Concernant les mesures sur les nouvelles taxes prises par le conseil des ministres, le porte-parole du Rassemblement pour le Mali (RPM), Sékou Niamé Bathily, dit comprendre l’indignation du peuple dans la mesure où la réduction du train de vie de l’Etat recommandée par les Assises nationales de la refondation n’a pas vu le jour. Il rappelle que de 2021 à nos jours les budgets des institutions ne font que grimper.
S Bathily a tenu à préciser que la loi d’habilitation n°2024-038 du 27 décembre 2024 autorisant le gouvernement à prendre certaines mesures par ordonnance ne mentionne pas les impôts et les taxes parmi les matières sur lesquelles le gouvernement peut agir.
Selon lui, cette loi d’habilitation a bien précisé les domaines d’intervention du gouvernement ; à savoir : la création, l’organisation et le contrôle des services et organismes publics, l’organisation de la production, les statuts du personnel, les traités et accords internationaux, le régime électoral.
“Comme à son habitude, cette transition nous a habitués à contourner les textes en les violant pour imposer sa volonté au peuple. Ici, j’essaie juste d’attirer l’attention sur le mépris des autorités concernant le respect des lois sinon en réalité même si les autorités décidaient d’attendre la rentrée du CNT le 7 avril prochain leurs projets de loi passeraient comme lettre à la poste sachant bien l’applaudimètre qui les attend là-bas”, explique-t-il.
Toutefois, notre porte-parole invite les uns et les autres à s’intéresser au fond du problème. Il dit avoir noté qu’après le point de presse organisé sur la question par le Premier ministre et le ministre de l’Economie et des Finances, le sentiment de rejet d’une grande majorité de l’opinion nationale demeure.
Les ordonnances concernent des taxes et des redevances. M. Bathily affirme qu’il y a la Tartop qui a connu une augmentation de 2 % augmentant la part du Trésor public à 7 % contre 5 % auparavant en plus de 2 % pour l’Agefau et 1 % pour l’AMRTP. Ce qui fera au total 10 % contre 8 % auparavant.
Il y a également les contributions spéciales de solidarité qui remplacent les contributions générales de solidarité sous IBK dont l’argent était logé à l’époque au Fonds de développement durable destiné aux projets de développement des régions. Il s’agit de faire le prélèvement de 0,5 % du chiffre d’affaires annuel des entreprises. En outre, nous avons l’augmentation des taxes sur les boissons alcoolisées selon le degré qui rapportent selon le gouvernement 62 milliards de F CFA à l’Etat.
Cependant, aux yeux du porte-parole des Tisserands, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase est le prélèvement sur les recharges téléphoniques et les transferts monétaires. A l’entendre, cette dernière taxation qui va rapporter 12 milliards annuel à l’Etat est mal perçue par les compatriotes. Selon le gouvernement cet argent va servir à régler la crise énergétique. “Nous comprenons l’indignation du peuple dans la mesure où la réduction du train de vie de l’Etat recommandée par les Assises nationales de la refondation n’a pas vu le jour. De 2021 à nos jours les budgets des institutions ne font que grimper. Les autorités ne peuvent pas demander de la résilience au peuple et continuer à vivre dans l’opulence”, insiste-t-il.
Autre incompréhension, “c’est que nos autorités ont fait des déclarations sur plusieurs entrées d’argent supplémentaire au compte du Trésor public parmi lesquelles l’argent issu des mines estimé à 700 milliards dont 500 milliards déjà perçus par l’Etat en décembre 2024, les dividendes des mines de lithium estimées à plus de 100 milliards, les recouvrements dans le cadre de la lutte contre la corruption pour ne citer que ceux-ci. Ce qui implique que le déficit budgétaire est largement comblé. Qu’est-ce qui explique alors cette pression fiscale qui asphyxie davantage un peuple au bord du gouffre ?” s’interroge-t-il encore.
Pour Sékou Niamé Bathily, une chose est sûre, la patience du peuple malien a des limites. Les autorités ont intérêt à procéder à des coupes budgétaires au niveau du fonctionnement des institutions notamment les organes de la Transition et les injecter dans la relance économique du pays notamment la remise sur pieds des PME en difficulté ces dernières années.
Ibrahima Ndiaye
Source : Mali Tribune