être remis en cause pour un lendemain meilleur.

Dans une course de fond comme les actions de développement, c’est la ténacité des peuples et des dirigeants qui font la différence entre les pays. En sciences sociales, en règle générale, il n’ya pas de problèmes sans solutions. Tout est question de patriotisme, d’amour pour le pays et pour les générations futures, la volonté de refuser le statuquo et l’immobilisme, de faire évoluer positivement les choses, la fierté de faire rayonner son pays dans le monde.

 

Puis, avoir une voie tracée, un plan de développement.

On ne se développe pas dans le court terme, le « sur-place » avec des actions de communication tous azimuts pour faire croire au peuple que le pays se porte bien. Non, il faut une voie tracée, un plan ou une stratégie de développement et de la prospective. Les actions à court terme, le budget annuel, ne seraient que des portions de mise en œuvre du plan de développement.

Quel niveau de développement (revenu de 1200 dollars) voulons-nous atteindre dans cinq (05) ans ? Cet objectif global implique que l’on agisse sur chacune des composantes de l’équation qui sont des objectifs spécifiques pour que ‘objectif global soit atteint. Par exemple, quelle réduction de taux de dépendance alimentaire à l’étranger voulons-nous avoir dans ces cinq (05) années ? Quelle amélioration du taux de couverture sanitaire le pays se fixe dans ces 05 années ? Etc. Ainsi l’équation va être reposée comme suit :

Niveau de Développement D(t+5) =                                         Agriculture(t+5) + Education (t+5) + Santé (t+5) + Energie (t+5) + Industrie(t+5) + Cadre de vie(t+5) +……………………..…….+(t+5).

Il est important de savoir qu’il ne pourrait y avoir de solutions isolées propres à un aspect tant il ya une certaine interdépendance des différentes politiques spécifiques de la politique de développement global d’un pays. A titre d’illustrations,

Toute la politique économique et sociale est mise en œuvre par des femmes et des hommes de qualité qui fixent des objectifs, prennent des décisions pour les atteindre, en un mot dans le cadre d’un « système de gestion ». A cet égard, le problème de ressources humaines de qualité semble être une priorité. Mais la solution de la question de l’éducation et de la formation est inséparable de la réduction de la pauvreté. Sans grands moyens, les populations auraient du mal à assurer l’éducation et la formation de leurs enfants.

Toute politique de promotion des investissements, de protection et de création des emplois, moyens sûrs pour garantir des revenus aux populations, ne peut réussir sans un système judiciaire équitable en face.

Le refus de la pauvreté, de l’assistanat et la volonté de s’en sortir.

Dans les situations de choc, la première clé de succès est le mental. Autant le mental peut « enterrer » une situation non irrémédiablement comprise, autant le mental peut vaincre des situations que l’on croyait perdues. Tous les grands sportifs l’ont reconnu. Certaines épreuves se gagnent ou se perdent mentalement.

Avec les indicateurs de mesure de la pauvreté internationalement reconnus, beaucoup de nos populations y compris les autorités sont convaincues qu’elles sont pauvres, que le Mali n’a rien, que le Mali vit d’aides. Elles pensent à tort qu’elles ne pourraient pas s’en sortir seules, elles misent sur des «Projets des bailleurs de fonds», à tel point que ceux-ci pensent, réfléchissent et conçoivent notre déplacement à notre place. Ainsi, on a créé des projets de réduction de la pauvreté, des stratégies de lutte contre la pauvreté, la pauvreté, et encore la pauvreté.

Ecouter à force de chanter aux oreilles d’un individu à comportement relativement excentrique, qu’il est fou, il risque « d’adopter des comportements de fou ».

Dans le cadre de mes activités sociales, je suis membre de la Coordination des Associations du Bélédougou. Nous essayons d’apporter des appuis à nos parents restés aux villages. En 2015, nous avons entamé des appuis aux écoles et centres de santé dans une dizaine de villages. Les constats sont accablants : des salles de classes sans toitures, sans tables-bancs, en classe les enfants sont mouillés, des dispensaires où il n’ya que deux lits d’hospitalisation, les autres malades sont couchés par terre. Etc.

J’ai posé des questions aux élus locaux sur le nombre d’habitants de la Commune. En moyenne 60 000, juste un (01) député. A supposé que la moitié de cette population soit 30 000 personnes cotisent 1000 FCFA par an, cela fait 30 000 000. Ils répondent par oui. Et pourtant je suis sûr que beaucoup de personnes se paient 1000 FCFA de crédit (cartes de recharge) par mois. Avec cette somme ne peut-on pas construire d’autres salles d’hospitalisation, au lieu que les malades viennent se coucher par terre et « acheter d’autres maladies » ?. Il eut un silence de mort dans la salle.

C’est vrai, qu’il n’est pas bon d’être trop narcissique, mais quand on n’aime pas son propre corps, quand on n’a pas le minimum de respect pour soi, les autres ne nous aimeront pas et ne nous respecteront jamais. Un vieillard m’a répondu. « Mon fils, tu as tellement raison qu’on a montré, pendant l’hivernage dernier, le dispensaire rempli d’herbes et d’eau à un « blanc responsable d’un projet ». Il nous a répondu, « d’accord vous êtes pauvres, mais les herbes et les eaux sales qui stagnent, et qui vous rendent malades encore, n’exigent pas de moyens financiers, que trois (03) bras solides pour les enlever ». Mon fils il n’est plus jamais revenu.

Un participant me demande, qui va garder cette somme de 30 000 000 FCFA ? Je réponds que dans cette commune de 60 000 habitants, il n’ya pas une seule personne de confiance. Il n’est pas non plus possible de former un groupement dirigé par des personnes crédibles ? C’est très grave. Et si on vous chargeait vous-mêmes de trouver une solution à la gestion de ce fonds collecté. Il me répond, que seul, il ne prendra pas cette responsabilité, mais il peut faire partir d’un groupe.

Dans un autre village, une seule personne a construit une mosquée d’une valeur d’environ 10 millions, mais n’a jamais pensé à faire pour environ 600 000, les tôles de trois (03) classes pour des élèves dont certains seraient peut être des grands médecins qui le soigneraient.

La morale de ces situations, c’est qu’on n’est pas un pays riche, cela est une réalité. Mais on n’est pas non plus pauvre qu’on le croit. La pauvreté, la richesse, le bonheur sont des concepts très relatifs. On est pauvre de notre volonté pour la chose commune, mais riche d’individualisme, chacun croit qu’il peut s’en sortir seul, encore des questions de privilèges.

Au Mali, on n’est pas encore arrivé à se retrouver autour d’un idéal commun. On n’a pas encore compris qu’il ya des « biens communs » comme l’école, la santé, l’énergie, qu’on ne pourrait jamais gérer individuellement.

Il est important de combattre la conviction de la pauvreté et son corollaire l’assistanat. Aucun peuple ne peut vivre éternellement assisté, attendant en permanence des dons, des aides. Tôt ou tard, le donateur se fatiguera ou il utilisera les aides et dons à d’autres fins. Le désormais feu grand boxeur Mohamed Ali dit ceci : « le boxeur ne voit pas l’uppercut ou le coup qui le met K.O, sinon il l’éviterait ». Les aides et les dons, personne ne sait le retournement de situations qui pourrait s’en suivre un jour.

Que nos autorités cessent de faire de la pauvreté un « fonds de commerce », voire un « moyen de mendicité ». Qu’elles forment les populations à se prendre en charge elles-mêmes. Il faut revoir, repenser, refonder la décentralisation. Elle n’est pas comprise, la « propre prise en charge » de la commune par les populations locales semble absente, en tout cas, elle n’est pas ancrée dans les mentalités.

Le premier grand tennis man noir, l’Américain Arthur ASHE, (1943 – 1993) vainqueur de trois grands schlems au moment où le racisme battait son plein nous enseigne cela à propos de ses succès :

«One important key to success is self-confidence. An important key to self-confidence is preparation », qui peut être traduit par : « Une importante clé du succès est la confiance en soi. Une importante clé de la confiance en soi est la préparation ».

Il faut préparer les populations laborieuses à avoir confiance en elles-mêmes et à leur « propre prise en charge ». Pour cela, il faut les faire découvrir les potentialités cachées en elles-mêmes et non de chanter, en permanence, à leurs oreilles qu’elles sont pauvres.

Puis, Arthur ASHE ajoute « Start where you are. Use what you have. Do what you can » que l’on peut traduire par « Commence là où tu es. Utilises ce que tu as. Fais ce que tu peux ».

Enfin remettre l’Homme au centre du développement par la valorisation du savoir.

Nul ne doute que c’est l’Homme qui pense, réfléchit et conçoit toutes les actions de développement. Nous ne sommes pas égaux devant l’intelligence, le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Cela est une évidence. C’est faux de dire que nous sommes tous pareils. Les génies créateurs sont parmi nous et ils doivent retenir notre attention. Ils sont des ressorts importants dans le processus du développement.

Tout le monde n’est pas habile des doigts, pour être artisans. Tout le monde n’est pas ingénieur concepteur d’un bâtiment comme le Palais des Congrès ou l’hôtel de l’Amitié. Tout le monde n’est pas grand médecin qui sauve la vie de 950 personnes sur 1000 patients examinés dans l’année. Tout le monde n’est pas Christ Seydou, grand stylite qui a donné au bogolan toute sa valeur d’aujourd’hui. N’est pas qui veut, la grande cantatrice Ami Koita, qui illettrée, donc ne sachant pas les écrits, peut concevoir des dizaines de chansons et les répéter sans se tromper. Tout le monde n’est pas le grand musicien Salif Keita, désormais répertorié dans le dictionnaire des personnes célèbres. Tout le monde n’est pas Amadou Hampaté Ba. Tout le monde n’est pas ce grand intellectuel, producteur de livre quel que soit le niveau : fondamental, secondaire, supérieur, vecteur de transmission du savoir de génération en génération. Tout le monde n’est pas le Père Bernard Vespieren, ingénieur agronome français qui, entre 1970 jusqu’à sa mort en 2003, a planté plus de 2000 arbres, fait plus de 6 000 forages (Mali Aqua Viva) pour donner l’eau potable aux populations du cercle de Bla d’une part et d’autre part, créer avec une notabilité, (SAmaké) un village de toute pièce appelé « Teriyabougou», peuplé aujourd’hui de 570 habitants qui se prennent en charge en production d’électricité à partir de l’huile de pourghère (Jatropha), la production de miel, la pisciculture, le biogaz, etc, bref un modèle de développement local. Mais combien de Maliens connaissent le Père Verspieren ? Sa mémoire n’est pas commémorée pour servir d’exemples pour la jeunesse. Il n’y a même pas de route pour aller à Teriyabougou , distant de Bla de plus de 60 Km. Les télécommunications sont très faibles, la connexion Internet est une vraie loterie, etc. Enfin, tout le monde n’est pas ce chef d’entreprise, employant entre 5 et X salariés, les met à l’abri des besoins, leur donne dignité et considération et qui bâtissent des projets de société.

Il est généralement dit que « Nul n’est prophète chez soi ». Mais, au Mali la situation est exceptionnellement grave. On n’a de respect pour aucun savoir. On ne sait pas « valoriser l’effort des autres » et on banalise leurs savoirs, leurs talents. Tant qu’on ne reconnaît pas et ne respecte pas les valeurs et les savoirs des autres, il n’y aurait pas de développement.

Si vous estimez que nos menuisiers sont mauvais et que vous préférez les meubles importés, regardez vous-mêmes d’abord et évaluer ce que vous avez fait d’exception dans votre entreprise, métier, profession, dans le quartier. Comme cela, vous seriez en mesure de reconnaître la valeur de cet artisan menuisier et de l’aider à s’améliorer en passant une commande.

Si vous croyez que c‘est banal d’écrire un « livre pour les enfants de la maternelle », le sous-bassement de la construction de la personne, prenez un crayon et mettez-vous à réfléchir, comment faire pour que l’enfant pure innocence qui ne sait rien, puisse, à travers vos images, l’écriture, percevoir son environnement et le préparer à une vie à une carrière ? Vous allez respecter l’auteur de ce livre pour la maternelle.

En conclusion, il ne fait aucun doute que les bailleurs de fonds sont importants et occupent des places importantes dans le développement de tous les pays du monde. Quel pays n’emprunte pas ou n’a pas bénéficié d’aides ? Mais il est aussi indubitable que notre développement est dans nos propres mains. Pourvu que nous ayons l’amour du pays, une pensée pour les générations futures et la volonté de changer, de faire envier ce pays dans le monde comme l’a souhaité et écrit le brillant animateur et écrivain feu Thierno Ahmed Thiam.

Siné Diarra,

Expert Comptable

Enseignant de comptabilité, de finances et d’audit.

Site web : www.finauditsarl.com

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