A l’occasion de l’examen par le Conseil de Sécurité du rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali, Issa KONFOUROU, Ambassadeur, Représentant permanent de la République du Mali a plaidé pour « l’adaptation du mandat de la MINUSMA aux besoins réels de sécurité du Mali ». C’était le vendredi 29 octobre.
L’ambassadeur représentant du Mali au conseil de sécurité de l’ONU a défendu la position du Mali au siège des Nations unies. « Les Maliennes et les Maliens ont besoin de sécurité et ils exigent de leur Gouvernement des mesures diligentes pour les protéger contre des attaques barbares et indiscriminées. C’est le sens de l’engagement continu des Autorités de la Transition à poursuivre les efforts de recrutement, de formation, d’équipement et de renforcement des capacités opérationnelles des Forces de défense et de sécurité maliennes », a-t-il indiqué.
Comme le premier ministre Choguel Kokalla Maïga a eu à le préciser, l’ambassadeur Konfourou a indiqué que le peuple malien n’est pas ingrat vis-à-vis de la Minusma. «
Je dois aussi dire ici que l’exaspération de mes concitoyens face à la dégradation de la situation sécuritaire s’adresse également aux partenaires du Mali, y compris la MINUSMA, la Force française Barkhane et autres. Il ne s’agit pas, et j’insiste là-dessus de sentiment anti-forces internationales. Bien au contraire, les Maliens sont d’ailleurs très reconnaissants des sacrifices humains, matériels et financiers importants consentis par la communauté internationale pour la paix dans notre pays », a-t-il précisé avant d’ajouter : «Cependant, les populations maliennes exigent que nous travaillions davantage ensemble pour permettre à l’État malien de rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire national, condition essentielle pour qu’ils vivent en sécurité et en dignité dans les villes et les campagnes. C’est dans ce travail dynamique de coopération que les populations maliennes pourront davantage apprécier la valeur ajoutée de la MINUSMA et des autres forces internationales. Et c’est aussi dans ces conditions que nous pouvons contribuer significativement à l’amélioration de la situation humanitaire et des droits de l’homme au Mali. Enfin, c’est aussi la meilleure stratégie pour contenir les menaces et les multiples défis sécuritaires au Mali, afin d’éviter leurs propagations aux autres pays de la région ».
La dégradation de la situation sécuritaire
L’ambassadeur malien a expliqué aux membres du conseil de sécurité de l’ONU la dégradation de la situation sécuritaire au Mali. « Durant votre visite à Bamako, mes autorités vous ont expliqué dans les détails les conséquences désastreuses de la dégradation de la situation sécuritaire au Mali : des centaines de milliers de mes compatriotes sont obligés de fuir leurs localités d’origine pour se réfugier dans les pays voisins que je remercie ici ou pour être déplacés internes dans certaines grandes villes maliennes ; la destruction ou l’occupation des infrastructures scolaires a conduit à la fermeture de 1 300 écoles dans les régions du Nord et du Centre du Mali et à la déscolarisation de plusieurs milliers d’enfants ; plus de 9000 enseignants se trouvent ainsi désœuvrés ; les services sociaux de base ne fonctionnent plus dans les localités concernées et l’Administration publique a dû se replier pour raison de sécurité », a-t-il déploré. Pour lui, la situation sécuritaire préoccupante aggrave la crise humanitaire au Mali.
Le besoin de reformes
Selon lui, les Maliens ont soif de réformes politiques et institutionnelles qui puissent garantir une stabilité institutionnelle durable au pays et un avenir meilleur à nos populations. Les réformes envisagées par le gouvernement malien sont nécessaires pour lui. « Il est vrai que le Gouvernement reste conscient des engagements pris et des délais impartis. Cependant, les autorités de la Transition restent décidées à jeter les bases de quelques réformes, pas toutes, notamment celles qui puissent garantir des élections inclusives, transparentes et crédibles. Il s’agit là d’un passage obligé, si nous voulons épargner au Mali de nouvelles crises pré ou post-électorales, aux conséquences imprévisibles sur la stabilité des Institutions et du pays en général. C’est tout le sens des Assises nationales de la refondation, qui se tiendront de novembre à décembre 2021. Les membres du Panel des Assises Nationales de la Refondation ainsi que ceux de la Commission nationale d’organisation ont été nommés et installés dans leur fonction le 26 octobre dernier », a-t-il précisé.
Adapter le mandat de la MINUSMA aux besoins réels de sécurité du Mali
Lors de cette rencontre, la question de l’augmentation des effectifs militaires et de police de la MINUSMA a été évoquée. A ce niveau, l’ambassadeur Kounforo a indiqué qu’il y a « au sein des populations maliennes, un désir ardent de paix et une soif de sécurité qui font écho à l’exigence d’efficacité des instruments politiques et militaires mis en place. Vous savez que le Mali est devenu de nos jours un pays sur-militarisé mais paradoxalement très vulnérable face au terrorisme et aux autres formes de crime organisé ». Aussi, a-t-il rappelé les raisons pour lesquelles le gouvernement a demandé des consultations approfondies surtout au niveau opérationnel pour mieux apprécier la pertinence de l’initiative de relèvement des effectifs de la MINUSMA. « Nous voulons notamment mieux comprendre sa valeur ajoutée, son efficacité, son articulation avec nos propres forces sur le terrain ; nous voulons plus d’actions ou d’opérations communes sur le terrain. Nous souhaitons insister ici sur la nécessaire adaptation du mandat de la MINUSMA aux besoins réels de sécurité du Mali. A cet égard, nous voulons le déploiement de brigades d’intervention rapide capables de mener des opérations de protection des populations contre les menaces extrémistes », a-t-il plaidé.
Par ailleurs, il a rappelé que le Gouvernement reste très attaché à respecter et à faire respecter les droits de l’homme, aussi bien pour les forces nationales qu’internationales.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS