Les Assises nationales de la refondation, tenues du 15 au 20 février 2025 à Niamey, ont réuni 714 délégués pour définir les grandes lignes de la transition politique et institutionnelle du Niger. Organisées autour de cinq axes majeurs : paix et sécurité, refondation politique et institutionnelle, économie et développement durable, géopolitique et environnement international, ces assises ont permis d’élaborer des recommandations clés pour renforcer la souveraineté nationale, avec une période de cinq ans renouvelables, visant à garantir une gouvernance stable et pérenne pour le pays.
Présenté par Tsalha Haladou, président de la sous-commission économie et développement durable, le rapport économique met l’accent sur la souveraineté nationale dans la gestion des ressources. Ce document, qui sera soumis à la Commission nationale, s’articule autour de quatre dimensions. Il s’agit des dimensions économique, environnementale, sociale et gouvernance.
Parmi les recommandations phares, les assises ont demandé la réforme du système monétaire actuel, afin de favoriser la croissance économique dans l’espace de l’Alliance des États du Sahel (AES). De plus, la souveraineté alimentaire et nutritionnelle est placée au cœur des préoccupations, avec une proposition de développement de chaînes de valeur agro-sylvo-pastorales.
Dans cette optique, les participants ont préconisé une gestion rationnelle et durable des terres et des eaux, la création de pôles agro-industriels pour valoriser les produits locaux tels que la viande, le lait, le cuir et la peau, ainsi que l’accélération du projet du barrage de Kandadji, crucial pour l’autonomie énergétique et l’irrigation.
Une diplomatie tournée vers l’AES
Autre point clé, la sous-commission recommande l’élaboration d’une cartographie complète des ressources minières du pays, la création d’une centrale nucléaire civile dans l’espace AES et la réhabilitation de certaines sociétés publiques. Enfin, elle insiste sur la priorisation des infrastructures d’intégration des pays membres de l’Alliance.
Sur le plan géopolitique, les assises préconisent une réorientation de la diplomatie nigérienne, avec un alignement clair sur la Confédération des États du Sahel, étape vers une éventuelle fédération. Cette orientation répond aux mises en garde du général Tiani contre les « manœuvres sournoises de déstabilisation » et traduit la volonté du Niger de renforcer son autonomie et ses alliances stratégiques au sein de l’AES.
Réformes institutionnelles et nouvelle charte de refondation
Les discussions sur la refondation politique et institutionnelle ont porté sur la durée de la transition. La recommandation finale des délégués est une période de cinq ans renouvelable, pouvant évoluer en fonction du contexte politico-sécuritaire. Cette période prolongée est jugée nécessaire pour poser les bases solides d’une souveraineté nationale durable, tant sur le plan économique que politique et social.
Dans cette optique, les assises ont également proposé une nouvelle terminologie, notamment la « Charte de la refondation » au lieu de « Charte de la transition ». Ce document, en cours d’élaboration, définira les organes de la refondation ainsi que les principes et missions qui guideront cette période historique.
Les Assises nationales de la refondation ont rassemblé 714 délégués pour définir les grandes orientations du Niger. Structurés autour de cinq axes majeurs, paix et sécurité, refondation politique et institutionnelle, économie et développement durable, géopolitique et environnement international, les travaux ont permis d’élaborer des recommandations visant à renforcer la souveraineté nationale et à poser les bases d’une gouvernance stable et inclusive.
Justice et droits humains
Le président de la Commission nationale des consultations, Dr Mamoudou Harouna Djingarey, a insisté sur le fait que ces assises marquent le début d’un processus de reconstruction du pays, initié après le changement politique de juillet 2023. L’objectif principal reste de relever les défis sécuritaires et politiques qui pèsent sur le Niger, tout en garantissant une indépendance accrue dans tous les secteurs.
Les recommandations adoptées lors de ces assises posent ainsi les bases d’une nouvelle gouvernance au Niger, axée sur la souveraineté, le développement durable et l’intégration régionale. La validation de ces propositions par les autorités marquera une étape décisive dans la mise en œuvre des réformes envisagées.
Ibrahim K Djitteye
Source : Sahel Tribune